Grève des femmes* du 14 juin 2019

Grève des femmes* du 14 juin 2019 : Une grève licite?

La grève des femmes* du 14 juin est une grève avant tout politique. Mais une grande partie de ses revendications concernent les conditions de travail et l’égalité, notamment salariale. Une brochure éditée par le collectif Grève des femmes* revient sur ces notions.

Préparation de la grÃve des femmes du 14 juin

Les conditions à respecter pour qu’une grève soit licite sont définies par l’art. 28 Cst. et par la jurisprudence rendue par le Tribunal fédéral. Elles sont au nombre de quatre.

Premièrement, la grève concerne les relations de travail. En effet, celle-ci doit porter sur des revendications sur lesquelles l’employeur·euse peut agir, être en rapport avec les conditions de travail pratiquées au sein de l’entreprise.

Deuxièmement, la grève ne doit pas violer la paix du travail établie par une loi (service minimum) ou par une convention collective.

Troisièmement, la grève est le dernier recours et respecte le principe de proportionnalité, soit seulement si les négociations avec l’employeur·euse n’ont pas donné de résultat.

Enfin, la grève est soutenue par une organisation de travailleurs·euses. L’employeur·euse doit avoir un·e interlocuteur·trice organisé·e à qui s’adresser, une organisation syndicale principalement.

Les conséquences pour les grévistes

La grève suspend les obligations contractuelles des parties au contrat de travail: la travailleuse n’effectuera pas sa prestation de travail et l’employeur·euse ne lui devra pas de salaire pour le jour ou pour les heures de grève.

La grève ne met pas fin au contrat de travail: la reprise du travail des grévistes après une suspension des rapports de travail est garantie. Un licenciement prononcé à la suite d’une telle grève est un congé abusif.

Comment faire la grève des femmes* le 14 juin 2019?

La grève du 14 juin 2019 est multiforme: grève du travail ménager, grève au travail, grève de la consommation, etc. Sur les lieux de travail, sans faire grève, il y a toujours la possibilité de participer en portant un badge ou la couleur violette de la grève, en croisant les bras plusieurs minutes, en rejoignant les grévistes dans les quartiers lors de pauses prolongées, en participant à la manifestation en fin d’après-midi, etc.

Mais rappelons surtout que ce sont les inégalités, les discriminations, le harcèlement sexuel et la précarisation des femmes (sur les lieux de travail, dans l’espace public ou privé comme sur les lieux de formation) qui sont illicites et non la grève!

Comme en 1991, plus le nombre de participantes à la grève sera élevé, plus il sera possible de faire face aux employeurs·euses qui voudraient empêcher la participation à la grève en faisant pression sur les employées ou les sanctionner. Le 14 juin 2019, nous revendiquerons en masse l’application du principe d’égalité au moyen d’une grève légitime!

Clémence Jung

Les étudiant·e·s de l’UNIGE votent unanimement la grève féministe

Si les directions des hautes écoles et de l’Université (UNIGE) du canton de Genève ont trainé les pieds pour traiter

de la grève féministe sur les lieux d’études, les étudiant·e·s eux·elles se sont battus jusqu’au bout. Au mois de février déjà, les hautes écoles et l’UNIGE disaient ne rien pouvoir faire concernant la demande d’octroyer un congé et l’exemption des examens le 14 juin. Les directions évoquaient d’une part des difficultés logistiques et affirmaient d’autre part que leurs établissements étaient déjà suffisamment avancés en matière d’égalité. Cette réponse a renforcé la détermination des étudiant·e·s genevois·es à s’organiser collectivement pour préparer la grève.

Toutes les Facultés ont reçu une demande de congé et d’exemption pour le 14 juin et certaines, malgré la réponse de la direction, ont plaidé en faveur de la grève. Le 17 avril dernier, les étudiant·e·s de l’UNIGE ont voté à l’unanimité la grève féministe lors de leur assemblée générale. Les revendications principales sont: l’usage systématique du langage inclusif, la prise en charge adéquate du harcèlement sexiste et sexuel, la formation obligatoire des enseignant·e·s au sujet des discriminations, la création d’espaces ouverts et bienveillants. Récemment, le recteur s’est enfin prononcé en faveur de la grève féministe. Si la bataille semble gagnée, le travail ne fait que commencer et l’organisation de la journée du 14 juin a déjà débuté!

Tamara Knežević