Retraites

Reconstruire la solidarité

À Fribourg, un nouveau projet menace les retraites du personnel de l’État. Contre cette offensive, les syndicats doivent retrouver leur unité.

Manifestation contre le projet d'assainissement de la Caisse de prévoyance du Personnel de l’État de Fribourg. 7 novembre 2019.
La manifestation du 7 novembre.
Eric Roset

Le 7 novembre à 17 h, sur la place Georges-Python, dans la nuit et le froid et sous la pluie finissante, s’est déroulée la manifestation contre le nouveau projet d’assainissement de la CPPEF (Caisse de prévoyance du personnel de l’État de Fribourg). Environ 1000 fonctionnaires ont battu le pavé pour éviter le saccage de leurs retraites, soit 3000 personnes de moins que pour la mobilisation de février.

Comment expliquer une telle diminution? Les raisons sont multiples et complexes. La météo n’a sûrement guère aidé. Mais un autre facteur est déterminant: la FEDE (Fédération du personnel du service public) et la FAFE (Fédération des associations fribourgeoises d’enseignants) ont retiré, deux jours plus tôt, leur soutien et leur participation à la journée, laissant le SSP quasi seul avec comme réconfort un timide soutien de la Grève du Climat Fribourg, via un communiqué de presse.

Cette désertion, car il faut appeler les choses par leur nom, a été provoquée par une tactique vieille et connue mais ô combien efficace: diviser pour mieux régner. Le conseil d’État a promis, sans préciser la date ni le montant, que les employé·e·s obtiendraient une valorisation de leurs salaires. Ce chèque en blanc a suffi pour décider la FEDE et la FAFE de se retirer des mobilisations et d’accepter l’ouvertures de négociations séparées.

Un changement de position tardif qui n’est pas passé inaperçu chez de nombreuses personnes présentes sur la place ce jour-là. L’un des discours prononcés a fustigé cette volte-face. Même certaines personnes syndiquées à la FAFE ou à la FEDE ont ouvertement critiqué cette décision et ce manque de solidarité envers le reste du personnel de l’État. La suite de la marche s’est déroulée sans heurt, avec des slogans explicites de lutte et de résistance accompagnés par un ballet de drapeaux rouges venus des syndicats et des partis de gauche.

Pour combattre ces divisions et empêcher qu’elles ne mènent à des capitulations, il est nécessaire de reconstruire une solidarité collective entre les travailleuses et les travailleurs des services publics fribourgeois. L’avenir des rentes de la fonction publique dépendra en premier lieu de la capacité des salarié·e·s et des syndicats à faire front contre toute détérioration de leur système de retraite.

Maxence Kolly