A propos de la position sur l'initiative de Genève

A propos de la position sur l´initiative de Genève

Nous publions une lettre de Rina Nissim, qui s’étonne que notre journal n’ait reproduit que la position d’un membre de l’association France Palestine, très critique par rapport à l’initiative de Genève (cf. solidaritéS 36). Cet article, signé Pierre-Yves Salingues, nous a paru en effet mettre en évidence certaines impasses de cette initiative diplomatique, en dépit de la bonne volonté d’une partie de ses défenseurs. Par ailleurs, nous ne voyons pas pourquoi la reconnaissance de la partition de 1948 devrait déboucher sur l’acceptation des politiques d’épuration ethnique qui l’ont accompagnée. Enfin, ne plus reconnaître le droit au retour des populations expulsées revient à fragiliser encore plus le statut des Palestiniens israéliens qui ne sont pas partis, en dépit des discriminations dont ils sont toujours victimes. Nous sommes prêts cependant à publier tout autre point de vue, pour autant qu’il ne légitime pas la violation des droits du peuple palestinien au nom du fait accompli. (réd)


Chers Ami-e-s,


Si je comprends bien vous avez boycotté l’appel au rassemblement «un pont pour la paix» du dimanche 30.11.2003 en soutien à l’initiative de Genève.


Bien sûr, par tradition, la gauche se place toujours du côté des plus faibles et il est juste que les palestiniens aient des associations de soutien qui leurs soient loyales comme le comité Suisse Palestine.


Mais le fait que vous ne présentiez, dans votre numéro du 17 nov., que la position d’un membre de l’association France Palestine, présentant l’initiative de Genève comme une imposture, constitue un choix clair. S’il est indispensable de défendre le droit à l’autodétermination du peuple palestinien, est-il vraiment constructif de continuer à refuser la partition de 1948? N’est-ce pas à nouveau en contradiction avec la reconnaissance de l’état d’Israel?


Non, Israel ne sera pas forcément un état juif pour l’éternité, mais pour arriver à un état séculier et à la libre circulation des personnes, il nous faut une ou deux générations de paix. L’initiative de Genève, aussi douloureuse soit elle, offre cette possibilité. Savez-vous que d’après les derniers sondages, déjà la moitié de la population israelienne et palestinienne l’approuve? Le GSsA a fait également circuler une position critique. Bien sûr, cette initiative a besoin de mesures d’accompagnements et les initiateurs sont conscient de la protection nécessaire du peuple palestinien et de l’importance de l’application de la convention de Genève dans les territoires occupés.


C’est à ce demander si certaines positions critiques ou de boycott ne sont pas aussi le fait de la jalousie. Le manifeste pour une paix juste et durable, à l’origine de la manifestation de dimanche est un rassemblement de simples citoyens, souvent juifs et arabes, qui souhaitent apporter un soutien, même symbolique, aux efforts de paix. Il n’y a ni parti, ni organisation derrière. Certains regretteraient-ils les initiatives de la société civile?

Rina NISSIM