Courrier des lecteurs·trices

Nous avons reçu la lettre suivante d’un lecteur qui met en cause l’article sur la situation vénézuélienne, publié dans le nº 312 de notre journal et signé Dimitris Daskalakis. Nous avons décidé de la publier en rappelant que notre comité de rédaction a toujours critiqué la répression par le pouvoir de manifestations populaires qui réunissent effectivement des milieux très hétérogènes, et sont en grande partie motivées par la profondeur de la crise sociale. Nous n’avons jamais approuvé la mise en cause de libertés constitutionnelles qui sont en partie d’ailleurs des conquêtes populaires de l’ère chaviste. En revanche, nous sommes convaincus qu’il ne faut pas sous-estimer la mobilisation de larges secteurs de la bourgeoisie, avec l’appui décisif des Etats-Unis, pour effacer ce qui reste des acquis sociaux et démocratiques du processus bolivarien. (JB)

Bonjour,

Je vous écris ces quelques mots concernant l’article sur le Venezuela intitulé «La droite à l’offensive» paru le 24 août 2017.

Vous avez émis dans cet article un certain nombre de faits et de remarques qui sont tout à fait inacceptables. Ces faits et remarques sont faux […].

Si l’analyse que vous faites concernant la bourgeoisie vénézuélienne et son opposition au chavisme pourrait être trouvée dans n’importe quel autre journal (Le Monde ou Le Temps), c’est votre position sur l’opposition vénézuélienne qui doit être farouchement dénoncée.

L’opposition au Vénézuela n’est pas la bourgeoisie. Elle est très hétérogène, composée de toutes les couches de la population. J’ai une partie de ma famille qui est née, vit et travaille à Caracas. Et mon neveu par exemple est médecin et travaille dans un hôpital. J’y suis allé et ai pu me rendre compte de la réalité, surtout celle des blessés, et ces blessés ne sont pas des «bourgeois», et ils n’ont pas été blessés par l’opposition, mais par les forces progouvernementales, et de manière sauvage.

C’est d’ailleurs dans le même sens que diverses données de l’ONU disent récemment que «la plupart des morts au Vénézuela étaient imputables aux forces de sécurité et aux groupes armés progouvernementaux».

Et vous, vous dites que «ces dernières semaines une centaine de personnes a été tuée par les forces de l’opposition ou de l’Etat». Quelles forces de l’opposition ont tué? Qui est l’opposition? Que dire aussi de l’ex-procureure Luisa Ortega? Est-ce une bourgeoise?

Finalement, vous dites que «la clé pour défendre leurs acquis reste la mobilisation de ces gens, non pas pour sauver le régime ou pour servir la droite, mais pour imposer des solutions d’en bas en prenant le pouvoir des mains des riches mais aussi des bureaucrates». Mais, ces gens se sont mobilisés. Ils se sont mobilisés contre Maduro et qu’a-t-il fait? Il les a sauvagment réprimés.

Le régime de Maduro ressemble pour moi à ce qu’avait fait Staline à l’époque en URSS. Et on sait ce que cela avait donné.

Je ne peux que vous conseiller d’aller faire un voyage à Caracas pour y voir la réalité.. Et non pas nous raconter une réalité qui vous arrange.

Meilleures salutations

Juan Sztajzel