Justice au cœur

En été 2020, les éditions de l’Aire (Vevey) ont publié l’autobiographie du pasteur Théo Buss, Justice au cœur. En septembre 2020, une présentation de ce livre s’était déroulée au Musée d’art et d’histoire de Neuchâtel, en présence de son préfacier Nils Andersson, l’ancien responsable des éditions La Cité, puis du Centre Lénine-Organisation des communistes de Suisse, qui fut expulsé de notre pays en 1967 sur décision du conseiller fédéral conservateur-catholique Ludwig von Moos).

Portrait de Théo Buss
Théo Buss

Né en 1942 à Zurich et vivant aujourd’hui à La Chaux-de-Fonds, Théo Buss a connu un parcours qui l’a mené aux quatre coins du monde. Après ses études de théologie, il a exercé le ministère pastoral auprès de l’Eglise vaudoise d’Italie (1969–1970), avant d’être affecté au Locle (1970–1977). Il y a contribué à l’ouverture d’un Magasin du Monde, ainsi qu’à la création d’un groupe cantonal d’Amnesty International. Il s’est rendu ensuite en Bolivie, au service de l’Eglise méthodiste, à l’époque de la dictature du général Banzer, et a participé à la création de l’Assemblée permanente des droits humains de Bolivie (APDHB). Il a relaté cette expérience dans son premier livre La Bolivie sous le couperet, qui avait révélé la présence d’armes suisses dans l’arsenal de la dictature.

Théo Buss a ensuite exercé des responsabilités dans plusieurs organismes basés en Suisse : le Service d’information Tiers-Monde, le Conseil œcuménique des Eglises et le secrétariat romand de Pain pour le Prochain. Lors d’un nouveau séjour en Bolivie (dès 1992), il a enseigné l’œcuménisme et la théologie de la libération à l’Université catholique. De 2005 à 2008, au Nicaragua, il a participé à la formation permanente de dirigeant·e·s de base. De retour en Suisse, il a siégé au Grand Conseil neuchâtelois comme élu de solidaritéS de 2009 à 2013.

Dieu et libération

L’engagement de Théo Buss dans de nombreuses causes (dont l’Amérique latine, la Palestine et la décroissance) repose sur ses convictions chrétiennes. En mars 2003, lors d’un sermon controversé à la Collégiale de Neuchâtel, il a mentionné la participation de ressortissant·e·s neuchâtelois·e·s à la traite négrière au 18e siècle face à un public où la « bonne société neuchâteloise » était représentée : « Dieu est bon. Il préfère les oubliés, les opprimés, les pauvres et les abandonnés » (p. 236). Et d’ajouter : «J’ai forgé mes convictions au travers de la Bible ou de personnalités comme le pionnier du commerce équitable, Max Havelaar ou le chef historique du FRELIMO, Eduardo Mondlane. »

Trois chapitres du livre sont consacrés à la crise climatique. Théo Buss écrit : « Dans la mesure où, nous, humanité, serons capables de nous liguer en très grand nombre pour faire triompher des politiques enfin favorables à l’environnement, de changer les valeurs de référence et de déposer nos habitudes fatales subito presto, nous augmenterons nos chances d’échapper au cataclysme. »

Hans-Peter Renk

Théologie de la libération ?

La théologie de la libération est un courant de pensée venu d’Amérique latine, suivi d’un mouvement socio-politique, visant à rendre dignité et espoir aux pauvres et aux exclu·e·s et les libérant d’intolérables conditions de vie. Elle est un « cri » prophétique pour plus de justice et pour un engagement en faveur d’un « règne de Dieu » commençant déjà sur terre. La réflexion théologique part de la base : le peuple rassemblé lit la Bible et y trouve ressources et inspiration pour prendre en main son destin.

La base de cette théologie du peuple réside dans une démarche en trois étapes :

on peut y entrer par cette lecture, ou par une analyse critique de la réalité débouchant sur un engagement fort au sein de la société.

L’expression « théologie de la libération » fut utilisée pour la première fois par le prêtre péruvien Gustavo Gutiérrez lors du congrès de Medellin du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM) en 1968. Il développa et articula sa pensée dans un livre Théologie de la libération, paru en 1972. La même année, le presbytérien Rubem Alves soutenait sa thèse, Towards a Theology of Liberation.

Bibliographie (sélective)

  • Justice au cœur : quand l’humanité creuse sa propre tombe, préface de Nils Andersson. Vevey, Editions de l’Aire, 2020
  • La Bolivie sous le couperet, préface de Domitila [Barrios de Chungara]. Lausanne, Pierre-Marcel Favre, 1982 (Collection CETIM)
  • Mantener la esperanza en tiempos de globalización. Managua, Centro intereclesial de estudios teológicos y sociales (CIEETS), 2006
  • El movimiento ecumenico en la perspectiva de la liberación, presentación del obispo Rolando Villena. La Paz, Editorial hisbol ;
    Quito, CLAI, 1996

Théo Buss, Justice au cœur, couverture
Justice au cœur: quand l’humanité creuse sa propre tombe, préface de Nils Andersson. Vevey, Editions de l’Aire ↗, 2020