Grève pour l’Avenir
Quelles mobilisations au sein des syndicats suisses ?
Léa Ziegler est syndicaliste au Syndicat des services publics (SSP) et militante au sein de la Grève pour l’Avenir. Elle nous rend compte de la participation et des actions engagées par ce syndicat.

Les jeunes lycéen·ne·s et étudiant·e·s sont particulièrement sensibles aux mobilisations climatiques. Qu’en est-il des membres des syndicats de l’USS ? Déjà au début des grèves estudiantines, le SSP était favorable à ces mouvements sociaux. Dans un premier temps, les enseignant·e·s membres du SSP ont été confronté·e·s à ces luttes par le biais de leurs étudiant·e·s et de leurs élèves et ont lancé des appels pour les soutenir dans leurs démarches. Ils et elles ont en particulier demandé de ne pas mettre de notes ou d’imposer de sanctions les jours où les grèves se sont déroulées, et d’organiser des discussions autour de cette thématique. Ensuite, ces jeunes se sont rendu compte qu’il fallait décloisonner leur mouvement et il y a eu des demandes formelles aux syndicats pour rejoindre la Grève pour l’Avenir.
Au plan national, le SSP a été le tout premier syndicat à se positionner formellement à l’occasion de son Congrès national en novembre 2019, en votant une résolution de soutien à une majorité écrasante des quelques centaines de délégué·e·s présent·e·s.
Comment cela se matérialise ? Certains secteurs du syndicat sont naturellement plus fortement engagés que d’autres sur leurs lieux de travail grâce à l’impulsion de certain·e·s membres déjà actifs·ves dans le mouvement au préalable. Je rappelle que nous sommes vraiment au début du mouvement, le 21 mai prochain est une première étape. Dans l’enseignement, des collectifs se sont créés, avec des modes d’actions différents selon les régions et selon l’âge des élèves : par exemple en mettant sur pied des journées thématiques. D’autres sont davantage dans un rapport de force vis-à-vis de leurs directions. Les deux démarches sont intéressantes.
Dans le canton de Vaud, plusieurs démarches sont en cours, notamment le groupe enfance qui a dressé un cahier de revendications et s’active beaucoup autour de ces questions. Dans le canton de Neuchâtel, nous allons essayer de mobiliser dans le secteur de la santé où la CCT Santé 21 est renégociée sous haute tension.
Comment faites-vous le lien avec les sujets climatiques dans les secteurs du social et de la petite enfance ? Par le biais du thème de l’éducation. Nous sommes responsables de l’avenir de ces personnes, notre devoir est aussi de les protéger contre les menaces climatiques. Il y a aussi la perspective des services publics, qui ont besoin d’être davantage valorisés et étendus. Nous avons des revendications liées directement à la place de travail. Nous introduisons les questions de l’alimentation (quelle nourriture on sert à midi), de l’agriculture produisant la nourriture, du gâchis alimentaire, des bâtiments, etc.
Nous avançons aussi une défense des métiers du care, actuellement sous-valorisés et sous-payés, en manque d’effectifs, avec du personnel majoritairement féminin victime de discriminations salariales entre autres.
Au niveau fédéral et de l’USS, comment se présente la situation ? La Grève pour l’Avenir sera clairement d’une première étape, nous ne sommes pas encore à la porte de la grève générale ! Dans notre résolution de 2019, il y avait aussi un appel pour que les fédérations composant l’USS s’engagent dans la Grève. Une assemblée des délégués de l’USS a pris favorablement position pour soutenir et s’engager dans ce mouvement. D’autres syndicats au niveau régional sont aussi engagés, tel que le SIT à Genève.
L’enjeu est désormais d’étendre la lutte pour la justice sociale et climatique aux secteurs qui ne sont pas encore mobilisés.
Certaines formes d’engagement (ZAD, occupations pacifiques, désobéissance civile) des mouvements climatiques sont très différentes de celles pratiquées par les syndicats. Est-il possible de développer tout de même une unité d’action ? Nous nous rendons compte que nous avons besoin de converger pour créer un rapport de force suffisant.
Même si les modes d’action diffèrent, nous arrivons à collaborer. Les syndicats ont leurs revendications propres, leurs moyens d’actions propres. Nous n’allons pas décrédibiliser une action parce ce n’est pas la nôtre. Pour l’instant, cela ne nous a pas causé de souci.
Ce qui essentiel c’est que nous réfléchissions à continuer la mobilisation cet automne et à renforcer la présence des syndicats et de leurs membres dans ce mouvement. Le 21 mai est une première étape dans la construction de perspectives sur le long terme.
Propos recueillis par la rédaction