Contre les réactionnaires de tous poils, défendons l’assurance maternité!

Contre les réactionnaires de tous poils, défendons l’assurance maternité!

Le 22 janvier 2004 marque la fin du délai référendaire concernant la nouvelle loi sur l’assurance maternité, votée récemment par les Chambres fédérales. Ses adversaires, qui s’activent pour le NON en votation populaire, sont des idéologues du moins d’Etat et du chacun pour soi, surtout lorsqu’il s’agit des femmes. Ils rêvent toujours de les enfermer dans la sphère privée. Devons-nous tristement rappeler que nous sommes le seul pays européen à ne pas disposer d’un congé maternité au niveau national. Son introduction à Genève n’a pourtant posé aucun problème.

Depuis cinquante-six ans, le principe de l’assurance maternité est inscrit dans la Constitution fédérale, sans qu’il ait trouvé jusqu’ici à se concrétiser dans une loi. Ces dix dernières années, le Comité pour une véritable assurance maternité a déposé plusieurs projets qui ont tous été combattus par les partis de droite. Aujourd’hui, la majorité de ces partis a donné son aval à un texte minimal: 80% du revenu pendant 14 semaines, rien pour les femmes non salariées, rien en cas d’adoption, rien bien sûr pour les pères…

Seule l’UDC, soutenue par une brochette de conservateurs sans scrupules, rejette ces mesures et les combat par voie de référendum. Le parti de Christoph Blocher montre ainsi son caractère ultra-patriarcal et sexiste – qui accompagne une xénophobie et un racisme bien connus; il réaffirme aussi une orientation néolibérale pure et dure en matière de politique sociale.

Les femmes sont en colère: elles auront l’occasion de montrer leur détermination le 8 mars prochain. Cette journée sera en effet ponctuée par une importante mobilisation nationale, notamment sur les lieux de travail, afin de revendiquer nos droits, de combattre la 11e révision de l’AVS et de défendre l’assurance maternité. Des forces politiques, syndicales, associatives se sont ainsi regroupées pour mener campagne, et ceci dans un contexte où nous allons être bientôt appelé-e-s à voter sur des enjeux qui concernent de façon importante les femmes.

Par exemple, si les électeurs-trices acceptent, au mois de mai, le paquet de rabais fiscaux – qui n’est favorables qu’aux familles riches-, décidé par le Conseil fédéral, cela ne pourrait que conduire à une réduction massive des dépenses sociales. Dans la vie quotidienne, cela se traduirait par la désocialisation d’un certain nombre de tâches éducatives et de soins, qui avaient pu être partiellement confiées au secteur public ou subventionné, depuis que les femmes étaient entrées massivement dans la vie professionnelle.

Les crèches, les pensions pour personnes âgées, la qualité des soins médicaux, les retraites, seront les secteurs les plus touchés. Lorsque les prestations des collectivités publiques reculent, l’expérience montre que les femmes en paient plus lourdement le prix. Ainsi, le refus de l’assurance maternité, mais aussi l’adoption du paquet fiscal et de la 11e révision de l’AVS reviendraient à promouvoir les orientations les plus agressives de la droite, notamment de l’UDC: retour des femmes au foyer pour palier les carences de l’Etat, accroissement de leur charge de travail et péjoration de leurs conditions de retraite, mais aussi privatisation croissante de la santé et de l’éducation à leurs dépens, toutes mesures qui favorisent l’accroissement des inégalités.

Ainsi, les ménages les mieux lotis pourraient rémunérer des aides, d’ailleurs essentiellement des femmes, pour garder leurs enfants, leurs parents âgés, ou se payer des cliniques privées, tandis que la plupart des femmes seraient obligées de travailler deux fois plus à la maison, faute d’avoir les moyens nécessaires pour se payer de telles prestations. De surcroît, un nombre croissant de foyers seraient tentés de faire appel à une main-d’œuvre sans statut, sans assurance, sans droit, soumise à des salaires de misère.

Même si le projet adopté par les Chambres fédérales est minimaliste et loin d’être satisfaisant, il importe donc de combattre le référendum de l’UDC avec la plus grande énergie. S’il devait aboutir, celui-ci consacrerait une injustice criante dans la politique sociale de ce pays. En même temps, nous rappellerons qu’une assurance maternité digne de ce nom devrait comporter un minimum de quatre mois d’arrêt de travail, avec une période supplémentaire pour l’allaitement, ainsi que trois semaines de congé au moins pour le père.

Nous prenons très au sérieux les intentions de l’UDC et d’une partie de la droite de s’en prendre aux fragiles acquis des femmes et nous sommes prêtes à nous engager fortement pour gagner cette votation Il s’agit en effet d’un enjeu essentiel pour les femmes, comme pour toute la société.

Maria CASARES