Pour un féminisme solidaire et internationaliste
Toute·x·s dans la rue le 14 juin !

En juin de 2019, plus de 500 000 personnes descendaient dans les rues de Suisse à l’appel des collectifs de la grève féministe pour exiger la fin des discriminations à l’encontre des femmes et des personnes dissidentes du système binaire sexe-genre. Deux ans et une pandémie mondiale plus tard, le mouvement continue de mobiliser et d’organiser des militant·e·x·s dans l’ensemble du pays. Pour autant, les 19 revendications figurant dans le Manifeste sont loin d’avoir trouvé un écho large dans les sphères institutionnelles.
Les autorités suisses ont annoncé le 3 juillet 2019 le lancement du projet AVS 21. En réaffirmant, par l’intermédiaire de leur conseiller fédéral PS Alain Berset, leur volonté d’élever l’âge de départ à la retraite des femmes, elles réaffirmaient ainsi leur mépris et leur incompréhension pour la vague violette qui avait manifesté dans le pays quelques jours auparavant seulement. La bataille contre le projet PV2020 a en effet participé à la construction du 14 juin 2019 et, plus généralement, à relancer la dynamique du mouvement féministe en Suisse.
Proposer un projet largement similaire moins de 5 ans plus tard, c’est prendre le risque de s’opposer à un mouvement féministe et solidaire organisé, qui refuse de payer la réforme d’un système de retraite qui les discrimine tout au long de leur vie.
Les métiers dits féminins ont des salaires plus bas que les métiers dits masculins. Les femmes assument toujours 70 % du travail reproductif gratuit. Leurs rentes sont en moyenne 37 % inférieures à celles des hommes.
Une réforme féministe renforcerait le 1er pilier, principale source de revenu pour les femmes retraitées et accorderaient au travail reproductif la reconnaissance qu’il mérite via un renforcement des mécanismes de bonus. Il mettrait fin au système de capitalisation individuel sur lequel repose le 2e pilier pour intégrer celui-ci à l’AVS et ainsi garantir des rentes dignes pour tou·te·x·s. Il prendrait en compte la diversité des parcours de vie et l’existence des personnes précarisées dans le monde du travail : les travailleuses du sexe ou de l’économie domestique, les personnes racisées non régularisées…
En dehors des questions liées directement au travail, productif ou reproductif, salarié ou gratuit, ce qui fait la force du Manifeste, c’est son caractère multiple et pluriel, à l’image des oppressions et des discriminations qui touchent les femmes et les personnes LGBTIQA. C’est un document qui pose les bases d’un féminisme anti-capitaliste, anti-raciste et internationaliste.
Depuis maintenant deux ans, les collectifs de la grève affirment leur soutien avec les femmes et les dissident·e·x·s, partout où iels luttent pour leurs droits et leur liberté. Les mobilisations féministes internationales d’ampleur ces cinq dernières années ont démontré une nouvelle fois que les rapports de force politique ne se demandent pas ; ils se construisent sur les lieux de travail, d’étude et de formation, dans les familles et les communautés. Face à des élites politiques qui font la sourde oreille devant nos exigences d’égalité et de respect, descendons à nouveau dans la rue le 14 juin 2021 fière·x·s, vénère·x·s et pas prête·x·s de nous taire.
Noémie Rentsch