La justice réclame le transfert des détenus de la prison de Favra

Le 18 avril dernier, le Tribunal administratif de première instance (TAPI) a auditionné deux détenus du Centre de détention administrative de Favra afin d’établir la possibilité de leur remise en liberté. En filigrane, c’était le procès de la prison qui avait lieu.

Centre de détention de Favra
En 2015, plusieurs organisations avaient manifesté devant le Centre de détention administrative de Favra.

À la suite du suicide d’un détenu menacé de renvoi Dublin vers l’Autriche, les conditions de vie insalubres et indignes qui règnent à Favra avaient été révélées. Durant leur audition, les détenus ont rapporté des fouilles à nu régulières, des mises en isolement dévêtus, de la saleté, une absence d’intimité dans les douches, etc. Des conditions qui contreviennent à l’interdiction de la torture inscrite dans la Convention européenne des droits de l’homme. 

Le Conseil d’État ayant refusé de fermer la prison, la justice a été saisie. Deux jours après les auditions, le TAPI a reconnu la justesse des critiques envers Favra et exigé la libération de la dizaine de personnes qui y étaient alors détenues.

C’est la détention administrative qu’il faut virer !

Cette libération est un soulagement, teinté du regret que Favra n’ait pas simplement été fermée. Il est surtout regrettable que ce ne soit pas le concept même de détention administrative qui ait été mis en pièces. Une pratique dont les cantons de Genève et Vaud usent massivement alors qu’elle reste marginale pour le canton de Neuchâtel.

Cette forme de détention, sans passer par la décision d’un juge, est réservée à des personnes migrantes qui n’ont commis aucun crime, mais que l’État souhaite garder sous la main en attente d’un renvoi (jusqu’à 18 mois !). Une des multiples façons que l’État a trouvées pour criminaliser les personnes en exil et dont nous exigeons l’abandon.

Aude Martenot