Un plan climat très insuffisant
Dans son programme de législature, le nouveau Conseil d’État, à majorité de droite, avait fièrement annoncé un objectif de réduction de 50 % à 60 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2030 et la neutralité carbone pour 2050. Pourtant, un audit de l’EPFL révèle que le plan climat n’entraînerait en réalité une réduction de seulement 8 %…
D’abord, il faut dire l’indigence du plan climat de cette législature. Derrière les effets d’annonce se cache en réalité une politique de transition très insuffisante. Prenons les deux secteurs les plus polluants dans le canton qui totalisent 71% des émissions de GES: la mobilité (41%) et le chauffage (38%).
Le plan climat annonce un abonnement Mobilis à prix réduit de 50% pour 2030, alors que dans les faits les tarifs sont annoncés cette année en augmentation de plus de 3%. Le plan prévoit aussi un «report modal» du trafic individuel motorisé vers la mobilité douce. Pourtant non seulement le développement des pistes cyclables reste minime dans le canton en dehors de quelques projets cosmétiques mais plusieurs élargissements autoroutiers sont aussi en préparation.
Pour le chauffage, on peine tout simplement à trouver la moindre mesure contraignante, rapide et véritablement efficace, à l’exception de la pose de panneaux solaires sur les bâtiments publics.
Ensuite, le rattrapage que prévoit le Conseil d’État reste ridicule. 209 millions cela peut sembler beaucoup de prime abord. Mais cette somme est prévue pour 5 années. Ce qui fait juste un peu plus de 40 millions par année. Et rapportée aux 11 milliards de budget annuel du canton, cela ne fait plus qu’un peu moins de 0,4%. D’un point de vue comptable, on est assez loin d’une mobilisation conséquente pour répondre à l’urgence…
Répondre à la crise ?
Une étude de l’EPFL, démontre que le seul scénario soutenable, est celui d’un «changement de paradigme». Mais que cela ne nous fasse pas perdre de vue le type d’écologie que défend ce plan. Deux exemples: primo, l’électrification des véhicules plutôt que leur réduction massive et le développement d’autres modes de transports. Secundo, le recours aux techniques de capture et séquestration carbone pour respecter les objectifs alors qu’aucune d’entre elles ne peut actuellement être déployée à une échelle suffisante.
Guillaume Matthey