Automne chaud pour la fonction publique romande

Le temps des crises et de l’inflation est aussi celui d’attaques frontales contre le secteur public. La fonction publique riposte et se met en grève.

Portrait de Nathalie Fontanet lors de la grève de la fonction publique genevoise 2022
Le 12 octobre 2022, près d’un millier d’employé·e·s des services publics s’étaient mis en grève, ce qui avait permis de rouvrir les négociations sur le budget de l’État.

Le 14 septembre dernier, le Conseil d’État genevois a présenté un projet de budget 2024 sans aucune indexation des salaires. Cette baisse choquante du salaire réel de l’ensemble du personnel de la fonction publique et du secteur subventionné intervient alors que l’État a engrangé 2,5 milliards de recettes supplémentaires ces trois dernières années. 

Après une décennie de budget d’austérité où les coupes étaient expliquées par les effets de la crise économique, nous entrons donc dans une phase où les attaques contre la fonction publique deviennent plus assumées. 

Malheureusement, ce type de mesures se développe dans toute la Romandie et engendre notamment une augmentation de la précarité chez les bas salaires de l’État. Majoritairement féminin, les salarié·e·s des secteurs dit «essentiels» comme la santé ou l’accompagnement social sont en train de devenir des working poor

Cette année, la Grève féministe a demandé une hausse de salaire ciblée dans les branches où les salaires sont bas ou moyens et la part des femmes importante. Malheureusement, cet appel n’a pas été entendu malgré les 300 000 personnes qui sont descendues dans la rue. 

Cette stratégie politique visant à dévaloriser le service public par la diminution des salaires et la non-attribution des postes nécessaires est aussi une attaque plus générale sur les communs. Alors que le contexte socio-politico-climatique devrait nous pousser à nous organiser démocratiquement pour partager les ressources matérielles qu’il nous reste, les gouvernements continuent d’affaiblir les espaces de partage. 

Le 14 novembre prochain, la fonction publique genevoise sera en grève. Celle de Fribourg manifestera dans l’après-midi alors que nos camarades vaudois·e·s se retrouveront dans la rue le 21 novembre. Cette convergence des luttes, mise en application par un appel commun de nombreux syndicats romands, est essentielle. Elle l’est d’autant plus que ces luttes trouvent des appuis dans la population afin qu’usager·e·s des services publics et travailleur·euse·s avancent ensemble pour sauvegarder et démocratiser les biens communs. 

Guillaume Thion