Israël

Face au déni et à la criminalisation, organisons la solidarité

Depuis le 7 octobre, les autorités suisses appellent hypocritement à la désescalade tout en adoptant une position pro-israélienne signée Ignazio Cassis: classer le Hamas dans les organisations terroristes, soutenir le «droit d’Israël à se défendre», refuser d’appeler au cessez-le-feu, annoncer la coupe des fonds d’onze ONG israéliennes et palestiniennes. 

Une manifestante tient un drapeau palestinien avec l'inscription Boycott Israël
Manifestation en solidarité avec la Palestine, Genève, 11 novembre 2023

Malgré les nombreuses alertes de risques de génocide, la Suisse a continué à appeler à un respect creux du droit international, sans rien dire de la puissance occupante qui viole ce même droit (depuis sa création) en imposant le blocus complet de Gaza. 

Dernier round: mercredi 22 novembre, le Conseil fédéral appelait le parlement à interdire le Hamas. Quelques jours plus tard, le cap des 20 000 personnes tuées par l’armée d’occupation israélienne était franchi.

Cette position est partiale et inhumaine car le «droit d’Israël à se défendre» va de pair avec la négation du rapport entre occupant et occupé, de la longue histoire de l’ethnocide du peuple palestinien et de la colonisation de sa terre, de toutes les tentatives pacifiques et actes de résistances comme la grande marche du retour, où Tsahal a abattu des civiles désarmé·e·x·s, et de la seconde Nakba en cours. 

Elle  est aussi dangereuse car elle s’attaque à la solidarité avec le peuple palestinien et à l’exercice des droits démocratiques en Suisse. En témoignent, en parallèle des positions du Conseil fédéral, les interdictions de manifestation dans plusieurs villes suisses-alémaniques et les entraves de ce côté de la Sarine. Ou encore les accusations amalgamant antisémitisme et critique de la politique coloniale d’Israël lancées aux manifestant·e·x·s et à la gauche de combat.

L’opinion publique semble pourtant dans une large mesure condamner les bombardements massifs d’Israël à Gaza et le nettoyage ethnique en cours. Depuis début octobre, des manifestations se succèdent en Suisse, dans le calme et la détermination. Et partout dans le monde on assiste à des mobilisations  de masse.

Face à l’hypocrisie et au soutien des pays impérialistes à Israël, notre devoir est de soutenir l’esprit de résistance et de solidarité qui se manifeste dans les mobilisations populaires pour la liberté du peuple palestinien: les manifestations, la campagne internationale de Boycott Désinvestissement et Sanctions (BDS) ou encore les initiatives de dénonciation des collaborations avec l’État d’Israël. 

Il faut aussi pousser les organisations syndicales à prendre position et mettre en œuvre une véritable solidarité internationale, comme les Belges nous en ont donné l’exemple en bloquant l’envoi d’armes. 

Participer aux mobilisations et à la lutte ici est une nécessité. Le Conseil fédéral appelle à la paix et à la trêve humanitaire, tout en soutenant Israël sur les plans économique, politique, diplomatique, militaire et sécuritaire. 

Nous défendons qu’aucun projet politique de paix n’est réalisable tant que durera l’occupation, la colonisation, l’apartheid, l’opposition au droit au retour. Bref, tant que les Palestinien·ne·x·s ne jouiront pas de l’entier de leurs droits fondamentaux. 

Guillaume Matthey