Liban
Extension de la guerre au Liban
Alors que l’armée d’occupation israélienne poursuit sa guerre génocidaire dans la bande de Gaza et sa politique d’annexion et de colonisation en Cisjordanie, Tel Aviv a imposé une escalade meurtrière, avec le soutien des Etats-Unis, contre le Liban prenant la forme d’une guerre ouverte.

Cette escalade a commencé par l’explosion d’appareils de communication utilisés par des membres du Hezbollah, civils et militaires, tuant 39 personnes et en blessant près de 3000. Elle s’est poursuivie par des campagnes de bombardements massifs visant à assassiner les hautes personnalités militaires et politiques du Hezbollah, mais tuant également plus d’un millier de civils et provoquant le déplacement forcé de plus d’un million de personnes. L’armée d’occupation israélienne a également tenté des invasions terrestres au sud Liban.
Le Hezbollah est confronté à son plus grand défi depuis sa fondation, avec l’assassinat de dirigeants militaires et politiques clés, dont son secrétaire général Hassan Nasrallah, qui a dirigé le parti pendant 32 ans. Dans ce contexte, les responsables du Hezbollah tentent de démontrer que le parti poursuit la voie tracée par l’ancien secrétaire général.
Objectif à court terme pour le Hezbollah : protéger les structures internes et les capacités militaires
Les priorités principales et actuelles du Hezbollah sont tout d’abord de protéger ses structures internes et sa chaîne de commandement, notamment en comblant le vide au sommet du parti en ce qui concerne les diverses responsabilités politiques et militaires, et en élisant un nouveau secrétaire général. Dans ce cadre, il s’agit aussi de maintenir et protéger ses capacités militaires, y compris les missiles et les roquettes à longue portée, contre les attaques et les offensives d’Israël.
Ces priorités expliquent en partie l’évolution rhétorique récente du Hezbollah concernant l’objectif affiché depuis le 7 octobre 2023 de ne pas séparer les fronts de Gaza et du Liban, jusqu’à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. En effet, le secrétaire général adjoint Naïm Kassem, et des députes du parti, Hussein Hajj Hassan et Amine Cherri, ont affirmé après l’assassinat de Hassan Nasrallah que leur priorité était de mettre fin à l’agression israélienne contre le Liban et de soutenir un cessez-le-feu, indépendamment d’un arrêt des combats à Gaza. Cependant, ces déclarations restent lettre morte, car l’armée d’occupation israélienne poursuit sa guerre meurtrière contre ce pays. Cette évolution est aussi liée aux défis internes sur le plan national, et à l’incapacité pour l’Iran, son principal soutien, de faire bien plus en faveur du Hezbollah.
Les capacités militaires du Hezbollah continuent de représenter un atout majeur du parti, malgré les infiltrations israéliennes, l’affaiblissement de la communication interne et l’assassinat d’un grand nombre de ses commandants militaires expérimentés. Il dispose notamment d’effectifs militaires de plusieurs dizaines de milliers de soldats et d’un vaste arsenal de roquettes et de missiles. Pour la première fois depuis le 7 octobre, le parti a utilisé différents types de missiles Fadi, des armes puissantes et de longue portée, pour frapper des sites militaires dans la périphérie des villes de Haïfa et de Tel-Aviv. De même, lors des premières tentatives d’infiltration de l’armée d’occupation israélienne dans les territoires libanais, les soldats du Hezbollah lui ont infligé des pertes, en détruisant plusieurs chars et causant la mort de plusieurs soldats israéliens.
Parallèlement à son mouvement armé, le parti dispose d’un vaste réseau d’institutions fournissant à sa base populaire des services clés et essentiels, même s’ils ont été partiellement mis à mal par la guerre et sont sous pression avec les besoins toujours croissants de la population. Dans ce contexte, la majorité de la base du parti restera très probablement fidèle aux instances, malgré des critiques plus importantes formulées, en particulier en l’absence d’une alternative politique inclusive et alors que le Liban se trouve dans une crise économique profonde et continue ; avec un État et des services publics aux abonnés absents.
Impact de l’affaiblissement du Hezbollah sur les rapports de force géopolitiques régionaux
Au niveau régional, un affaiblissement trop important du Hezbollah est problématique pour la stratégie géopolitique et le réseau d’influence régional de l’Iran. La dernière attaque iranienne contre Israël doit être considérée dans ce cadre, tout en essayant de réaffirmer une forme de dissuasion, bien qu’inégale par rapport à la supériorité des capacités militaires israéliennes et au soutien apporté par Washington. De plus, cette attaque ne permettra à aucun moment d’arrêter la guerre israélienne contre le Liban ou d’alléger les pressions militaires et politiques croissantes sur le Hezbollah.
L’impunité totale de l’État d’Israël, et cela grâce au soutien des États-Unis et de ses alliés européens, doit être dénoncée et combattue. Les politiques criminelles d’Israël menacent toute la région et causent encore davantage de destructions et de chaos.
Joseph Daher