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Menaces israéliennes de guerre contre le Liban

Le Liban a été la cible des missiles israéliens depuis le début de la guerre génocidaire de l’armée d’occupation israélienne contre la bande de Gaza. Les risques d’un affrontement plus large entre le Hezbollah et Tel Aviv se sont accrus au début du mois de juillet, avant de diminuer partiellement.

Destruction du village de Aïta ach-Chab au Sud-Liban
Aïta ach-Chab, Sud-Liban, 29 juin 2024

À la mi-juillet 2024, les at­ta­ques israéliennes ont déjà coûté la mort de près de 370 membres du Hezbollah depuis le 8 octobre, mais aussi plus de 90 civil·es, dont 21 secouristes. Les frappes aériennes et de drones de l’armée d’occupation israélienne sur les villages du Liban-Sud ont également poussé plus de 90000 personnes à se déplacer vers des régions plus «sûres» et endommagé de vastes étendues de terres agricoles, des habitations et des infrastructures civiles. L’armée d’occupation d’Israël pratique une véritable politique de la terre brulée contre les régions libanaises frontalières.

Le Hezbollah ne veut pas la guerre

Malgré l’extension et l’intensification continues des attaques israéliennes et des menaces de guerre contre le Liban, la principale priorité du Hezbollah reste d’éviter le déclenchement d’une guerre avec Tel Aviv. Dans ce contexte, le Hezbollah s’en est tenu à des «réactions calculées et proportionnées» contre les attaques israéliennes. Les intensifiant au fur et à mesure que l’armée d’occupation israélienne augmentait l’ampleur de ses actions militaires contre le Liban. 

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré début juillet que son parti acceptera «ce que le Hamas accepte» sur un possible cessez-le-feu à Gaza, assurant que le «front de soutien» lancé par son parti depuis le Liban-Sud en octobre 2023 cesserait ses opérations contre l’État d’Israël si une trêve était mise en place à Gaza. Ces actions reflètent la deuxième grande priorité du Hezbollah à l’égard d’Israël: maintenir une forme de «dissuasion» afin de servir la première priorité, qui est d’éviter la guerre.

Tant que les États-Unis ne donnent pas le feu vert complet à l’État Israël pour lancer une guerre contre le Liban, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui face à la crainte d’un conflit régional, l’orientation stratégique du Hezbollah ne sera pas reconsidérée dans un avenir proche. 

Une popularité en baisse

Si les capacités militaires du Hezbollah se sont considérablement accrues depuis la guerre de 2006, cela n’a pas coïncidé avec une augmentation du soutien populaire au Liban. Au niveau national, le Hezbollah est de plus en plus isolé, tant politiquement que socialement, en dehors de la population chiite. En outre, une grande partie de la population libanaise ne veut pas d’une guerre avec Israël, en particulier dans le contexte de crise économique profonde et continue que vit le pays

Le large soutien populaire dont bénéficiait le Hezbollah en 2006 n’existe ainsi plus aujourd’hui. Au-delà de la scène nationale libanaise, l’intervention militaire du Hezbollah pour soutenir le régime syrien despotique afin d’écraser le soulèvement populaire du pays a également miné sa popularité.

De plus, le principal soutien du parti libanais, l’Iran, ne veut pas voir son principal allié au Moyen-Orient s’affaiblir dans une guerre avec Israël, ce qui saperait son influence dans la région. Le rôle que le Hezbollah a joué a été de consolider et d’élargir le réseau d’alliés régionaux de l’Iran, comprenant des acteurs étatiques et non étatiques. 

Après l’assassinat de Qassem Soleimani, commandant de la Force Qods, la branche du Corps des Gardiens de la révolution islamique principalement responsable des activités extraterritoriales et clandestines de l’Iran, l’importance du Hezbollah pour l’État iranien n’a fait que croître. Le parti est donc devenu le principal défenseur des intérêts géopolitiques de l’Iran, mais aussi l’un des gardiens du système néolibéral sectaire du Liban.

Quelle résistance?

Les organisations de gauche et progressistes doivent continuer à s’opposer radicalement à l’apartheid, à l’État colonial et raciste d’Israël, aux gouvernements qui le soutiennent, et à défendre le droit des Palestinien·nes à résister. De même, les Libanais·es ont le droit de résister aux agressions militaires israéliennes. Il ne faut pas confondre cette orientation avec un soutien aux orientations politiques des différents partis politiques palestiniens et libanais, notamment du Hamas et du Hezbollah. 

Au niveau régional, la tâche principale de la gauche et des forces progressistes reste de développer une solidarité régionale «par en bas» et autonome des classes dominantes des différents États: résister frontalement aux États occidentaux impérialistes et à Israël, tout en s’opposant aux forces politiques réactionnaires locales, qui empêchent toute rupture avec les dynamiques impérialistes (de tous les États impérialistes), autoritaires, néolibérales, racistes et patriarcales.

Ces acteurs politiques représentent un danger et des menaces différenciées pour les perspectives émancipatrices. Il est néanmoins primordial de constituer un bloc de gauche et progressiste indépendant de ces forces mettant l’accent sur la solidarité avec la lutte pour la libération des Palestinien·nes et l’émancipation de tou·tes les exploité·es et opprimé·es de la région.

Joseph Daher