Le futur Centre fédéral d’asile durcit ses conditions avant son ouverture
Lettres ouvertes, rencontres, pétition… les actions se multiplient de la part de la société civile pour dénoncer le projet de scolarisation discriminatoire prévu par le Canton contre les enfants dans l’asile.

Lettres ouvertes, rencontres, pétition… les actions se multiplient de la part de la société civile pour dénoncer le projet de scolarisation discriminatoire prévu par le Canton contre les enfants dans l’asile.
La politique d’asile suisse s’est dotée d’une nouvelle arme qui vise à concentrer, contrôler et isoler les personnes exilées, en vue de réaliser encore plus vite leur renvoi: les Centres fédéraux d’asile (CFA). Ces boîtes noires fonctionnent sous un régime carcéral (contrôles des identités, fouilles au corps, sanctions, etc) encadré par une entreprise privée, ORS, appartenant à un consortium spécialisé dans l’encadrement des prisons. Une recette pour la montée des violences à l’encontre des personnes dans l’asile, comme la réalité nous le prouve depuis plusieurs années (voir le rapport d’Amnesty International «Mieux protéger les droits des enfants», octobre 2024).
Dans le plan du Secrétariat d’État aux migrations (SEM), le canton de Genève doit accueillir un CFA dit «sans tâches procédurales» sur son territoire. Selon la définition donnée par l’autorité fédérale, «ces centres hébergent essentiellement des personnes qui font l’objet d’une procédure Dublin ou dont la demande d’asile a été rejetée. Ces personnes, qui doivent généralement quitter la Suisse sous peu, restent dans les centres de la Confédération et ne sont plus transférées dans les centres cantonaux».
Autrement dit, le canton de Genève doit ouvrir un véritable centre de renvoi sur son territoire, lequel sera situé en bout de piste d’atterrissage et contigu à un bâtiment de détention administrative et de la police internationale. Il est prévu que ce CFA du Grand-Saconnex héberge les premières personnes dans l’asile à partir de septembre 2025. Ainsi, les contours de son fonctionnement commencent à émerger.
En février dernier, de nombreuses associations et syndicats ont réagi par une lettre ouverte à l’annonce du Département de l’instruction publique de prévoir une scolarisation à l’intérieur du Centre, hors des structures publiques. Une décision incompréhensible pour les signataires, contraire au droit fondamental, qui dénoncent aussi cette forme d’incarcération des enfants sur le territoire. Diverses associations ont déjà relevé que dans d’autres cantons, les problèmes liés à un enseignement au sein d’un CFA sont pléthores: environnement bruyant et stressant, pas de préau, programme et horaires de cours au rabais, etc.
La marge de manœuvre de la part du Canton existe, puisque le SEM lui laisse carte blanche pour organiser la scolarisation sur son territoire. C’est donc la volonté politique qui fait défaut: sans surprise du côté de la Conseillère d’État PLR en charge de l’instruction, nettement plus regrettable de la part des élu·es PS et Vert·es qui pourraient au moins marquer leur désapprobation publiquement! De notre côté, nous ne lâcherons rien.
Aude Martenot