Combien de F-35 pour nous protéger du dérèglement climatique?

Au-delà du fiasco des drones israéliens qui ne fonctionnent pas et le prix du F-35 qui ne semble pas «fixe», le réarmement mondial est un désastre écologique.

F-35 survolant Blatten

La série de fiascos militaires engagée par le gouvernement ces dernières années a franchi un nouveau cap. 

Fin juin-début juillet, la population apprenait que le Département de la défense (DDPS), après avoir défendu envers et contre tout une commande de drones israéliens – et ce des années durant – envisageait finalement d’abandonner ce projet d’acquisition. 

Dans la foulée, le Conseil fédéral annonçait que le coût d’achat des avions F-35 allait engendrer un surcoût de 750 millions à 1,35 milliards de francs.

Pour rappel, la commande de drones de surveillance, passée en 2015, devait aboutir en 2019 avant d’être repoussée une première fois en 2026, puis plus récemment, jusqu’en 2029. La raison de ces retards? L’entreprise d’armement israélienne mandatée, Elbit Systems, n’avait pas encore terminé le développement des drones au moment de la transaction. Résultat, les drones arrivés en Suisse, pensés pour survoler seuls le territoire, doivent être accompagnés par des hélicoptères et ne résistent pas au froid!

Concernant les F-35, après avoir ignoré, en 2022, l’initiative populaire contre l’achat de ce modèle, le DDPS avait défendu son projet en insistant sur le caractère prétendument fixe du prix d’achat de l’avion. Pourtant, les chiffres de l’époque étaient déjà présentés dans les contrats comme des estimations et non comme une offre définitive. Sans surprise, la facture s’avère beaucoup plus salée.

Depuis l’invasion de l’Ukraine, et profitant de la peur engendrée par le conflit, le gouvernement s’est engagé dans une politique de surmilitarisation marquée par une augmentation massive du budget de l’armée. Cette fuite en avant n’est pas qu’idéologique. C’est aussi une affaire de gros sous. Les régions suisses se battent pour obtenir des affaires compensatoires, rétrocommissions sous forme de commandes promises lors d’achat de matériel à l’étranger (que Christian Levrat voulait porter à 100%). 

Les considérations morales et écologiques ne font pas le poids quand il s’agit de soutenir «notre industrie» – via la seule dépense militaire s’entend. Voir la Conseillère nationale socialiste Priska Seiler-Graf plaider pour que la Suisse s’associe au gigantesque plan de réarmement de l’Union européenne – 800 milliards qui troueront les caisses de tous les États européens – en dit long. 

Pourtant, il semble évident que la Suisse ne risque pas de voir des troupes russes sur son sol, l’investissement militaire détourne les fonds publics des vrais risques auxquels le pays est confronté. 

La disparition du village de Blatten et les semaines caniculaires de ce début d’été nous rappellent cruellement les dangers, bien réels, qu’entraine, en Suisse aussi, le réchauffement climatique. 

Par ailleurs, pour les populations qui souffrent directement des conflits armés, la peine est double. Non seulement les armes déciment les corps mais détruisent la terre. À Gaza, 95% des terres agricoles ont été endommagées ou sont devenues inaccessibles à la population. En Ukraine, des milliers de kilomètres carrés sont couverts de mines et de munitions, sans compter les drones pulvérisés avec leurs batteries, qui déversent des métaux lourds dans le sol. Ou encore les milliers de kilomètres de fibre optique (en plastique) utilisés pour piloter les drones, qui couvrent le territoire.

De plus, tous les conflits produisent d’énormes quantités de CO₂, de l’extraction de matériaux à l’utilisation des armes, véhicules et avions.

La guerre et son industrie polluent et doivent être plus que jamais combattues en Suisse comme ailleurs!

Clément Bindschaedler