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FSE d'Athènes: réflexions critiques

FSE d’Athènes: réflexions critiques

Nous publions ci-dessous une contribution d’Eric Decarro qui présente – de retour de celui-ci – son évaluation du récent Forum Social Européen d’Athènes et des problèmes que devrait affronter le FSE pour prendre un nouvel élan.

1. Le renforcement des réseaux thématiques est demeuré à mon sens trop unilatéral. Les échanges transversaux ont été rares.

En l’absence d’un accent placé par le mouvement lui-même sur les problématiques centrales que celui-ci doit affronter, ce renforcement-même présente des risques centrifuges. Cette décentralisation thématique unilatérale tend en effet à introduire des cloisonnements entre les différents mouvements sociaux impliqués dans les processus des forums sociaux.

Cet accent unilatéral aboutit à prioriser de manière absolue la fonction de mobilisation du FSE sur les diverses thématiques du mouvement altermondialiste, dont on vise au final à coordonner les échéances dans l’assemblée des mouvements sociaux. Le revers, c’est qu’on sacrifie ainsi le moment d’analyse de la situation du point de vue du mouvement dans son ensemble, le moment d’élaboration théorique et de construction du projet (le contenu du «nouveau monde possible» et nécessaire selon le slogan de Porto Alegre) qui seul peut donner de la profondeur à notre mouvement et tracer une perspective. Cela aboutit à nous placer dans une logique purement défensive et réactive.

Tout se passe comme si ce moment de discussion stratégique était abandonné aux mouvements et partis politiques, dans une espèce de division du travail hiérarchisée qui est à mon sens contestable. Preuve en soit la quasi-absence de débat sur les contenus lors des assemblées européennes préparatoires, l’accent étant délibérément placé sur l’organisationnel et sur la gestion du processus. Si l’on continue ainsi, le processus ne pourra que s’essouffler et perdre cette force de contestation qui a fait son succès auprès des jeunes.

Chacun peut ainsi dans le cadre du FSE «cultiver son petit jardin» et gérer ses acquis, voire les renforcer en élargissant les divers réseaux thématiques, en resserrant les liens entre altermondialistes des différents pays agissant sur une même thématique, en coordonnant mieux les activités de mobilisation sectorielles, mais on abandonne le débat central du mouvement sur la question du système et sur le contenu de la société que nous voulons, ainsi que sur les voies et moyens pour ce changement de société.

Prenons la question syndicale et celle du travail par exemple. Lors des séminaires, les syndicalistes des différents pays ont décrit la situation qui prévaut dans leur pays ainsi que les luttes conduites contre les attaques du capital aux intérêts des travailleurs-euses. Un constat commun s’est dégagé: dans tous les pays, remise en cause des acquis sociaux et précarisation; difficultés de la lutte syndicale. La vision du mouvement syndical demeure cependant relativement étriquée. Elle se limite souvent à la défense immédiate des conditions des travailleurs-euses et à une dénonciation des politiques néo-libérales, sans remise en cause du cadre dans lequel agissent les syndicats. Dans ces conditions, cette défense apparaît de plus en plus subordonnée à la logique qu’imprime le capital. Le principe de réalité semble ainsi s’imposer aux organisations syndicales en ce sens qu’elles tendent à s’adapter pour défendre les intérêts immédiats des travailleurs-euses au nouveau contexte que leur imposent les milieux dominants. Il n’y a pas de centralité comme pouvait l’être auparavant le socialisme pour le mouvement syndical ni de redéfinition du sujet social du travail et du syndicalisme dans l’économie globalisée, ce que représentait la classe ouvrière dans la période antérieure, caractérisée par une relative stabilité de l’emploi. Peu de choses donc dans ce réseau, à part l’exigence de coordonner mieux les luttes syndicales au niveau européen.

2. On observe par ailleurs sur les questions stratégiques, en particulier celle des relations entre mouvements sociaux et organisations politiques, d’autres types de cloisonnements.

    Il s’agit en effet de séminaires organisés par des mouvements sociaux qui se regroupent en fonction de liens internationaux basés sur des affinités politiques. On y discute effectivement analyse de la situation et orientations stratégiques – souvent liées à des questions d’actualité immédiate d’ailleurs – mais on les discute selon une logique fortement partidaire, ou de courant politique organisé au niveau international. Cela présente certes l’avantage, pour ces courants, de pouvoir mobiliser leurs militant-e-s en vue du FSE et d’y réunir leurs militant-e-s pour entendre une série d’analyses sur la situation dans les divers pays et conforter leur sentiment d’appartenance à un courant. Mais cela contribue à mon sens à appauvrir le débat central au sein du mouvement qui devrait se développer de manière ouverte et avec la plus grande variété possible d’intervenant-e-s, dans un cadre évidemment circonscrit par quelques critères.

    Ces séminaires réunissant des mouvements sociaux appartenant à un même courant politique ou à des courants proches ne sont pas, à mon avis, de véritables débats, dans lesquels les individus s’engagent de manière créatrice et se confrontent sur les questions centrales qui se posent aujourd’hui au mouvement altermondialiste. Ce sont plutôt une succession d’interventions «préformatées», durant lesquelles des responsables exposent de manière en quelque sorte juxtaposée les problèmes auxquels ils sont confrontés dans leur pays et la position de leur organisation. Cela ressemble plus à la forme d’un meeting.

    Si l’on peut comprendre que les différentes sensibilités et courants aspirent à se retrouver et se réunir, il n’en reste pas moins que la multiplication de ce genre de séminaires, avec souvent les mêmes intervenant-e-s programmés dans plusieurs séminaires (la plupart du temps des hommes), peut introduire une logique contraire, selon moi, aux buts mêmes des forums sociaux qui se veulent des espaces de débats «ouverts» et visent à promouvoir le débat sur le nouveau monde possible, un slogan qui ne saurait se résumer à un argument proclamatoire ou publicitaire. On ne saurait ignorer que la logique organisationnelle partidaire peut comporter des aspects conservateurs au plan du débat et entraver l’indispensable confrontation d’idées.

    3. Je considère que les deux victoires remportées depuis 2004 par notre mouvement, sont fortement surévaluées par le FSE, conformément à une logique qui priorise les mobilisations immédiates et les victoires ponctuelles.

    Il s’agit bien sûr du NON à la constitution européenne en France et aux Pays-Bas et la victoire que constitue en France le retrait du contrat de première embauche du gouvernement de Villepin. Ces victoires immédiates – évidemment non négligeables – sont à mon avis «l’arbre qui cache la forêt». Nous ne saurions en effet nous attendre à ce que ces victoires changent le cours des choses et ouvrent, à la faveur d’un rapport de forces nouveau, sur une inversion des politiques néo-libérales. Qu’on le veuille ou non, ces politiques néo-libérales sont l’expression d’une mutation du capitalisme, laquelle se traduit par la domination de plus en plus absolue du capital financier sur la société et la priorité à la dérégulation et compétition marchande. Ce sont là des tendances objectives lourdes, systémiques, et constitutives en elles-mêmes d’un rapport de force durable en faveur du capital, parce qu’inscrit dans le fonctionnement même de l’économie capitaliste globalisée. Qu’on pense à la mobilité du capital financier qui met désormais toutes les entités (entreprises, Etats nationaux et régionaux) en concurrence du point de vue des taux de profit qu’ils peuvent procurer ou à l’élargissement du marché du travail à quelque 4 milliards de salarié-e-s, potentiel que permet désormais le transfert des savoir-faire – notamment industriels – sur toute la planète. Il est dès lors évident qu’il ne sera pas possible d’inverser le cours des choses par un mouvement ponctuel, aussi massif soit-il, et aussi important soit-il pour nous du point de vue de l’analyse de la situation et de la détermination de nos orientations et objectifs.

    Ces forces continueront d’agir pour augmenter la rentabilité du capital et faire jouer les forces de compétition partout; elles feront pression sur les gouvernements pour qu’ils renforcent les réformes néo-libérales; elles s’attaqueront sans discontinuer aux intérêts des salarié-e-s et de toutes celles et ceux qui vivent de leur travail. Elles mettront aussi – soyons-en sûrs – toutes leurs forces pour surmonter des échecs ponctuels comme en France le NON à la constitution européenne ou le retrait du CPE, en Suisse la défaite lors de la votation sur la libéralisation de l’électricité. Elles tenteront de contourner la loi et reviendront à la charge sous d’autres formes. Un résultat ponctuel ou un vote ne sauraient changer par eux-mêmes cette situation.

    La question de la constitution européenne est à mon sens révélatrice des limites du processus des FSE, en ce qui concerne les perspectives: la majorité des participant-e-s au forum sont en effet convaincus – à tort à mon sens – que tout est possible dans le cadre du système actuel, par la voie des institutions politiques existantes dans une sorte de «continuum démocratique», alors que tout indique que des aménagements du capitalisme sont de moins en moins possibles dans le contexte actuel et que les institutions politiques elles-mêmes deviennent de plus en plus imperméables à des réorientations dans le sens du progrès social. C’est pourquoi le projet de Charte européenne élaboré par un réseau spécifique du mouvement altermondialiste, qui se veut une alternative au contenu de la Constitution européenne et constitue bien entendu un enjeu central pour le mouvement altermondialiste, ne peut être qu’inopérant dans son contenu actuel, car il se résume à une énumération de revendications démocratiques qui sont autant de voeux pies dans le nouveau cadre systémique auquel nous sommes confrontés. Cette charte devra d’ailleurs être retravaillée et soumise à une nouvelle assemblée thématique en décembre.

    Le problème, c’est que si l’on ne dénonce pas les causes systémiques de la tendance actuelle à la régression et à la précarisation sociale et qu’on ne travaille pas en priorité au contenu d’un projet de transformation de la société, si l’on ne donne pas une perspective d’ensemble à notre mouvement et si l’on ne trace pas une perspective, ce sont les forces nationalistes qui se renforceront dans tous les pays européens à la faveur de la crise que traverse actuellement la construction européenne, car ces nationalismes sont en phase avec la concurrence et la compétition auxquelles sont soumis tous les Etats, à tous les niveaux, dans cette globalisation capitaliste. Leur fait pendant, la position de celles et ceux qui se réclament d’une forme de «nationalisme» élargi au cadre européen qu’ils considèrent comme un cadre plus adapté pour défendre leurs intérêts contre celles et ceux des populations du reste du monde dans le contexte nouveau de la globalisation.

    4. C’est pourquoi, sur la question des rapports du forum social européen avec les institutions et partis politiques abordés dans certains séminaires, je ne donne pas entièrement tort à Bernard Cassen. Ceci lorsqu’il déclare que «ce qu’on entend ici, on l’a déjà entendu 10 fois» et qu’il n’y a rien de nouveau dans ce FSE.

    Il y a en effet un sentiment de «déjà entendu», de «ressassé» dans ces appels à «remporter des victoires – même petites – pour renforcer la crédibilité de notre mouvement». On doit ainsi sérieusement se demander à propos d’un mouvement comme celui engagé contre le CPE, si par-delà la victoire ponctuelle remportée avec le retrait de celui-ci, le plus important dans ce mouvement n’était pas l’exigence forte que ce mouvement exprimait (le refus de la précarité) laquelle allait bien au-delà du CPE lui-même ou d’une simple opposition à la politique du gouvernement Chirac-De Villepin, parce qu’elle visait potentiellement la logique même du système et ses tendances à précariser la situation non seulement des jeunes mais de l’ensemble des salarié-e-s. Ceci pose clairement la question de la relation entre logique systémique et politiques mises en œuvre.

    Bernard Cassen présente sa solution au problème du caractère répétitif des forums: il faut que le FSE présente un programme de revendications et de réformes prioritaires et qu’il soit très directement protagoniste dans la vie politique institutionnelle, ou du moins qu’il influence très directement les partis de gauche qui agissent dans ce cadre. Cette proposition me paraît problématique, car elle ne prend pas en compte un aspect essentiel de la réalité à laquelle nous sommes confrontés.

    Le problème, en effet, c’est qu’aujourd’hui, tous les gouvernements européens, qu’ils soient de droite ou de gauche, pratiquent les mêmes politiques, avec évidemment quelques différences, un peu plus de social et de symbolique, dans les politiques sociales-libérales mises en œuvre par la gauche, mais toutes ces politiques sont marquées par le néo-libéralisme et vont dans le sens de la régression sociale. Pourquoi cela? Il faut se le demander. S’agit-il d’un manque de volonté subjective, d’un manque de capacité subjective, d’un tournant subjectif de la social-démocratie tournant le dos à ses anciens programmes de progrès sociaux conçus comme un grignotage du pouvoir du capital? Ou alors de tendances lourdes auxquelles tous les gouvernements, sans perspectives de confrontation ouvertes avec les forces dominantes et de changements plus profonds, tendent aujourd’hui à s’adapter? A mon sens, tous les gouvernements sont aujourd’hui subordonnés à la logique du système dans leur gestion de l’Etat, et aspirent à trouver des solutions dans ce cadre, sans toucher à la loi du profit ou à l’économie de marché. Même dans le forum, on a pu entendre lors des débats des déclarations surprenantes au sujet du marché, considéré par certain-e-s comme un cadre démocratique car il serait le résultat de millions de décisions décentralisées. La réponse que l’ex-syndicaliste Christian Tirefort a apportée à ce genre de déclaration est cinglante: le marché n’a rien de démocratique, il est au contraire autoritaire, hypersélectif et excluant car seuls peuvent y accéder et signaler leurs besoins celles et ceux qui ont de l’argent et il y a des milliards d’êtres humains qui n’ont pas d’argent.

    5.Le problème du contenu des politiques gouvernementales doit d’autant plus être posé au vu de la situation en Amérique latine, quelques jours après l’annonce de la nationalisation des ressources énergétiques boliviennes par le président Evo Morales.

    Il s’agit là, en effet, d’une politique appuyée par un fort mouvement populaire qui se confronte ouvertement au pouvoir des multinationales et prend clairement le contre-pied des politiques néo-libérales. Cette question a évidemment été évoquée dans l’un des séminaires du réseau Europe-Amérique latine et l’on ne peut que regretter aujourd’hui que les gouvernements de gauche d’Amérique latine ne se coalisent pas et ne s’efforcent pas d’élargir la brèche ouverte par Evo Morales, mais aussi Chavez. Le risque d’isolement de Morales est en effet très réel et l’on peut compter sur les multinationales – et les gouvernements qui les soutiennent – pour faire pression sur le gouvernement bolivien et le contraindre à des concessions, voire à reculer. Le gouvernement social-démocrate de Zapatero envisage ainsi de porter plainte auprès de l’OMC contre le gouvernement bolivien pour défendre les intérêts du trust espagnol du pétrole Repsol. A nous de développer des actions de solidarité avec le gouvernement bolivien et d’intégrer ce point lors de nos manifestations contre l’OMC.

    Eric DECARRO


    Athèness: Réseaux renforcés, rendez-vous fixés, manif à 100 000…

    Le Forum social européen, tenu à Athènes du 3 au 7 mai, a réuni de 12 à 15 000 personnes (30 000 selon les organisateurs, si l’on prend en compte les participant-e-s aux concerts). Sensiblement moins que les précédents FSE de Florence, Paris et Londres, ce qui s’explique en partie par le choix du pays, relativement décentré par rapport aux autres pays européens.

    Il convient en revanche de relever la présence à Athènes de 800 participant-e-s provenant de Turquie, ce qui ne va pas de soi quand on connaît les tensions existant entre Grèce et Turquie et les conditions restrictives d’Ankara en matière de visas. On notait aussi la présence de 800 participant-e-s venant des pays de l’Est (Roumanie, Bulgarie, pays des Balkans, Hongrie, Pologne, Russie notamment) et de 100 militant-e-s palestiniens. La manif finale a réuni 100 000 personnes dans les rues d’Athènes mais a été perturbée par le black bloc.

    Les quelques 15 réseaux qui se sont constitués sur des thématiques spécifiques se sont indiscutablement renforcés durant ce FSE. Citons les réseaux anti-guerre, migrant-e-s, syndicats, Charte sociale européenne, services publics, santé, éducation, OMC, répression, environnement et dérèglement climatique, femmes, Palestine, agriculture, Amérique latine, etc.

    C’est le principal point positif de ce forum qui a été marqué plus que les autres par un travail en séminaire sur des thématiques décentralisées. Il faut dire que durant toutes les assemblées européennes qui ont préparé ce FSE, une large place a été conférée aux réunions de réseaux. Ces réseaux ont parfois tenu des assemblées générales en conclusion de leurs séminaires. Les réseaux se sont ainsi élargis, ils ont consolidé les liens entre militant-e-s de différents pays actifs sur une thématique commune; ils ont discuté de leur situation spécifique, fixé et ordonné un certain nombre d’objectifs et déterminé leurs échéances de mobilisations pour 2006-2007.

    Parmi les questions débattues par certains réseaux, citons l’occupation de l’Irak et de la Palestine, les menaces de frappes militaires et de guerre en Iran, les mouvements migratoires massifs de l’Afrique vers l’Europe, les dangers que constituent le dérèglement climatique global et la destruction de l’environnement, les violences domestiques contre les femmes, la situation en Amérique latine, la libéralisation et privatisation des services publics, les tendances au renforcement de la répression au nom de la «guerre contre le terrorisme». Une action d’occupation a d’ailleurs été conduite dans un commissariat d’Athènes, dans le lieu même où ont été séquestrés 28 Pakistanais résidant en Grèce, à la demande du gouvernement britannique, suite aux attentats de Londres.

    Il se vérifie une fois de plus que la tenue d’un FSE dépend largement de la situation politico-sociale dans le pays hôte. Les divisions des mouvements altermondialistes et de gauche en Grèce ont pesé sur l’organisation et le déroulement même du FSE. Les altermondialistes européens ont vainement essayé de contribuer par ce FSE à rapprocher les organisations et associations grecques.

    Mouvement altermondialiste, FSE et «black bloc»… questions

    Un autre problème est celui des rapports entre le FSE, et plus largement le mouvement altermondialiste, et le black bloc. La manifestation au terme du FSE a réuni 100 000 personnes. Elle a toutefois été fortement perturbée par 500 à 1000 membres des black bloc qui se sont non seulement accolés à la tête de la manif où défilaient les représentant-e-s des délégations étrangères, mais ont agressé physiquement ces derniers. Le black bloc a tout fait pour perturber et désorganiser la manifestation. Celle-ci s’est tronçonnée à cause des lacrymogènes tirés par la police en réponse aux casses et cocktails Molotov du black bloc.

    De sérieuses questions se posent concernant l’évolution de cette mouvance. Celle-ci fait désormais clairement obstacle à l’expression de masse des opinions et positions du mouvement altermondialiste. Elle s’attaque à la libre expression et à la liberté de manifester, ce qui, jusqu’ici, était l’apanage des fascistes. On peut dès lors se demander si l’on n’est pas face à une dégénérescence politique de cette mouvance «autonomiste», dont certains se réclament de l’anarchisme, une référence fort peu crédible. Qu’y a-t-il en effet de plus autoritaire que l’attitude d’un groupe qui consiste à prendre en otage tous les participant-e-s à une manifestation pour atteindre ses objectifs, c’est à dire procéder à des casses indiscriminées, ou qui agresse physiquement les manifestants, entravant ou perturbant leur droit à manifester?

    Ce milieu des black blocs se prête indiscutablement aux manipulations et infiltrations. Mais on ne saurait expliquer leur attitude par ces seuls éléments. La précarité croissante et la pression violente qu’exerce sur les individus cette société de plus en plus autoritaire et excluante constitue certainement un facteur d’explication à cette priorité accordée à l’action immédiate et de casse; celle-ci constitue en quelque sorte un «exutoire» pour des individus et des groupes qui ne se reconnaissent pas dans l’action politique institutionnelle, qui ont perdu tout repère politique, et toute perspective sur la durée.

    Il n’en reste pas moins que le mouvement altermondialiste doit apprendre à se protéger contre ces agissements, car il ne saurait tolérer que son droit à exprimer son opposition à la globalisation capitaliste et à ses tendances à la régression sociale et à la domination violente et à la guerre, un droit si souvent remis en cause par l’Etat et la police, soit désormais attaqué par des éléments irresponsables, dont l’action est fortement contre-produisante. Résultat en effet des agissements du black bloc: un affaiblissement des manifestations altermondialiste; des tendances répressives de l’Etat renforcées; des effets désastreux sur l’opinion publique, car le contenu des manifestations est relégué à l’arrière-plan dans la couverture médiatique au profit des images de casse; un isolement du mouvement altermondialiste par rapport aux salarié-e-s qui, dans leur grande majorité, détestent qu’on casse pour casser.

    Eric DECARRO

    Auteur·e·s :
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    Paru dans le n° 88 de solidaritéS

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