Pas d'avenir du Parti du Travail hors de «À GaucheToute!»
Pas d’avenir du Parti du Travail hors de «À Gauche
Toute!»
Avec
lautorisation de Jospeh Zisyadis et Marianne Huguenin,
Conseillers nationaux POP/AGT, nous publions ci-dessous des extraits de
leur contribution à la discussion en cours au sein du Parti
Suisse du Travail en vue de sa prochaine Conférence
nationale et de son prochain Congrès. Ce texte devrait
permettre à nos lecteurs-trices de mieux comprendre le sens
politique de leur engagement dans la construction de la coalition
«A Gauche Toute!», à laquelle nous
participons également au niveau national.
Le congrès national de Vaumarcus de 2002 avait,
après un débat démocratique,
rejeté la quasi-totalité des propositions
politiques de la section vaudoise. Le POP vaudois, à une
année des élections nationales de 2003, avait
alors confirmé quil serait absent du
comité directeur, afin de se concentrer sur son travail de
base et la conquête dun second siège
à Berne (chose faite depuis). Pour autant, il ne
sest pas désinvesti du travail national, puisque
cest pour lessentiel la section vaudoise qui a
participé à la rédaction de
lAppel «A Gauche toute!» Une autre
Suisse est possible!, cet Appel qui a tenu lieu de programme du PST-POP
pour les élections nationales de 2003. Le POP vaudois a
repris sa place au comité directeur avec quatre militants
dès mars 2004.
Après plus de 2 ans de travail commun au sein des instances
du PST-POP, avec en parallèle, un travail pour constituer au
niveau national un pôle de référence
«A Gauche toute!» (AGT) dépassant le
simple cadre du Parlement national, il est nécessaire de
faire le bilan de cette période.
La situation nous semble paradoxale: dun
côté, il y a investissement de plusieurs camarades
dans le processus AGT au niveau national, avec la constatation
évidente des nombreuses convergences politiques et
personnelles, de la faiblesse globale de nos forces militantes
respectives rendant encore plus nécessaire un regroupement.
De lautre, persiste une attitude de repli, de
méfiance, de centrage sur «le parti et son
identité», qui contrecarre tout réel
mouvement vers la constitution dune force nationale
à même dintervenir sur le plan national
et dy représenter une réelle
alternative tant aux risques de compromis du PS
quà ceux du glissement des Verts vers des
positions centristes. (
)
La démarche stratégique «A Gauche
Toute!» (AGT)
Au vu des inquiétudes, des réserves, des
méconnaissances réelles ou pas, il
paraît nécessaire de rappeler
brièvement ici la démarche qui a abouti au
processus AGT: A la veille des élections nationales de 2003,
des militant-e-s issus du PST-POP, de solidaritéS, des
Listes alternatives alémaniques avaient
décidé la constitution dune alliance
électorale nationale, avec un «Appel
national» adopté communément
après 3 séances sans aucunes
difficultés politiques. Dans cet Appel, nous trouvons cet
engagement:
«Dans la perspective des élections
fédérales de cet automne, nous voulons faire
entendre une voix dopposition qui rompe avec le consensus
mou dans lequel se laissent enfermer le Parti socialiste et les Verts.
Nous ne sommes certes pas daccord entre nous sur tout, mais
défendons ensemble des priorités essentielles.
Cela fait toute la différence!
Bien sûr, nos combats ne triompheront pas sans des
mobilisations populaires importantes, portées par les
mouvements sociaux. Il nest cependant pas
indifférent quune alliance comme la
nôtre se constitue au niveau national pour
défendre avec opiniâtreté des
priorités sociales, féministes et
écologistes dans les mobilisations comme au parlement
fédéral.
Nous appartenons à des forces politiques qui envisagent de
présenter des listes aux élections
fédérales cet automne. Ensemble ces organisations
ont mené des combats convergents au cours de ces
dernières années: contre les bas salaires, la
précarité et le chômage; pour les
droits des femmes; contre le démantèlement des
assurances sociales et des services publics; pour une politique fiscale
fortement redistributive; contre la xénophobie, le racisme
et lhomophobie; pour la défense de
lenvironnement; contre le militarisme et la guerre; pour une
politique active daide au développement. Il nous
faut aller plus loin. Le capitalisme nest pas pour nous un
horizon indépassable. Il ne sagit ni de chercher
à «lencadrer», ni de vouloir
ladapter. Nous voulons rassembler les forces sociales pour
lui résister et le dépasser, en faisant
prévaloir dautres finalités, donnant
la priorité à lêtre humain
et non au pouvoir et à la richesse de quelques-uns.
Cest là que se trouve notre différence
avec la gauche simplement réformiste et bien entendu avec la
gauche institutionnelle ou dEtat.»
Mais cet engagement nétait pas seulement
électoral, mais aussi stratégique, dans la
durée, puisque dans le même Appel, nous trouvons:
«En rassemblant lensemble de ses forces autour de
dix priorités, A GAUCHE TOUTE ! vise
à faire émerger un pôle national,
résolu à lutter contre le système
capitaliste. Ceci ne devrait pas empêcher chacun de nos
groupes de défendre ses positions et de mener les campagnes
quil juge utiles sur les thèmes qui lui sont
propres. Cependant, dans le respect de nos différences, nous
entendons agir au coude à coude sur des points essentiels,
parce que nous croyons fermement que les orientations que nous
défendons en valent la peine. Une autre Suisse est
possible.» (
)
Pas davenir du PST-POP hors dAGT
Il ny a pas despace politique de concurrence pour
plusieurs partis de la gauche combative et de résistance en
Suisse. Dans leur faiblesse nationale actuelle, qui se traduit sur le
plan électoral (1,4% pour lensemble, soit 0,7%
PST-POP, 0,5% SolidaritéS, 0,2% Listes alternatives),
cest une bêtise politique et du sectarisme que de
penser pouvoir chacun continuer nos petites affaires
En se créant en 2003, La coalition «A Gauche
toute!» a pour la première fois
cristallisé un accord électoral et une
démarche militante unitaire dune
véritable gauche dopposition sur le plan Suisse.
Elle commence à avoir la sympathie des militants actifs dans
le mouvement social. Elle commence à apparaître
médiatiquement comme une force politique distincte dans la
vie politique du pays.
Nous devons nous doter dun programme simple et concret, qui
mette en avant des axes de résistance, des revendications
communes et quelques propositions de campagne pour la
période actuelle. Mais un tel programme pour son
élaboration, comme pour le traduire en action politique
concrète demande un minimum dorganisation
commune, approuvée par la base des diverses composantes.
La démarche à suivre pourrait être
celle de la construction dune Maison commune des forces
organisées et des personnes, qui malgré ou
à cause de leurs sensibilités
différentes, ressentent le besoin de
fédérer leurs combats anticapitalistes. Cette
Maison commune devrait pouvoir rassembler des partis ou mouvements se
référant au marxisme et aux différents
courants socialistes (PST-POP et SolidaritéS), le courant
alternatif suisse alémanique (listes alternatives, Junge
Alternative JA!) et dautres mouvements cantonaux comme
Combat socialiste ou le PSA du Jura-sud, des militants issus des
mouvements sociaux et syndicaux, les déçus de la
politique de consensus du PSS. Elle devrait en outre être en
débat avec le courant libertaire. La Maison commune doit
former une plateforme ouverte des organisations et des personnes qui
veulent renforcer à la gauche du PSS et des Verts, un
mouvement anticapitaliste.
Cette Maison commune ne peut pas être une disparition de nos
partis ou mouvements respectifs, ni une fusion ou une simple addition
de forces politiques, cest une dynamique de prise en compte
des traditions historiques de chacun, des forces et des faiblesses de
chacun pour faire du neuf. Cest surtout une dynamique qui
devrait permettre à de nombreuses personnes non membres
actuellement dun de nos partis, pour une raison ou une
autre, de nous rejoindre, sans être livrés
à des combats de chefs et à des structures
cloisonnées.
- Elle devrait se donner des lieux de
fonctionnement démocratique: des assemblées
nationales régulières des militant-e-s et une
coordination nationale qui se réunisse
régulièrement. - Nous devons apprendre à
agir ensemble dans les luttes quotidiennes (luttes sur le terrain,
manifestations, initiatives, référendums,
formation des militants, meetings). - La pierre de touche dune
Maison commune anticapitaliste ne peut être que dans le
travail de proximité dans les milieux populaires, afin de
redonner espoir dans les capacités de résistance.
Ce travail doit accorder une importance particulière
à lintervention en direction de
limmigration dans un esprit internationaliste. - Le groupe parlementaire «A
Gauche toute!» doit devenir un des
éléments dynamique de lapparition
publique de cette Maison commune de la gauche de transformation
sociale. Le ou la coordinateur-trice national engagé de
manière commune est aussi un élément
de cette apparition. Mais, Il ne peut cependant en être la
clef de voûte. Cette dynamique devrait être
reliée dans tous les cantons, avec la volonté de
trouver un nom faisant référence au processus en
cours sur le plan national. - Dans cette perspective, les divers
journaux de la gauche combative (Gauchebdo, solidaritéS,
Résistance, Vorwärts, Zwischenberichte) devraient
envisager le chemin dune collaboration et dune
mise en commun progressive pour aller dans le sens dun titre
commun, mobilisateur et pluriel.
Bref, il faut durgence faire le choix stratégique
de privilégier la mise en commun au détriment de
lapparition distincte et séparée.
Cest cet axe que nous proposons dadopter dans
notre conférence nationale et notre congrès de
cette année.
Josef ZISYADIS
Marianne HUGUENIN*
*Ce texte est daté du 18
juin 2006. Sa version complète est disponible sur notre site
www.solidarites.ch.