Prix des médicaments et industrie pharmaceutique

«La santé est un droit,
mais les principaux agents qui agissent dans ce domaine ne sont
guère animés par le respect scrupuleux de celui-ci.
Exemple: l’industrie pharmaceutique, dont il sera abondamment
question dans les pages qui suivent. Acteur essentiel du
système, disposant de nombreux moyens d’influence, les
«pharmas» fonctionnent selon les critères du profit.
Elles investissent dans les domaines thérapeutiques où
les perspectives bénéficiaires sont alléchantes et
elles vendent là où il y a une demande solvable. Tel et
leur alpha et leur omega, conformément aux principes de
l’économie de marché.» (p. 11).
Cet ouvrage collectif analyse le discours des «pharmas»
suisses pour le confronter à la réalité de la
recherche pharmaceutique, du marché des médicaments et de
l’innovation.

Sur le rôle de l’industrie pharmaceutique dans la recherche
et son influence sur la science biologique et médicale, une
présentation détaillée avec de nombreux exemples
récents dénonce cette collusion entre les
«pharmas» et les instances «normatives» au plan
international, qui fabriquent des maladies nouvelles à partir de
réalités physiologiques ou simplement sociales. Le monde
médical est ainsi «sous influence». Près de
la moitié de ce livre très bien documenté concerne
l’analyse du marché du médicament lui-même,
des prix et des marges plus particulièrement sur sol
helvétique. En rappelant qu’entre 1997 et 2003, la hausse
annuelle des prix des médicaments a été de 9%
alors que la hausse des primes des caisses maladie a été
de 5,9%, les auteurs mettent en cause le rôle des
représentants des «pharmas» dans la politique de
santé, en particulier dans l’application de la loi sur les
produits thérapeutiques et la révision de la Loi
fédérale sur l’assurance-maladie (LAMal).

L’ouvrage est jalonné de propositions concrètes
pour une transparence du fonctionnement du marché des
médicaments, sur le rôle de Swissmedic (qui a
remplacé l’office intercantonal de contrôle des
médicaments) et de l’OFSP (Office fédéral de
la santé publique), sur une série de réformes
possibles, à court et moyen terme. Enfin, la perspective
d’une recherche orientée uniquement sur des
impératifs de santé publique et non pas de maximisation
des profits des «pharmas», sur le rôle que pourrait
jouer l’OMS dans ce domaine, nécessite de
considérer que la santé n’est pas une marchandise
et que la production de médicaments doit être
considérée comme un service public.

Pietro Boschetti, Pierre Gobet, Josef Hunkeler, Georges Muheim, Le prix des médicaments. L’industrie pharmaceutique suisse. Lausanne, Editions d’en bas, 2006, 175 p.