Activiste guatémaltèque pour la défense de lenvironnement
Activiste guatémaltèque pour la défense de lenvironnement
Sur invitation de Peace Brigades
International Suisse, Eloyda Mejía, présidente de
lAssociation des Amis du Lac dIzabal, a expliqué,
lors dinterviews aux médias suisse (du 9-15 octobre
2006), les graves conséquences écologiques et sociales de
lexploitation minière dans le département
dIzabal.
Le département dIzabal se situe au nord-est du Guatemala.
Cette région, très riche en ressources naturelles (plus
grand lac du pays, cours deau, faune, flore, pétrole,
minerais) est devenue, en particulier pour ses minerais, un site
privilégié pour limplantation des multinationales.
Une implantation facilitée, comme lindique Eloyda
Mejía, par le gouvernement guatémaltèque qui, ne
se souciant guère de lopinion des communautés
indigènes vivant sur ces terres, accorde facilement les
concessions nécessaires aux exploitations minières. De
plus, les autorités soutiennent que ces activités
encouragent le développement économique de la
municipalité. Toutefois, les expériences du passé
prouvent le contraire.
Multinationales prédatrices
Par exemple, en 1982, lentreprise canadienne INCO,
spécialisée dans lextraction du nickel, ferme ses
portes. Ses activités nont, comme le mentionne
lactiviste, certainement pas contribué au
développement économique de la région: le
département dIzabal est à ce jour le plus pauvre
du Guatemala. En outre, lentreprise a attendu 25 ans avant de
verser les royalties, cependant, sans intérêts. Un
versement qui sest fait, précise Madame Mejía,
uniquement parce que lentreprise a lintention de revenir
sinstaller dans la région.
Si lexploitation minière na, jusquà
présent, pas favorisé le développement
économique de la région, elle peut, par contre, comme
lexplique lactiviste, avoir dimportantes
conséquences sociales et écologiques.
Communautés indigènes spoliées
A lheure actuelle, 29 demandes de concessions sont
examinées pour le département dIzabal. Si elles
sont accordées, un grand nombre dhabitant-e-s
indigènes de la zone qui, pour la plupart ne possèdent
pas de titres de propriété, devront se déplacer ou
vivre à quelques mètres de lexploitation. Une
situation qui va à lencontre de larticle 7 de
laccord 169 de lOrganisation Internationale du travail
(OIT) concernant les peuples indigènes.
Cet article assure le droit aux communautés indigènes
concernées de «décider de leurs propres
priorités en ce qui concerne le processus de
développement, dans la mesure où celui-ci a une incidence
sur leur vie [
] et les terres quils occupent ou
utilisent dune autre manière», et contraint les
gouvernements à «prendre des mesures, en
coopération avec les peuples intéressés, pour
protéger et préserver lenvironnement des
territoires quils habitent.»1 LEtat guatémaltèque a ratifié, il y a dix ans, laccord 169 de lOIT.
Sol et eaux menacés
Dun point de vue écologique, les procédés
chimiques utilisés pour retirer les minerais de la roche sont
hautement toxiques tout comme les processus piro-métallurgiques
qui, pour leur part, génèrent des scories. Les
entreprises minières prévoient de stocker ces
déchets dans les zones humides du bord du lac dIzabal,
lesquelles forment des filtres naturels pour les cours deau se
jetant dans le lac. Les scories ainsi stockées vont donc
contaminer le sol, les cours deau et le lac, sources de vie de
tous les habitant-e-s de la région.
Le premier objectif de lAssociation des Amis du Lac est de
développer un tourisme soutenable cest-à-dire, qui
népuise pas et ne détruise pas les ressources
naturelles et qui profite directement à la population locale.
Pour y parvenir, lAssociation présidée par Eloyda
Mejía, sensibilise la population locale sur les
conséquences néfastes de lexploitation
minière et linforme sur les concessions accordées
par le gouvernement guatémaltèque.
De telles activités dérangent. Les membres de
lAssociation sont victimes dintimidations et de graves
menaces. Pour poursuivre ses activités, lAssociation a
fait appel à Peace Brigades International. Un accompagnement
protecteur qui comme lindique lactiviste, est très
dissuasif. Pour le moment, les menaces à lencontre
dEloyda Mejía sont, en effet, moins fréquentes.
1 Article 7 de la Partie 1 «Politique
générale» de la Convention 169 de lOIT,
Convention relative aux peuples indigènes et tribaux dans les
pays indépendants adoptée en 1989, entrée en
vigueur en 1991.