Palestine: oliviers et résistance

Palestine: oliviers et résistance



Nous avons effectué la
19ème mission civile suisse de cueillette des olives du 29
octobre au 6 novembre 2006. Elle s’est principalement
déroulée dans le village de Deir Istya, situé au
nord-ouest de Ramallah proche de la colonie d’Ariel, la plus
grande des territoires occupés…

Le village est composé de 4000 habitant-e-s et vit
principalement de la culture d’olives. Pendant la semaine nous
avons accompagné quatre familles pour la récolte de leurs
olives près des colonies.

La récolte des olives, une situation exemplaire …

Le 1er novembre 2006, à sept heures du matin nous nous rendons
dans les champs de Moiaed avec son ami Saleth et un garçon de la
famille. Ses champs sont dans une zone qui comprend un camp militaire,
la colonie de Yaqir et un poste avancé d’extension de la
colonie. La famille a des oliviers sur la route,
considérée comme militaire, et qui rejoint la route de la
colonie. Une partie de leurs oliviers est accessible, les forces de
l’occupation les ont autorisés à faire la
récolte et nous allons les aider pendant deux jours.

Mais ils possèdent également deux champs, de 50 oliviers
chacun, situés entre la colonie et le poste avancé.
Jusqu’à l’année passée les parents de
Moiaed, âgés de plus de 80 ans, ont pu récolter
leurs olives, accompagnés par des internationaux. Mais, en 2005,
ils ont subi des menaces de la part des forces d’occupation. Le
père est décédé ce mois. Son fils n’a
plus vu ses champs d’oliviers depuis 4 ans. Il profite de notre
présence pour faire un repérage et évaluer la
possibilité de faire la cueillette cette semaine avec nous.
Durant cette visite, nous avons pu constater que les oliviers
étaient en bon état et qu’il serait possible de
faire la cueillette. Nous n’avons pas été
inquiétés, ni par les colons ni par l’armée.
Nous envisageons de faire la récolte un autre jour avec un
groupe plus important de Palestinien-ne-s et d’internationaux. Au
retour de cette journée, Moiaed nous montre le tracé du
futur mur, qui le séparera de l’ensemble de ses 200
oliviers.

Nous constatons que, sur l’autre versant de la vallée, il
y a une plantation de nouveaux oliviers. Ils se situent en face de
l’avant poste de la colonie. Riseq, le coordinateur de notre
mission, nous explique: «La plantation de ces 1000 nouveaux
oliviers est une forme d’occupation du sol, de résistance
et de réponse à l’implantation des nouvelles
colonies».

Vivre sans salaire depuis plusieurs mois…

Lors de nos journées de cueillette, nous avons discuté
avec quelques enseignant-e-s. Ils ne reçoivent plus de salaire
depuis plusieurs mois et sont en grève depuis début
septembre. Ils-elles nous parlent de leur situation économique
très difficile; ils-elles doivent acheter à crédit
pour se nourrir, ils-elles ne peuvent plus payer leurs factures
d’électricité et d’eau, encore moins leurs
impôts. C’est le cas pour beaucoup d’habitant-e-s du
village.

Avec la construction du mur, la situation économique s’est
fortement détériorée dans la région. Les
grands marchés le long de la «ligne verte» ont
disparu. Les Israéliens y vendaient leurs produits de 2e main
(meubles, frigos etc) et ils achetaient la production agricole des
Palestinien-ne-s. De nombreux Palestiniennes et Palestiniens
n’ont plus la possibilité de travailler en Israël,
ils sont au chômage. Cette année à Deir Istya 16
habitant-e-s sont partis aux USA, ce qui pose des problèmes
sociaux aux familles.

Des formes de résistance…

Dans la situation politique et économique actuelle, la
possibilité d’exporter la production d’huile est un
enjeu essentiel. Aujourd’hui un agriculteur doit vendre son huile
quasiment au prix de revient.

Le soir du 3 novembre, nous participons à
l’assemblée d’une coopérative de producteurs
d’huile d’olive organisée par l’Union des
Fermiers palestiniens. Vingt-cinq producteurs y assistent. La
perspective de la récolte est de 2000 tonnes. Le débat
porte sur la mise en valeur de 3 sortes d’huiles: l’huile
d’olive vierge, l’extra vierge et l’extra vierge
biologique. Jean Marie, un expert oléicole français
présent, s’exprime ainsi: «Vous
avez un produit magnifique. Il est unique, c’est ce qu’on
appelle une huile dynamique. Il est nécessaire de se battre pour
un juste prix. Depuis 1983 l’évolution positive a
été la diminution du temps entre la cueillette et son
pressage. Il est important d’améliorer encore trois
aspects de la production: le ramassage, le transport dans des cageots
(cela représente le 70% de la qualité) et
l’aménagement des moulins

La plantation de nouveaux oliviers, l’amélioration de la
qualité de l’huile sont des formes de résistance
à l’étouffement de l’économie
palestinienne. Lors de notre première mission en 2002, la
confrontation avec les colons et les forces de l’occupation
étaient au centre de la cueillette des olives. Cette
année la mission a pu se dérouler sans incidents majeurs,
mais les tueries à Gaza sont présentes dans
l’esprit de tout le monde. Une vie ordinaire n’est jamais
possible en Palestine, les colonies, le mur et les attentes aux check
points nous le rappellent constamment.

Brigitte – Adriano – Alain

Membres de la 9ème Mission

civile suisse pour la protection

du peuple palestinien

novembre 2006

Le rapport complet sera publié sous peu sur le site www.urgencepalestine.ch


Genève: Israël dos au mur!

Du 9 au 16 novembre, a eu lieu la 4ème semaine internationale
contre le Mur de l’apartheid en Palestine. A Genève
plusieurs actions, coordonnées par le CUP, ont été
organisées. L’une des plus spectaculaires a
été la construction d’un mur symbolique de 40
mètres au passage de la Monnaie. Malgré la condamnation
du Mur par la Cour de la Haye, l’impunité de l’Etat
d’Israël perdure. Il est donc essentiel de continuer
d’alerter la population sur la situation dramatique des
Palestinien-ne-s.

Marie-Ève Tejedor