Un vert «pragmatique», mais qui rêve…d’alliance avec la droite

Un vert «pragmatique», mais qui rêve…d’alliance avec la droite

Imaginez
que vous appreniez par votre journal du matin que vos cousins ont
décidé de vendre le chalet familial. C’est à peu près ce qui est arrivé
aux militant-e-s de solidaritéS et du pop lorsqu’ils ont découvert sur
le blog d’un conseiller général vert de la ville de Neuchâtel qu’il
était temps de prôner «une nouvelle orientation politique faite de
davantage d’indépendance et donc de s’affranchir de cette alliance
pesants sur la lisibilité de la politique du mouvement écologiste.»
Justifications
du bloggeur: «Avec les succès électoraux répétés de ces derniers temps
et la progression continue de l’électorat vert qui devient de plus en
plus pragmatique et de moins en moins idéologique, il me semble
légitime de remettre en cause notre alliance avec les petits partis
d’extrême gauche.»

Ce qui nous dérange ici ce n’est pas que l’on
se pose la question: elle est légitime et appartient au débat
politique, mais qu’on la pose sous cette forme.

Passons sur le
manque de délicatesse du procédé, regardons les conséquences de ce coup
de clairon. L’apparentement PopVertSol est une spécificité
neuchâteloise comme l’absinthe du Val de Travers, le Busker’s festival
de Neuchâtel ou le vin de La Chaux-de-Fonds: un montage particulier,
une conjonction originale et une construction fragile. Les Verts ont un
conseiller d’Etat mais pas de membres dans les exécutifs communaux, le
POP est majoritaire à l’exécutif du Locle, présent à l’exécutif de La
Chaux-de-Fonds mais plus discret dans le bas du canton, solidaritéS
n’est pas présent dans ces deux villes mais a un membre de l’exécutif
communal à Neuchâtel.

Ensemble les trois groupes obtiennent le
quorum nécessaire pour siéger dans les commissions parlementaires du
parlement neuchâtelois. Seuls, aucun ne peut peser sur la politique
cantonale.
Or, faut-il le rappeler, la majorité de gauche au Grand
Conseil neuchâtelois ne tient qu’à une voix, celle de la députée de
solidaritéS, Marianne Ebel. Porter ainsi le doute sur l’alliance des
partis de gauche, ne fait qu’affaiblir la position des uns et des
autres et réjouir nos adversaires.
Sentant le danger, les Verts de
la ville de Neuchâtel se sont clairement prononcés pour le maintien de
l’alliance, renvoyant le nouveau stratège à sa solitude.

Pourtant lorsqu’on lit la phrase suivante dans ses commentaires: «Je
pense qu’il soit judicieux de ne pas se fermer pour des raisons
idéologiques à des alliances ponctuelles avec la droite pour faire
passer nos idée
s» on a encore de quoi s’inquiéter et pas seulement de la syntaxe de cet élu.

Pascal HELLE

Conseiller Général