RFFA

RFFA : Dumping fiscal à la vaudoise

Le canton de Vaud a anticipé la réforme fiscale RFFA (anciennement RIE 3) en 2016. Depuis, les impacts que nous prédisions se réalisent: pression sur les services publics et hausses d’impôts à la population rattrapent les pertes fiscales.

CHUV Lausanne

Le CHUV fait face à une diminution des effectifs et une menace de privatisation.

Le 17 mars 2019, la population de Nyon refusait une augmentation de quatre points d’impôt communal, précédemment adoptée par le corps délibérant de la ville mais portée en référendum par la droite. Pris·e·s entre le marteau et l’enclume, les habitant·e·s n’avaient d’autres possibilités que de consentir à cette hausse ou de voir leurs services publics se détériorer.

On peut regretter ce résultat, tant les services publics sont essentiels pour nombre de salarié·e·s, de retraité·e·s et de chômeurs·euses, en particulier les plus précaires. Mais cette situation est avant tout le fruit de la politique des caisses vides entamée par le passage en force de la RIE 3 vaudoise.

Hausse d’impôts ou casse des prestations

Ce sont les communes qui trinquent les premières. Un tiers des 500 millions de francs de pertes annuelles provoquées par la RIE 3 vaudoise grève leurs budgets. Certaines d’entre elles ont d’ores et déjà coupé dans les prestations sociales et l’entretien des infrastructures, comme Epalinges, alors que à Rolle, Gland, Morges et désormais Nyon, les chiffres sont au rouge. Partout, ce qui se profile, c’est plus de ponctions fiscales pour moins d’accès aux soins, moins d’encadrement parascolaire, moins de transports publics, etc.

Sur le plan cantonal, deux services publics sont attaqués depuis 2017. Avec la diminution des effectifs et la menace de privatiser le CHUV, le secteur de la santé est sous pression ; tant les conditions de travail que les prestations à la population s’y détériorent. Du côté de l’accueil parascolaire, les salarié·e·s résistent – pour l’heure avec succès – à la tentative d’introduire un nouveau cadre de référence visant à des économies d’échelle impliquant la dégradation des conditions de travail et, partant, de l’accueil des enfants en crèche et garderie.

À l’approche de la votation sur la réforme RFFA, grande sœur de la RIE 3 vaudoise, Vaud montre l’exemple à ne surtout pas suivre. Alors même qu’il s’agit d’un des cantons les plus puissants de la Suisse sur le plan économique, il ne parvient pas à empêcher la casse des services publics et le report d’impôts sur la population. On n’ose imaginer la catastrophe que cela donnerait à l’échelle du pays.

Pierre Conscience