Renvoi forcé en terre inconnue

Renvoi forcé en terre inconnue : Délit d'inhumanité des autorités cantonales

Le 4 décembre de l’an dernier à l'aube, Mme B. et son jeunes fils de 13 ans, re-qué-rant·e·s d’asile originaires d’Iran, ont été victimes d'un renvoi forcé en Italie dans des conditions indignes, suite à une décision de non entrée en matière. Alors que la droite xénophobe souhaite durcir encore la politique migratoire, leur témoignage doit servir de piqûre de rappel, montrant qu'au-delà les éléments de langage bien rôdés aux relents de racisme, vient le temps des vies brisées.

Ce renvoi applique les accords de Dublin, qui permettent aux autorités cantonales d'effectuer le renvoi de tout individu dans un pays dans lequel il aurait déjà demandé asile. Sont ainsi concernées des personnes ayant obtenu leurs documents par des passeurs ou celles dont l’identité a été contrôlée, dans des pays situés aux bords de la zone européenne, même s’ils n’y ont jamais construit de projet de vie. Par son incohérence et sa violence, ce renvoi est un exemple des dérives de la politique migratoire suisse.

 

Menottés et violentés

Nous publions ici des extraits de l'interpellation déposée le 7 janvier par notre camarade Jean-Michel Dolivo au Grand Conseil vaudois, qui contient le témoignage de Mme B. :

 

« Voilà ce qui s’est passé dans le foyer de l’EVAM à Valmont, selon le témoignage de la maman du jeune iranien, et quelles ont été les conditions du renvoi :

‹ C’était à 6h du matin. Huit policiers sont venus, quatre étaient en uniforme. Mon fils et moi nous dormions. Ils ont attrapé mon fils violemment par le poignet et l’ont forcé à baisser la tête en faisant une pression sur sa nuque. Ils l’ont tiré avec brutalité dans le couloir. Ils ne nous ont pas laissé nous habiller. Mon fils portait un tee-shirt et un short. J’avais un tee-shirt et un training. Nous n’avions rien aux pieds. Ils ont mis les chaussures de force à mon fils et l’ont poussé. Les voisins ont essayé de nous aider mais les policiers les ont repoussés. Les policiers nous ont passé les menottes à mon fils et à moi. Ils ont refusé que j’emmène mon appareil auditif alors que j’ai déposé plusieurs documents au dossier qui expliquent que je souffre de surdité. Ils ont pris des affaires au hasard et les ont jetées dans un sac. Mon fils a demandé plusieurs fois qu’on lui enlève les menottes mais les policiers ont refusé.

‹ Avant d’entrer dans l’avion j’ai demandé d’aller aux toilettes mais on m’a refusé. Ils m’ont attaché les mains sur une ceinture et ils m’ont mis les menottes aux pieds également. […] J’ai perdu connaissance. […] Après, deux policiers m’ont soulevée chacun par un bras et m’ont tirée jusqu’à l’aéroport. Dans l’avion nous n’étions pas ensemble. J’étais à l’arrière et mon fils était à l’avant. J’étais effroyablement inquiète et en état de choc. En outre je n’ai plus pu me retenir et je suis arrivée souillée à l’aéroport en Italie. Mon fils a demandé d’être avec moi mais ils ont refusé. […]

 

Livrés à eux-mêmes

‹ Arrivés en Italie, la police nous a donné une adresse introuvable. Je n’avais pas de plan, ne parle pas italien et je n’avais pas d’argent. Dans un parc, nous avons rencontré des iraniens, des afghans. Ils nous ont montré une espèce de camping où se trouvent les immigrants. Il y avait des tentes et beaucoup de monde. Il n’y a aucune organisation pour accueillir les gens. Nous étions dans une tente avec d’autres familles qui avaient des enfants. Les gens se débrouillaient pour cuire des spaghettis. Je n’ai pas vu de douche. Il y avait des toilettes sales. Nous sommes restés quatre nuits dans cet endroit puis des gens nous ont donné de l’argent pour prendre le train pour Lausanne.

 

[Cette famille] a demandé l’asile en Suisse le 3 avril 2013. Par décision du 24 juin 2013, l’ODM a ordonné l’exécution du renvoi en Italie […]. Dans son recours du 2 juillet 2013, Mme B. a expliqué qu’elle a obtenu le visa italien par l’intermédiaire d’un passeur mais qu’elle n’a jamais vécu en Italie. […]. Par arrêt du 8 juillet 2013, le TAF a rejeté le recours. […] Une lettre des enseignants de l’enfant M., du 10 octobre 2013, atteste que celui-ci est bien intégré à l’école. Il fait preuve d’un très bon comportement, c’est un élève gentil et respectueux. Il est un élève brillant, qui comprend et intègre très vite les nouvelles notions et qui a rapidement appris le français et rejoint le groupe des élèves avancés. […]

Mme B. a précisé ses motifs d’asile : Elle explique qu’elle s’est convertie au christianisme ce qui est interdit en Iran et est puni de la peine de mort ou de la prison. […]?  Une demande de reconsidération de la décision de renvoi en Italie a été déposée le 10 décembre 2013 au nom de Mme B. et de son fils par le Service d’Aide Juridique aux Exilé·e·s (SAJE).»

Affaire à suivre.?

 

Pierre Conscience


MARDI 28 JANVIER 2014

19H30 BUVETTE DE LA SALLE 

DE SPECTACLE DE RENENS 

(10 minutes à pied de la gare CFF)

SOIRÉE

COLLECTIF VAUDOIS 

DE SOUTIEN AUX MIGRANT·E·S

PROJECTION

LO STAGIONALE

Film d’Alvarro Bizarri traitant 

des conditions de vie des enfants de saisonniers

DÉBAT

DISCUSSION SUR LES CONDITIONS 

DE VIE ET DE TRAVAIL DES MIGRANT·E·S 

EN SUISSE ET EN EUROPE

Christophe  Tafelmacher Avocat, 

membre du Collectif Vaudois de Soutien aux Sans - Papiers 

Cesla Amarelle — conseillère nationale PS 

Ainsi que le témoignage d’un·e migrant·e