Fonction publique: le Conseil d’Etat s’en prend au droit de grève

Fonction publique: le Conseil d’Etat s’en prend au droit de grève

En décrétant
illégale la grève du mercredi 21 mai
décidée par l’assemblée de la fonction
publique vaudoise, le Conseil d’Etat, via son organe de
conciliation, s’attaque frontalement et de manière
inédite aux libertés syndicales les plus
élémentaires. Pourtant, à l’heure où
11 000 salarié-e-s de l’Etat de Vaud ne connaissent
toujours pas leur future classification et où des pertes
salariales importantes sont annoncées dans de nombreux secteurs
professionnels, la lutte est plus que jamais légitime.

L’Organe de conciliation et d’arbitrage a donné
raison au Conseil d’Etat qui soutenait que la grève
décidée par une large majorité de votant-e-s lors
de la dernière assemblée de la fonction publique
était «politique», dans la mesure où des
négociations se tenaient toujours entre les syndicats et le
gouvernement. La grève dite «politique» est
jugée illégale et anticonstitutionnelle en Suisse, et
peut entraîner des sanctions très dures contre les
grévistes qui peuvent aller jusqu’au renvoi pur et simple.

A l’occasion de la grève du 31 janvier déjà,
le Conseil d’Etat avait voulu décider seul si cette mesure
de lutte était licite ou non, s’arrogeant ainsi le statut
inquiétant de juge et partie. Un nouveau pas est
aujourd’hui franchi dans la restriction des libertés
syndicales et dans la violation du droit de grève, puisque le
Conseil d’Etat impose la paix du travail par la contrainte et la
menace.

Pourtant, il est difficile d’invoquer l’argument des
négociations en cours pour justifier cette interdiction, puisque
le gouvernement refuse ouvertement de communiquer la moindre
information sur la future classification de 271 fonctions, concernant
11 000 salarié-e-s de l’Etat de Vaud. Ainsi, pour ces 271
fonctions, il exclut de fait la négociation. Du coup,
c’est le silence et l’allégeance de ces 11 000
salarié-e-s – les perdant-e-s et les déclassé-e-s
de la réforme «decfo/sysrem» – que le gouvernement
cherche à imposer en interdisant la grève. De plus, dans
la mesure où la réforme entraîne des pertes
salariales importantes sur l’ensemble d’une carrière
pour la majorité des employé-e-s, c’est tout
simplement au droit le plus légitime de défendre ses
intérêts que s’attaque le Conseil d’Etat.

Régressions salariales

Malgré la vaste mobilisation du 31 janvier dernier, le Conseil
d’Etat n’a en effet pas cédé sur un des
aspects les plus pernicieux de la réforme dite
«decfo/sysrem»: l’étalement des
annuités (26 annuités prévues par la nouvelle
réforme, contre 20 actuellement et 14 il y a 6 ans). Cet
étalement des annuités, c’est-à-dire ce
ralentissement de la progression salariale due à
l’ancienneté est synonyme de pertes salariales
conséquentes sur toute une carrière (de l’ordre de
50 mille francs pour un-e employé-e de l’administration
avec CFC par ex. ou de  250 mille francs pour un-e enseignant-e du
secondaire I). Et, il faut le relever, ce sont les femmes les plus
touchées par cet aspect de la réforme, dans la mesure
où leur carrière est statistiquement plus courte que
celle des hommes. D’autre part, le gouvernement fait la sourde
oreille sur la hausse du salaire minimum à 4000 francs par mois
contre 3600 actuellement, exigée par l’ensemble des
associations du personnel.

Piège de la division

Depuis le début, le Conseil d’Etat cherche à faire
jouer les revalorisations salariales les unes contre les autres pour
diviser les salarié-e-s de l’Etat de Vaud afin
d’affaiblir les résistances. Or, seule une mobilisation
unitaire fondée sur une large solidarité intersectorielle
parviendra à faire reculer de manière substantielle un
Conseil d’Etat dominé par la droite dure que l’on
connaît. Une droite qui mène une politique de classe,
consciemment dirigée contre les intérêts de la
majorité des salarié-e-s, une droite qui n’a aucun
scrupule à multiplier les provocations et qui est prête
à en découdre frontalement avec ses employé-e-s.
Puisque en réalité, son objectif n’est pas de
redistribuer une part des 950 millions de francs excédentaires
du canton pour les salaires de ses employé-e-s, pourtant bien
mis à mal depuis plus d’une décennie, mais bien
plutôt de les dilapider sous la forme de cadeaux fiscaux pour les
plus riches contribuables. Un premier train de mesure est ainsi
annoncé, qui comprend une diminution de 25% de
l’imposition des dividendes des actionnaires ainsi qu’un
plafonnement de l’imposition des riches contribuables,
véritable «bouclier fiscal» qui ne dit pas son nom.
Autant de mesures injustes qui devraient coûter à
l’Etat de Vaud quelque 90 millions de francs par an.

Au chapitre des divisions que cherche à provoquer le
gouvernement dans le camp des travailleurs-euses, la
Fédération des sociétés des fonctionnaires
(FSF) joue un jeu dangereux en renonçant au développement
de la mobilisation, laissant aux deux autres syndicats SUD et SSP le
soin de poursuivre une lutte indispensable. Pourtant, la FSF ne compte
pas seulement dans ses rangs des cadres de l’administration (les
gagnant-e-s incontestables de la réforme) mais aussi un grand
nombre d’employé-e-s largement perdants, qui se voient
sacrifiés au nom d’une culture de la paix sociale à
tout prix, qui au final profite toujours aux employeurs, jamais aux
employé-e-s.

Pour l’heure, l’urgence est à la défense des
libertés syndicales et à la relance de la mobilisation:
à ce jour, si le Conseil d’Etat a bafoué le droit
de grève, il tolère encore les manifestations!

Hadrien Buclin

NON à l’ouverture prolongée des magasins à Yverdon pour «fêter» l’Eurofoot!

SIGNEZ LA PÉTITION D’UNIA

La Municipalité d’Yverdon a décidé
récemment, sans consultation du personnel concerné,
d’autoriser deux ouvertures prolongées vendredi 6 juin
jusqu’à 22h00 et samedi 7 juin jusqu’à 18h00.

Ceci au prétexte qu’une ouverture prolongée des
magasins inciterait les habitant-e-s d’Yverdon à faire la
fête pour le début de l’Eurofoot 2008. Mais il
s’agit surtout de créer ainsi un précédent
pour d’autres ouvertures prolongées de commerces.

Yverdon serait ainsi la seule ville du canton de Vaud à
autoriser une extension des heures d’ouvertures des commerces en
lien avec l’Euro 2008. Or une déréglementation des
horaires d’ouverture des magasins représente une vraie
détérioration des conditions de travail et une forte
entrave à la vie familiale et associative.

Mardi 20 mai 2008, une assemblée du personnel de la vente
convoquée par UNIA a réuni plus de cinquante vendeurs-ses
et a décidé le lancement d’une pétition du
personnel de la vente d’Yverdon, adressée à la
Municipalité et qui lui sera remise par le personnel de la vente
Jeudi 29 mai 2008.

Une pétition «tous publics» pour soutenir
l’action du personnel de la vente d’Yverdon, sera remise au
Président du Conseil communal lors de sa séance le 5 juin
2008.

Le rendez-vous est :

5 juin 2008 à 19h15

Place Pestalozzi à Yverdon-les-Bains.

Venez y manifester votre solidarité!

La pétition d’UNIA peut être téléchargée sur notre site:
www.solidarites.ch. ||  

Pierre Vanek