Pour une Ve Internationale: Appel du président vénézuélien Hugo Chávez

Pour une Ve Internationale: Appel du président vénézuélien Hugo Chávez

Lors d’une rencontre
internationale des partis et mouvements de gauche, le 20 novembre 2009,
à Caracas, le président de la République
bolivarienne du Venezuela, Hugo Chávez Frías, a
proposé la création d’une Ve Internationale,
« qui suivrait la IVe Internationale fondée
à Paris en 1938 ». Une seconde rencontre
mondiale (plus large) devrait se tenir à Caracas en avril 2010.




Les délégués du
MAS (Bolivie), du FMLN (El Salvador) et du FSLN (Nicaragua) ont soutenu
la proposition. D’autres délégués –
Bloco de Esquerda (Portugal), Die Linke (Allemagne), Parti de
gauche (France) – ont annoncé qu’ils la soumettront
à leurs organisations. Plusieurs partis communistes (dont ceux
de Grèce et du Brésil) ont manifesté leur
opposition.




Comme première contribution
à ce débat, nous publions l’extrait d’un
texte de François Sabado, membre du Bureau exécutif de la
IVe Internationale et militant du NPA (France). Notre journal publiera
d’autres contributions dans ses prochains numéros (HP Renk)

Les responsables ou partis qui posent la question de
l’Internationale ne courent pas les rues, c’est le premier
mérite de l’appel de Chavez. Cet appel s’accompagne
d’une déclaration qui dénonce le caractère
systémique de la crise capitaliste, au-delà de ses
dimensions financières et bancaires, et réaffirme la
perspective du socialisme du XXIe siècle. Elle appelle à
l’urgente mobilisation contre la nouvelle offensive
impérialiste, en Amérique latine, de
l’administration nord-américaine et de la droite
latino-américaine.

    Sur la base de cet appel, un large front
anti-impérialiste mondial peut se constituer pour marquer sa
solidarité avec la lutte des peuples pour leurs droits sociaux
et politiques, pour s’opposer aux nouvelles bases
nord-américaines en Colombie, pour appuyer, en particulier, la
mobilisation du peuple du Honduras contre le nouveau régime
dictatorial. Dans le bras de fer qui oppose les puissances
impérialistes aux luttes des peuples, un tel front mondial
constituerait un instrument important pour combattre le pouvoir des
classes dominantes, non seulement en Amérique latine mais dans
le monde entier.

    […] Chavez appelle à la constitution
d’une Ve Internationale Socialiste. Cela remet à
l’ordre du jour la discussion sur une nouvelle Internationale.
Chavez situe la constitution d’une Ve Internationale dans la
continuité de la IVe. Nous l’avons déjà
déclaré à maintes reprises :
qu’importent les étiquettes, s’il y a convergence
sur le contenu. Mais la constitution d’une nouvelle
Internationale implique tout un processus autour d’un programme,
une politique, une organisation, qui doit être mené sur la
base d’une large discussion avec tous les protagonistes.
    Chaque parti, chaque organisation, chaque courant,
chaque militant doit contribuer à ce débat. Pour ce qui
concerne la IVe Internationale, elle a déjà
formulé, à de nombreuses occasions, ses
propositions :

  • Un programme anti-impérialiste et anti-capitaliste, qui
    parte des revendications et besoins sociaux des classes populaires,
    propose une nouvelle répartition des richesses,
    l’appropriation publique et sociale des secteurs-clés de
    l’économie et débouche sur la transformation
    révolutionnaire de la société.
  • L’unité d’action de toutes les organisations,
    courants, militants contre les attaques des gouvernements et des
    classes capitalistes.
  • L’indépendance des mouvements sociaux, des
    associations et des organisations syndicales vis-à-vis des
    partis et des États.
  • La solidarité avec toutes les luttes des peuples contre toutes les puissances impérialistes.
  • La lutte contre les oppressions et la défense des droits des femmes, des homosexuels, des jeunes et des immigrés.
  • La lutte pour des gouvernements des travailleurs et des classes
    populaires qui satisfassent les principales revendications sociales et
    écologiques, s’appuient sur la mobilisation de la
    population et son contrôle sur les principaux secteurs de
    l’économie. Cette perspective implique de ne pas
    participer à des gouvernements de gestion de l’État
    et de l’économie capitaliste avec les partis du centre
    gauche ou de la social-démocratie.
  • Le caractère central de l’auto-émancipation
    et de l’auto-organisation des peuples dans le projet de
    renversement du capitalisme.
  • Un projet éco-socialiste qui combine la satisfaction des
    besoins sociaux ainsi que le respect et l’équilibre de
    notre écosystème.
  • La démocratie socialiste comme projet de
    société : autogestion de l’économie,
    démocratie, et pluralisme des partis et mouvements sociaux.

    L’appel de Chávez à une Ve
Internationale constitue un point d’appui lorsqu’il pose la
question d’une nouvelle Internationale, indépendamment de
la IIe [Internationale socialiste], dont sont membres les partis
sociaux-démocrates, le PRI mexicain ou le PT brésilien.
Mais il faut aussi clarifier une question […], la
différence entre les politiques d’Etat et la construction
d’un projet politique. Une chose est de conclure des accords
économiques et commerciaux avec des États dirigés
par des gouvernements anti-impérialistes, avec d’autres
États, y compris dotés de régimes
réactionnaires, ou encore de s’opposer à des
attaques de l’impérialisme contre certains pays, autre
chose est le soutien politique apporté à des
régimes comme ceux du Parti communiste chinois ou de la
République Islamique d’Iran. Le projet d’une Ve
Internationale ne peut de près ou de loin être
associé à ces régimes.


François Sabado
Pour le texte intégral, cf. europe-solidaire.org/spip.php?article15660