Grève à ISS: la lutte continue !

Grève à ISS: la lutte continue !

Une quinzaine de
salarié·e·s d’ISS Aviation à
l’Aéroport de Genève (AIG) sont en grève
depuis le 9 juillet pour le maintien et le respect des CCT
dénoncées par ISS.

Pour les nettoyeurs·euses, les salaires de la CCT varient de
3658 Fr. à l’engagement à 4847 Fr. en fin de
carrière. ISS veut baisser ces montants à 3430 Fr et 3550
Fr. respectivement, une perte jusqu’à 1300 Fr. par mois!

    Pour mettre ceci en perspective, il faut savoir
qu’ISS est une multinationale avec 520 000
employé·e·s dans plus de 50 pays. Or ce 25
août, ladite multinationale communiquait une croissance de ses
revenus de 7 % pour le 2e trimestre 2010 en comparaison avec la
même période de 2009. Ses recettes globales pour le
trimestre en question se sont montées à 3,4 milliards de
dollars! ISS se vantait dans le même communiqué d’un
taux de croissance de ses affaires
« particulièrement bon », le taux de
profit opérationnel ayant par ailleurs augmenté de
10 % pour le premier semestre de 2010 par rapport au premier
semestre de 2009.

    Ses bons résultats ISS les attribue à
sa campagne de « réduction de coûts à
l’échelle de l’ensemble du groupe entreprise en
2009 », il s’attend ainsi à une marge
opérationnelle pour 2010 significativement supérieure
à l’an dernier.

La bourse… ou la vie !

Ces « bonnes nouvelles »,
préparées par des mesures aux quatre coins de la
planète, comme en ont été victimes les
salarié·e·s d’ISS à Cointrin, servent
à ouvrir la voie à un juteux lancement en bourse
d’ISS par ses propriétaires, les fonds
d’investissement privés Goldman-Sachs Capital Partners et
EQT Patners AB, qui ont acquis ISS en 2005 en vue de profits rapides…

    Voilà le fond du problème. Pourquoi
l’Aéroport, établissement public cantonal, doit-il
devenir un lieu de profit pour des brasseurs d’affaires? Le
nettoyage des avions à Cointrin, comme les autres
activités aéroportuaires, devrait naturellement
être assumé par des employé·e·s de
l’Aéroport, dont les conditions de travail et la
rémunération relèveraient d’un statut et
d’un contrôle démocratique digne de notre
collectivité.

    A défaut, il faudrait imposer sur
l’ensemble du site de l’Aéroport, les normes du
secteur public en matière salariale et de conditions de travail,
y compris pour les entreprises privées qui y obtiennent mandats
ou concessions. Ceci comme garantie contre la sous-enchère
salariale et sociale sur ce site public : un objectif qui
pourrait faire l’objet d’une initiative populaire
cantonale !

La Ville contre le dumping salarial

En attendant, le soutien à la grève s’impose. Dans
ce sens, solidaritéS a demandé à son élu
à l’exécutif de la Ville, Rémy Pagani,
d’examiner si celle-ci travaillait avec ISS et
d’intervenir, le cas échéant, pour transformer ces
rapports en levier en faveur des travailleurs·euses. Il est
ainsi apparu que la Ville avait des contrats avec ISS portant à
hauteur d’un demi-million par an environ, dont 150 000 Fr
pour le nettoyage des abribus.
Sur proposition de notre camarade, le CA a donc décidé ce mercredi 1er septembre :

 d’écrire à ISS en les invitant à
maintenir les CCT qui existent à ISS Aviation depuis 15 ans ou,
à défaut, de faire appliquer la CCT de Swissport, qui
détient la concession et sous-traite le nettoyage des avions
à ISS Aviation.

 d’écrire au Conseil d’Etat, responsable de la
politique salariale menée par l’Aéroport
International de Genève pour qu’il impose à
Longchamp, Conseiller d’Etat et président de l’AIG,
d’inviter Swissport à changer de sous-traitant et à
faire appliquer par le repreneur les conditions de la CCT de Swissport.

 A défaut si dans 15 jours, des mesures
n’étaient pas prises pour mettre fin à ce conflit
de travail de désengager immédiatement la Ville de ses
contrats avec ISS.

    Un engagement bienvenu, symbolique et
matériel, contre le dumping salarial à
l’Aéroport et un exemple à suivre pour
d’autres collectivités. 


Pierre Vanek