Droit à l’avortement: jouer cartes sur table!

Droit à l’avortement: jouer cartes sur table!


Soucieuse de la mise en place d’une réglementation garantissant aux femmes une bonne application du nouveau droit acquis en matière d’avortement, l’Association suisse pour le droit à l’avortement et à la contraception (ASDAC) a adressé une série de recommandations à tous les médecins cantonaux. Récemment la Coalition féministe (Femco) et La Marche mondiale des femmes ont organisé, ensemble avec l’ASDAC, une conférence de presse à Neuchâtel pour faire le point sur ces règlements d’application. A ce jour, tout n’est pas encore terminé, mais le résultat est plutôt surprenant.


Le canton du Valais s’est prudemment montré à l’écoute de l’ASDAC: seul le Planning familial figure comme relais dans le dossier que les médecins doivent remet-tre aux femmes enceintes. Ainsi, comme l’avait demadé l’ASDAC, les Valaisannes pourront sans risque de se tromper d’adresse se diriger vers un service qui les aidera, si elles le souhaitent, à faire le point de leur situation.


Le Canton de Vaud -peut-être par souci de faire plaisir à chacun (pas forcément à chacune!)- s’est voulu plus exhaustif… Le médecin remettra aux Vaudoises un dépliant en deux parties distinctes. La première, destInée aux femmes demandant une interruption de grossesse, invite celles qui le souhaitent à s’entretenir librement avec des professionnels de leur choix. Suit la liste des divers plannings familiaux du canton, avec une explication du type de service qu’on y obtient gratuitement. La deuxième partie du dépliant est expressément adressé aux femmes qui décident de poursuivre leur grossesse. Vient ici une liste de 14 adresses allant du planning familial et des centres de consultation conjugale à SOS-futures mères en passant par la Croix Rouge et le Mouvement de la condition paternelle(!). Là, il y en a apparemment pour tout le monde…


Mais le record de la confusion est, pour l’heure, battu par le canton de Neuchâtel. Là, à égalité avec le Planning familial et le Service des mineurs, «SOS futures Mamans» figure sur toute une page d’un dossier intitulé «Interruption volontaire de grossesse (IVG)»! Titrant «Enceinte et des problèmes à résoudre….», SOS futures mamans annonce, au même titre que la Planning familial, «une aide psychologique et morale, une permanence téléphonique et une aide matérielle». Seule la parenthèse précisant le genre d’aide matérielle «habits, lait, poussettes» pourrait mettre la puce à l’oreille d’une femme en détresse qui ne sait pas qui se trouve derrière ce «SOS futures mamans». Pour un canton qui a accepté à 85% des voix la nouvelle loi donnant aux femmes concernées le droit de choisir elles-mêmes si elles veulent ou non interrompre leur grossesse, c’est un comble.


La conférence de presse dénonçait – en toute clarté – les confusions que pourrait entraîner la distribution de ce dossier neuchâtelois. L’ASDAC, la FEMCO et La Marche mondiale ont en parallèle adressé une lettre à Monica Dusong – la conseillère d’Etat, responsable de la santé – pour lui demander que SOS futures mamans ne figure pas dans les adresses fournies aux femmes qui se posent la question d’interrompre leur grossesse. Quand on sait, notamment, que via Internet, on peut passer par un simple clic de SOS futures mamans à la «fenêtre d’Einsielden» où l’on propose aux femmes enceintes d’aller déposer incognito à Einsiedeln leur bébé non désiré, on mesure l’importance de cette revendication!


Cette mise au point a bien évidemment fâché SOS futures mamans: pression sur le journal local (Express/Impartial) qui s’est fait écho de la conférence de presse dénonçant ce choix aberrant du canton, téléphones répétés aux militantes qui s’engagent pour une application claire du nouveau droit acquis en matière d’interruption de grossesse, lettre de lectrice mensongère, relayée au Grand Conseil par un député radical, la polémique va bon train. Elle restera probablement sans grand écho dans ce canton où nous sommes nombreuses et nombreux à lutter depuis des années pour le droit des femmes à ne mettre au monde que des enfants désirés. Pour ce qui est du dossier qui devra être remis aux femmes souhaitant avorter, nous attendons la réponse du Conseil d’Etat. Parions qu’elle sera positive. Sinon les femmes seront une fois de plus appelées à se mobiliser pour faire valoir leurs droits.


Marianne Ebel