Réforme de la loi sur l'asile

Réforme de la loi sur l'asile : La confédération reprend le centre de Perreux

Lors de la dernière session du parlement neuchâtelois, le Conseiller d’Etat en charge de l’asile a révélé la perspective imminente de transfert du centre de requérants de Perreux à la Confédération.

 

Il s’est vu contraint à cette information, gardée soigneusement secrète jusqu’alors, dans le cadre du traitement de deux postulats relatifs à la sécurité dans le centre de Perreux. L’un d’eux, soutenu par solidaritéS, demandait le retour en mains publiques de la gestion de la sécurité à Perreux. En effet, contrairement à la pratique ordinaire dans les deux autres centres cantonaux de requérants situés à Couvet et Fontainemelon, la sécurité du centre de Perreux, d’une capacité de 200 places, a été confiée à une société privée dès son ouverture début février 2013.

L’autre postulat émanait de la toute nouvelle Commission « sécurité Perreux » du GC qui demandait une analyse du fonctionnement interne du centre de Perreux et notamment de l’adéquation des moyens et des mesures sécuritaires face aux besoins d’un «accueil respectueux, digne et rigoureux» à la suite de plusieurs évènements graves qui ont secoué le centre de Perreux depuis son ouverture.

Comme le dit L’Express, le conseiller d’Etat «a retourné le Grand Conseil comme un gant» et ces deux postulats sont partis aux oubliettes, après toutefois que le GC ait accepté un nouveau crédit de fonctionnement extraordinaire de 700 000 francs pour Perreux. Notons que celui-ci fait suite à un autre crédit urgent de 864 000 francs pour le financement de la sécurité de Perreux, non prévu au budget 2012.

Le CE entend désormais «consacrer son énergie à faire aboutir les tractations en cours» ! La première étape sera la signature imminente d’une déclaration d’intention avec la Confédération. A partir de là les négociations devraient porter sur les modalités du transfert. Sur celles-ci : silence radio !

 

 

Privatisation via la Confédération

Ce que les explications confuses de nos autorités et des médias locaux ne disent pas non plus c’est que tous ces centres dits «repris par la Confédération» seront – en fait – confiés à des sociétés privées qui se partageront les tâches de sécurité d’une part et d’encadrement d’autre part. Après la votation, les choses vont très très vite ! Un appel d’offres a été lancé dans ce sens début juillet pour les cinq régions du pays, soit une côté romand, une au Tessin et les trois autres en suisse alémanique.

Même s’ils en perdent malheureusement le titre, ces nouveaux centres d’enregistrement seront pourtant toujours bel et bien des centres d’accueil?; et l’on sait à quel point un accueil véritable, incluant écoute, information  et formation nécessaires, est un prélude indispensable à l’intégration des personnes en situation d’exil dans notre société. Des centres installés dans les abris de la protection civile ou à des kilomètres de la première bourgade, où les interactions avec le personnel d’encadrement comme avec les habitants sont très réduites – en dehors des services rendus à la collectivité locale – et où le personnel de sécurité occupe une place prépondérante correspondent à un modèle qui n’est pas acceptable dans une vraie perspective d’accueil et de défense de la démocratie.

Devant toutes les options de cette réforme qui, comme toujours, vise à optimiser de manière unilatérale les conditions d’exécution du devoir d’asile, on se doit de rester très vigilant et de trouver les moyens d’exercer un droit de regard citoyen  efficient sur la manière dont notre pays et les diverses collectivités publiques honorent  leurs responsabilités vis-à-vis des personnes en situation de demande d’asile.

 

Dimitri Paratte