Subventionner la surexploitation ou verser des salaires minimums décents? Le cas étasunien

Selon l’OCDE, les USA ont aujourd’hui la plus grande proportion de salarié·e·s pauvres du monde développé. Un salarié sur quatre reçoit moins que les deux-tiers du salaire médian, c’est la même proportion d’entre eux qui dépend de l’assistance publique. 60 % des gens qui reçoivent des coupons d’aide alimentaire sont en emploi.

Ce n’est pas un hasard… et les démocrates y sont pour beaucoup. En effet, un consensus « bipartisan » a émergé au cours des années 90 selon lequel « un travail », n’importe quel travail, était préférable à l’assistance publique… Ça a conduit en 1996 à une réforme controversée de la législation : les républicains ont exigé du travail des bénéficiaires d’aides sociales, la plupart des démocrates les ont soutenus en obtenant quelques mesures d’aide sociale nouvelles pour les tra­vail­leurs·euses à bas revenu…

De fait, il a été ainsi créé et entretenu un marais de bas salaires et de très bas salaires, alimenté par des injections considérables d’argent public sous forme de mesures d’assistance. Le cas de McDonald’s dans l’industrie du fast food est exemplaire. Les tra­vail­leurs·euses de cette seule entreprise reçoivent 1,2 milliards de dollars d’aide publique par an, comme le montre une étude récente de l’Université de Berkeley, alors que – l’an dernier – ladite firme engrangeait 7,44 milliards de bénéfices, versait 52,7 millions à ses cadres dirigeants et distribuait 7,7 milliards de dividendes à ses actionnaires.

La chaîne de supermarchés géante Walmart représente un cas analogue, son personnel « bon marché » et surexploité lui est offert grâce à des milliards d’assistance publique, un seul supermarché dans le Wisconsin coûte un million par an aux contribuables en subvention. Mais ce ne sont pas juste supermarchés et fast foods qui sont dans ce cas. Aux guichets des banques, un·e employé·e sur trois est à l’aide sociale. Le secteur bancaire, particulièrement profitable, paye des salaires de misère et compte sur la collectivité publique pour que ses em­ployé·e·s survivent ! Et ces milliards dépensés en subventionnant le maintien de salaires trop bas et la surexploitation de millions de tra­vail­leurs·euses sont des milliards détournés de services publics comme l’enseignement ou la santé.

Mais la conscience que les gran­des entreprises peuvent et doivent payer des salaires minimums décents, que le problème c’est les trop bas salaires et qu’il faut que ça change se répand et commence à galvaniser le monde du travail aux quatre coins des USA. L’exigence de salaires minimums massivement réévalués est à l’ordre du jour outre-Atlantique… comme en Suisse. PV