No War

No War : Les États-Unis, premiers armuriers du monde... - Pour quoi faire?

Pour quoi faire?

Il ne faut pas confondre le montant des dépenses militaires mondiales avec celui des importations. Le premier concerne naturellement les grandes puissances, alors que le second renvoie à un certain nombre de puissances régionales.

Selon l’Institut de recherche internationale pour la paix (Sipri), en 2014, le montant total des dépenses militaires place les Etats-Unis largement en tête avec 610 milliards de dollars, même si leur part mondiale tend à s’éroder. En effet, la Chine (216 milliards) et la Russie (85 milliards) progressent rapidement, distanciant de plus en plus la France et le Royaume-Uni, qui arrivent en 4e et 5e position.

En revanche, selon un récent rapport du Service de recherche du Congrès des Etats-Unis, les exportations d’armes de ce pays ont bondi au niveau record de 36,2 milliards de dollars pour 2014, soit près de 10 milliards de plus que pour 2013, sur un marché mondial par ailleurs saturé. Leurs principaux clients ont été la Corée du Sud, l’Arabie Saoudite et le Qatar.

Cela signifie que la part des armements vendus par les USA dans le monde a dépassé les 50 %, les Etats-Unis devançant ainsi de loin la Russie (10,2 milliards, 13 %), la Suède (5,5 milliards), la France (4,4 milliards) et la Chine (2,2 milliards). Compte tenu de la quasi-­stagnation du marché mondial, la concurrence ne cesse de s’aiguiser entre les principaux fournisseurs pour conquérir des parts de marché dans les pays émergents ou en développement, qui représentent de loin la plus grande part des importations mondiales (61,8 milliards).

Toujours en 2014, le plus gros importateur d’équipements militaires de la planète a été la Corée du Sud (7,8 milliards), gros consommateur d’hélicoptères et de drones US, suivi par l’Irak (7,3 milliards) et par le Brésil (6,5 milliards), gros client des avionneurs suédois.

Cette année, la pole position de la Corée du Sud, équipée essentiellement par les USA, est le signe d’un tournant significatif de la politique de sécurité de Washington, qui continue certes à renforcer les capacités militaires de ses alliés du Golfe, mais vise de plus en plus à renforcer celles de ses principaux partenaires asiatiques face à la montée en puissance de la Chine.

A en croire un rapport du même Service du Congrès, daté du 21 décembre dernier, «depuis fin 2013, l’évolution du monde a amené certains observateurs à conclure que l’environnement de la sécurité internationale a connu une mutation par rapport à la période familière de l’après-guerre froide de ces 20-25 dernières années […] en faveur d’un contexte stratégique nouveau et distinct, qui est marqué entre autres par un regain de la compétition et des défis des grandes puissances envers certains aspects de l’ordre international dominé par les Etats-Unis, en vigueur depuis la Seconde Guerre mondiale».

Jean Batou