«Occuper l'espace...»

Le Théâtre de l’Usine (TU), dans le cadre de son programme de médiation culturelle, accueille mercredi 17 février prochain Geoffroy de Lagasnerie et Edouard Louis.

On s’en souvient peut-être, Geoffroy de Lagasnerie et Edouard Louis avaient rédigé en septembre 2015 un «Manifeste pour une contre-offensive intellectuelle et politique» dans lequel ils clamaient entre autres vouloir «parler de classes, d’exploitation, de violence, de répression, de domination, d’intersectionnalité». Le 17 février prochain, c’est notamment autour de ces questions qu’ils vont dialoguer.

Geoffroy de Lagasnerie, philosophe, sociologue et professeur à l’Ecole Nationale d’Arts de Cergy, a déjà été invité à TU en 2014 pour parler des formes de révoltes contemporaines autour de son essai L’art de la révolte, Snowden, Assange, Manning (Paris, Fayard, 2015). Cette fois, son intervention portera sur l’Etat pénal en partant de son nouveau livre, Juger. L’État pénal face à la sociologie (Fayard, 2016). Fondé sur l’observation de procès à la cour d’assises de Paris, l’ouvrage veut questionner l’Etat pénal, le pouvoir et la violence, mais aussi, et peut-être surtout, la manière d’imaginer une justice réellement démocratique.

A ses côtés Edouard Louis, le très jeune auteur d’En finir avec Eddy Bellegueule (Seuil, 2014). Au TU, il présentera son deuxième ouvrage autobiographique Histoire de la violence (Seuil, 2016) ; il y narre une nuit de violence et surtout l’impossibilité de raconter les choses «dans l’ordre», comme le veut la pratique judiciaire: «J’ai rencontré Reda un soir de Noël. […] Ensuite, il m’a raconté l’histoire de son enfance et celle de l’arrivée en France de son père, qui avait fui l’Algérie. Nous avons passé le reste de la nuit ensemble, on discutait, on riait. Vers six heures du matin, il a sorti un revolver et il a dit qu’il allait me tuer. Il m’a insulté, étranglé, violé. […] En revenant sur mon enfance, mais aussi sur la vie de Reda et celle de son père, en réfléchissant à l’émigration, au racisme, à la misère, au désir ou aux effets du traumatisme, je voudrais à mon tour comprendre ce qui s’est passé cette nuit-là. Et par là, esquisser une histoire de la violence».

A travers, le programme de médiation culturelle, TU développe un espace pour la pensée critique et la recherche en convoquant penseuses et penseurs issus de champs tels que la littérature, la philosophie, la politique ou encore l’histoire contemporaine… tout en ancrant le théâtre dans un espace qui dépasse et élargit le temps des créations.

Le 17 février prochain, TU nous donne l’occasion d’aller à la rencontre de deux auteurs qui luttent contre l’impuissance et proclament le principe d’intervention «le plus souvent possible, intervenir, occuper l’espace». SP

 

Pour toute information: theatredelusine.ch