Le régime Assad veut écraser toute résistance populaire démocratique

Une nouvelle flambée de violence a touché la ville d’Alep entre le 22 avril et le 5 mai, faisant environ 300 mort·e·s au total, en majorité des civil·e·s dans des zones majoritairement tenues par l’opposition.

Une campagne internationale nommée «Alep brûle» a été lancée dans le monde entier pour soutenir la révolution syrienne et demander l’arrêt de tous les bombardements et envois de rockets contre les civil·e·s à Alep.

Une trêve temporaire à Alep est entrée en vigueur jeudi 5 mai, qui tient encore à l’heure où nous écrivons, après qu’une cessation des hostilités dans l’ensemble du pays entre les forces du régime et ses alliés d’un côté et l’opposition armée de l’autre appliquée depuis le 27 février a volé en éclats dans la ville. Cela n’a pas empêché le dictateur Bachar Al-Assad de déclarer le jour d’après dans un télégramme au président russe Vladimir Poutine, dans lequel il remercie Moscou pour son soutien militaire, que l’armée syrienne n’acceptera que la «victoire finale» et «l’écrasement» des rebelles à Alep et ailleurs en Syrie. Malgré les différentes trêves, le régime Assad et ses alliés n’ont en effet pas cessé leurs offensives militaires dans différentes parties du pays. Et les négociations de «paix» sont au point mort.

Des combats se poursuivent dans la province d’Alep ainsi que dans les gouvernorats de Deir ez-­Zor (est), Damas, Homs (centre) et Deraa (sud), entre les forces du régime et différents groupes de l’opposition armée de l’Armée Syrienne Libre (ASL) et des groupes djihadistes non-inclus dans l’accord de la trêve comme Daech et Jabhat Al Nusra (branche d’Al-Qaida en Syrie). L’aviation du régime a également bombardé un camp de déplacé·e·s le jeudi 5 mai dans la province d’Idlib (nord-ouest), faisant 28 mort·e·s dont des femmes et des enfants, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

La bataille d’Alep

La bataille d’Alep revêt une importance politique et militaire cardinale et la reprise de la ville par les forces du régime Assad et ses alliés russes, iraniens, ou du Hezbollah porteraient un très gros coup à l’opposition, tout en renforçant les forces fondamentalistes islamiques réactionnaires. Les bombardements aériens du régime Assad n’ont pas simplement l’objectif de tuer un maximum de civil·e·s mais également d’empêcher toute alternative démocratique populaire sur le terrain.

Alep représente en effet aussi un symbole fort d’une opposition populaire démocratique, qui s’est d’abord débarrassé du régime Assad, et ensuite de Daech et de Jabhat Al-Nusra refusant leur autoritarisme et leur vision réactionnaire. Il ne reste que quelques groupes de l’ASL dans ces quartiers. Les régions libérées d’Alep, dans lesquelles vivent encore 300 000 habitant·e·s, sont en effet auto-organisées par les populations locales à travers des conseils populaires locaux qui gèrent tous les secteurs de la société dont l’administration des écoles, la gestion des déchets, les campagnes démocratiques et les manifestations, travaux, accompagnements ou assistances psychologiques aux civil·e·s.

C’est pourquoi le régime cible principalement les infrastructures civiles de ces régions libérées, comme l’hôpital a-Quds détruit par un bombardement aérien le 27 Avril, tuant au moins 55 personnes, dont l’un des derniers pédiatres de la ville d’Alep. L’hôpital al-Quds, doté de 34 lits, était «le centre de référence principale pour la pédiatrie» dans cette région a déclaré Médecins Sans Frontières (MSF), qui a soutenu l’hôpital depuis 2012. Le régime veut vider de sa population ses territoires libérés et empêcher toute alternative démocratique populaire, et non les forces islamiques fondamentalistes qui sont ces meilleurs ennemis…

Des manifestations populaires continuent néanmoins dans différentes régions libérées de la Syrie, demandant la chute du régime et la mise en place d’une transition sans Assad et ses colistiers pour une Syrie démocratique.

Solidarité avec le peuple syrien en lutte contre toutes les formes de contre révolution qui essaient de l’écraser.

Joe Daher