A lire

A lire : Livres en lutte... pour l'été

Les vacances approchent, c’est l’occasion de se ressourcer «dans ce monde sans cœur dont l’esprit est absent» comme dirait l’autre. Voici quelques idées de lecture pour l’été concoctées par notre rédaction.

Résister c’est créer…

Agrimbau, Ippóliti
La Bulle de Bertold
(bande dessinée)
Paris, Albin Michel, 2005

Avec La Bulle de Bertold, les deux auteurs argentins nous ont légué un magnifique cadeau. Une bande dessinée esthétiquement splendide, mais qui questionne, qui dérange et qui accuse. Comment décrire ce petit bijou du 9e art? C’est un peu la rencontre entre Enki Bilal et Bertold Brecht. Dans une société futuriste et totalitaire, où la liberté individuelle est aussi réduite que la liberté de pensée, un homme est condamné à l’amputation totale pour ses crimes.

Devenu homme-tronc, il est recueilli par un marionnettiste géant, qui fabrique des membres robotiques pour faire jouer les amputé·e·s dans son théâtre. Là le héros, prisonnier de son corps mécanique aux gestes préprogrammés, réussit par son interprétation théâtrale remarquable, à remettre en question la soumission totale, l’absence de liberté et la société totalitaire. Avec cet hommage au théâtre épique (dialectique) de Brecht, les auteurs interrogent tant le rôle de l’art, que celui de la pensée et de la liberté. Un petit bijou à lire et relire. PaC

Hans Fallada
Seul dans Berlin
Paris, Denoël, 2014 (réédition)

Ecrit au sortir du second conflit mondial et publié pour la première fois en 1965, ce roman retrace le quotidien des habitant·e·s d’un immeuble modeste de Berlin sous le troisième Reich, où se croisent persécuteurs et persécutés. Mêlant tour à tour les destins d’une femme juive dénoncée et pillée par ses voisins, d’un couple qui inonde la ville de tracts contre Hitler suite à la disparition de leur fils sur le front et de petites frappes qui profitent de la complaisance du régime pour opérer leurs larcins, Seul dans Berlin offre un tableau minutieux des conditions d’existence de la population berlinoise sous le nazisme, entre barbarie, bassesses humaines et résistance. AS

Eric Duvoisin
Ordre de Marche
Grand-Saconnex, Samizdat, 2016

Avec Ordre de Marche, le poète Eric Duvoisin, co-animateur du site poesieromande.ch, publie son second recueil. Le livre consiste en quatre parties. Dans la première, le lecteur est invité à se balader dans des «jardins urbains», lieux multiculturels de mixité sociale. Dans le second texte, «Le grand corps», c’est l’obligation de servir dans l’armée, de se mettre au pas, d’obéir, qui est questionnée. Dans «Bouche bée», le troisième texte, ce sont les animaux, les flux continuels de viande et notre rapport au corps et à la langue, qui sont abordés.

Kamui Fujiwara, Eiji Otsuka,
Unlucky Young Men (t1-2)
(bande dessinée)
Paris, Ki-oon, 2015

1968. Un jeune homme provincial, responsable d’une fusillade ayant fait 4 morts, rejoint Tokyo pour s’y faire oublier. Il arrive dans un climat social extrêmement tendu et se retrouve au centre des révoltes estudiantines, des attaques «terroristes» et des aspirations de cette jeune génération. A mi-­chemin entre le roman policier et la roman social, ces deux tomes nous emmènent dans un moment historique fort tant au niveau international qu’au Japon. Les personnages historiques côtoient des personnages fictifs, et les histoires individuelles se mêlent à la l’histoire collective. Une bande dessinée remarquable qui a le mérite de nous faire vivre ce Japon de 68, traversé par des forces contradictoires et violentes. PaC

Manfredi Giffone, Fabrizio Longo, Alessandro Parodi
La Pieuvre: quatorze ans de lutte contre la Mafia
(bande dessinée)
Paris, Editions des Arènes, 2012

Imaginez que l’on vous raconte les quatorze années de scandales et d’enquêtes judiciaires qui ont parsemé l’affrontement entre les juges Giovianni Falcone et Paolo Borsellino et la toute puissante Cosa Nostra, dans un roman graphique de 370 pages où seuls des animaux sont représentés. Oui, vous tenez La Pieuvre. Cet ouvrage d’une grande densité a été le fruit de plus de sept ans de travail de recherches documentaires. A la fois romand graphique et documentaire, La Pieuvre nous permet, à nous lecteurs·trices, de (re)découvrir les principaux jalons de cette histoire italienne, comme l’assassinat d’Aldo Moro, le scandale de la loge P2 ou encore les attentats contre les juges Falcone et Borsellino. Pour réussir à nous faire vivre cela, malgré la difficulté de la tâche, les auteurs ont opté pour une représentation animale de l’ensemble des personnages historiques. Un artifice simple, mais qui rend la lecture parfois touffue, un peu plus expressive et ludique. PaC

Philippe Huet
Les émeutiers
Paris, Rivages, 2015

1922 au Havre: la paix revenue, c’est la crise économique. Le patronat, qui entend imposer une baisse des salaires, décide de passer en force dans cette ville «rouge» afin de sonner les organisations ouvrières françaises. La grève se durcit, mais le patronat veut qu’elle dégénère… Un grand roman noir historique et social dans la tradition de Jules Vallès et d’Emile Zola.

Edouard Louis
En finir avec Eddy Bellegueule
Paris, Seuil, 2014

C’est l’histoire de la révolte contrainte d’un jeune homme pauvre et homosexuel. C’est l’histoire de la violence, du racisme, de l’homophobie et de la reproduction sociale. Edouard Louis, à l’aide d’une écriture remarquable, nous conte l’insurrection d’Eddy Bellegueule contre sa propre famille, sa propre classe sociale et la violence que cela engendre. Pour son premier roman, l’auteur nous livre un récit d’une rare puissance, où la beauté côtoie la laideur et la bassesse, où la survie passe par la fuite, par le reniement. Un coup de poing dans la gueule rempli de tendresse et de tristesse.

Vous l’aurez compris, En finir avec Eddy Bellegueule est un roman qui nous montre crûment, mais brillamment, le parcours d’un «transfuge», celui qui a quitté sa classe sociale. Au croisement des théories de Bourdieu et des récits d’Annie Ernaux, ce premier livre est une réussite et la garantie d’une lecture pleine d’émotion. PaC

Jason Lutes
Berlin: La cité de pierre Berlin: Ville de fumée
(bandes dessinées)
Paris, Delcourt 2002 et 2009

Septembre 1928, une jeune femme rejoint la capitale Allemande pour suivre le cursus de l’école des Beaux-Arts. Ses pérégrinations, ses peurs et ses découvertes servent de support à Jason Lutes pour nous proposer une fresque magnifique et minutieuse de Berlin durant la République de Weimar. Autour de la relation entre cette jeune artiste en devenir qui découvre les milieux culturels, mais aussi les milieux populaires berlinois, et un vieux journaliste politique désabusé, l’auteur parvient à mettre en scène l’ambiance des années folles tout en dépeignant avec talent les tensions politiques, sociales et économiques qui ont marqué cette époque.

Au centre de ce récit, limite temporelle séparant le premier du second tome, trônent les évènements du 1er mai 1929. L’auteur, grâce notamment à l’utilisation de la ligne claire et une minutie hors du commun, parvient à nous faire vivre cette étrange dualité que représentent la montée des violences sociales et politiques et l’intensification de la vie nocturne berlinoise. Entre égérie lesbienne, chemises brunes, jazz, actions directes des militant·e·s communistes, cocaïne et cocktails molotov, un roman graphique classique à ne pas manquer PaC

Shaun Tan
Là où vont nos pères
(bande dessinée)
Paris, Dargaud, 2008

Un récit silencieux pour les oublié·e·s de la terre, voilà comment qualifier cette magnifique bande dessinée. Pas une parole, pas un mot, mais beaucoup de poésie et d’images oniriques pour aborder un thème d’une forte gravité, la migration. C’est l’histoire d’un père de famille qui quitte sa femme et sa jeune fille et part à l’autre bout du monde chercher du travail, trouver une place ou simplement réussir quelque chose. En racontant le chemin de cet homme seul, confronté à une multitude de difficultés sur le chemin de l’exil, l’auteur interroge et surtout montre ce que peut être un parcours migratoire.

A travers un récit onirique et fantastique qui pourrait être le rêve éveillé du père, l’imagination de sa fille ou encore un mélange des deux, Shaun Tan signe une bande dessinée d’une rare beauté. Il serait regrettable de ne pas se pencher sur cette belle et intelligente rêverie. PaC

Paco Ignacio Taibo II et Eko
Pancho Villa. La bataille de Zacatecas
(bande dessinée)
Paris, Nada, 2015

Juin 1914, plus de soixante trains se dirigent vers Zacatecas, au Mexique. A l’intérieur voyagent des soldats, des canons, des chevaux, Pancho Villa suit à cheval. C’est la division du Nord qui avance, l’armée révolutionnaire de Chihuahua, pour attaquer cette ville enserrée dans une vallée, à 2450 mètres d’altitude, et fortement défendue

Le Monde Diplomatique, nº 748, juillet 2016

(Re)penser la lutte

Rémi Adam (Ed.)
«L’ennemi principal est dans notre propre pays»: l’opposition à la guerre impérialiste
textes de 1914 à 1916: Lénine, Karl Liebknecht, Rosa Luxemburg, Pierre Monatte, Christian Rakovsky, Alfred Rosmer, Léon Trotsky
Pantin, Les Bons Caractères, 2014

A l’occasion des commémorations du centenaire de la Première guerre mondiale, il est indispensable de rappeler ce que furent les réactions du mouvement ouvrier face au déclenchement de cette tragédie qui fit basculer les sociétés, en Europe et dans la majeure partie du monde, dans l’horreur et la barbarie. Les dirigeants des principaux partis de la Deuxième Internationale votèrent les crédits de guerre, au mépris de toutes les résolutions adoptées sur cette question les deux décennies précédentes. Face à cette trahison et au désarroi qu’elle occasionna dans les rangs ouvriers, peu nombreux furent ceux qui surent s’opposer à la guerre impérialiste et menèrent le combat pour la renaissance d’une Internationale ouvrière. Mais quelques-uns s’y engagèrent, dès le mois d’août 1914. Quelques-uns des textes écrits par ces militants dans les deux premières années du conflit sont rassemblés dans ce recueil.

Matthieu Auzanneau
Or noir. La grande histoire du pétrole
Paris, La Découverte, 2016

Depuis les premiers puits désormais à sec jusqu’à la quête frénétique d’un après-pétrole, du cartel secret des firmes anglo-saxonnes (les «Sept Sœurs») jusqu’au pétrole de schiste, Or noir retrace l’irrésistible ascension de la plus puissante des industries. Ce livre éclaire d’un jour inattendu des événements cruciaux – l’émergence de l’URSS, la crise de 1929, les deux guerres mondiales, les chocs pétroliers, les guerres d’Irak, la crise de 2008, etc. – bousculant au passage beaucoup de fausses certitudes.

Yannick Bosc
La terreur des droits de l’homme: le républicanisme de Thomas Paine et le moment thermidorien
Paris, Ed. Kimé, 2016

Thomas Paine est le personnage principal de cette histoire qui se déroule pendant la Convention thermidorienne, au cours du débat constitutionnel de l’été 1795, à un moment stratégique de la Révolution française. Le récit s’ouvre sur la séance de la Convention nationale du 19 Messidor an III (7 juillet 1795). Thomas Paine monte à la tribune afin de dénoncer la rupture avec les principes fondateurs de la Révolution qu’il constate dans le projet de Constitution préparé par la commission des Onze.

Extrait de l’introduction à l’ouvrage de Yannick Bosc

Cahiers d’histoire du mouvement ouvrier
Cent ans après Zimmerwald et Kiental
Nº 32/2016 AEHMO, Editions d’en-bas

L’Association pour l’étude de l’histoire du mouvement ouvrier (AEHMO) sait profiter des commémorations. Ainsi, en décembre 2015, l’AEHMO a organisé un colloque pour le centenaire de la conférence de Zimmerwald, qui avait rassemblé les secteurs du mouvement socialiste ayant refusé l’ «union sacrée» aux côtés de leurs bourgeoisies respectives. Les contributions de ce colloque font l’objet du Cahier nº 32.

Les participants suisses – le Bernois Robert Grimm, dirigeant du Parti socialiste et organisateur de la conférence de Zimmerwald, les Neuchâtelois Charles Naine et Paul Graber – sont évoqués par Adrian Zimmermann et Marc Perrenoud. Marianne Enckell traite des «déserteurs, insoumis et réfractaires en Suisse». Stéfanie Prezioso discute du mouvement ouvrier italien (le Parti socialiste avait adopté une position hostile à la guerre). Jean-Numa Ducange replace la conférence de Zimmerwald dans son contexte spécifique (pas de ligne rectiligne menant de Zimmerwald à l’Internationale communiste). Michel Busch retrace les parcours de John Baudraz et Jules Humbert-Droz, «objecteurs au nom de Dieu». Enfin, Peter Gautschi et Charles Heimberg «interrogent l’histoire scolaire en relation avec les conférences de Zimmerwald et Kiental, et ce qu’il en est dit ou pas dans les classes». HPR

Jean-Marie Favière
Je te parle au sujet d’Edouard Vaillant: la tête pensante de la Commune
Bourges, J.P.S. Editions, 2016

Depuis les biographies de Maurice Dommanget et de Jolyon Howorth, aucun ouvrage nouveau n’était paru sur Edouard Vaillant, délégué à l’enseignement et membre de la commission exécutive de la Commune de Paris. Avec la parution du tome 1 d’une nouvelle biographie qui va jusqu’au retour d’exil, Jean-Marie Favière, ancien professeur au lycée Edouard Vaillant de Vierzon et vaillantiste ardent, remet à l’honneur un homme d’une grande dimension humaine et politique trop méconnu, mais aussi le département du Cher en Berry.

La Commune / Association des amies et amis de la Commune de Paris, 1871, no 65, 1er trimestre 2016

Juan Carlos Hernandez & El Torres
Sur les traces de Garcia Lorca
(bande dessinée)
Ners, Vertige Graphic, 2016

Exécuté le 19 août 1936 par les milices franquistes, Federico García Lorca, talentueux, jeune et bel homosexuel, était une cible toute trouvée pour un régime qui interdira la publication de ses œuvres jusqu’en 1953. Carlos Hernandez et El Torres proposent de découvrir le poète et dramaturge dans son intimité à partir de douze moments de sa vie évoqués par ses amis ou des personnes rencontrées par hasard.

Monique Piton
C’est possible! Une femme au cœur de la lutte de Lip (1973–1974)
Paris, l’Echappée (réédition)

En avril 1973, l’entreprise Lip de Besançon était rachetée par une multinationale qui annonçait un plan de délocalisation et le licenciement de ses 1200 employé·e·s. C’était sans compter la mise en place d’un Comité d’action des salarié.e.s, qui se battront durant de nombreux mois pour sauver leur emploi jusqu’au redémarrage officiel de l’activité en janvier 1974.

Durant ces nombreux mois de lutte, Monique Piton, salariée de l’usine et membre du Comité d’action, a tenu un journal de bord des événements, qu’elle publiera une première fois en 1975. De la mise en place de l’autogestion, au combat pour se faire respecter en tant que femmes dans la lutte, Monique Pitton livre ainsi un passionnant témoignage au jour le jour de la construction d’une lutte syndicale. La présente réédition contient une postface inédite qui revient sur le second confit Lip, à partir de 1976. AS

Wilebaldo Solano
Révolution dans la guerre d’Espagne (1930–1939)
Paris, Syllepse, 2016

Militant du Parti ouvrier d’unification marxiste (POUM), Wilebaldo Solano nous invite à le suivre dans cette guerre où la République affronte le fascisme international, alors même que dans le camp républicain, les agents de Staline traquent et assassinent. Nourri par ses souvenirs, par son travail de recherche et par l’apport des archives soviétiques ouvertes après la chute du Mur de Berlin, son témoignage rappelle que la lumière doit encore être faite sur la politique du maître du Kremlin et de ses alliés. Portraits, documents, notices et une riche iconographie complètent l’ouvrage.

Simone Weil
Grèves et joie pure
Paris, Libertalia, 2016

En mai-juin 1936, une vague de grèves spontanées éclate en France, juste après la victoire électorale du Front populaire. La revue syndicaliste La Révolution prolétarienne publie alors, sous pseudonyme, un article devenu célèbre de Simone Weil, qui donne tout à la fois une description accablante de la condition ouvrière dans la métallurgie – le secteur le plus en pointe dans le conflit – et un éclairage inégalé sur la nature et le climat de ces grèves en soulignant leur caractère inédit: les occupations d’usines. Simone Weil (1909–1943) n’a publié aucun livre de son vivant, mais laisse une œuvre considérable qui compte 17 volumes. Malgré une courte existence, elle fut tour à tour enseignante en philosophie, syndicaliste révolutionnaire, ouvrière d’usine, engagée aux côtés des anarchistes en Espagne, résistante durant la Seconde guerre mondiale, mystique et chrétienne sans église.

Penser l’émancipation au présent

José Braga, Claudine Cohen, Bruno Maureille, Nicolas Teyssandier
Origines de l’humanité: nouveaux scénarios
Montreuil, La Ville brûle, 2016

D’où vient l’humanité? Si l’essentiel semble dit depuis les travaux de Charles Darwin au 19e siècle, la découverte de nouveaux fossiles, les récentes analyses paléogénétiques et les études sur les comportements des Hommes de la préhistoire bousculent les scénarios sur les origines de l’humanité. Quelles pistes ouvrent ces nouvelles découvertes? Comment les réponses scientifiques au questionnement sur l’origine animale de l’Homme participent-elles au débat citoyen sur la lutte contre les intégrismes religieux, le créationnisme et le racisme? Autant de questions autour desquelles dialoguent ici librement une historienne et philosophe des sciences, deux paléoanthropologues et un préhistorien.

Josiane Boutet
Le pouvoir des mots
Paris, La Dispute, 2016

Le double serment d’Obama, les joutes verbales, les phrases historiques du général de Gaulle, les slogans des défilés ou encore la langue du troisième Reich, voilà quelques-unes des manifestations du pouvoir des mots qui sont analysées dans cet ouvrage. Il explique par exemple pourquoi et comment catégoriser socialement un jeune Mohammed comme étant un «enfant d’immigré», voire «un étranger», alors qu’il est né en France, constitue une violence symbolique quotidienne redoutable pour cette personne, et configure la représentation qu’il a de lui-même et bien sûr celle aussi de ses copains, de ses enseignant·e·s ou plus tard de ses employeurs·euses.

Jacinta Bunnell et Nathaniel Kusinitz
C’est quoi ton genre? Cahier de coloriages
Rennes, Goater, 2015

C’est un cahier de coloriage destiné aux enfants de 2 à 9 ans environ. Un cahier pour toutes et tous aussi. Son thème principal est le genre. Il est accompagné de textes descriptifs et pédagogiques à destination des parents et des enfants. Dans ce livre, il est mis en scène des situations de discrimination évoquant le genre: type de jouets, couleurs, centre d’intérêts, contes pour enfants, chansonnettes, etc.

Marie-Louise Coulmin Koutsaftis (dir.)
Les Grecs contre l’austérité: il était une fois la crise de la dette
Paris, Le Temps des Cerises, 2015

Confrontée au dogmatisme européen néolibéral, la Grèce réussira-t-elle à renégocier sa dette et à sortir de la spirale récessionniste de l’austérité? Cet ouvrage collectif examine les enjeux de la lutte des Grecs contre l’austérité découlant des réformes structurelles dictées par la Troïka des créanciers. S’appuyant notamment sur de nombreux entretiens et sur les conclusions de la Commission pour la Vérité sur la dette publique grecque, il dresse le bilan de cinq années de memoranda et dénonce l’instrumentalisation de la crise de la dette, prétexte pour imposer partout privatisations, recul de l’Etat social, baisse des revenus et paupérisation des classes moyennes et populaires.

François Cusset, Thierry Labica, Véronique Rauline (dir.)
Imaginaires du néolibéralisme
Paris, La Dispute, 2016

Le néolibéralisme n’est pas seulement une doctrine économique ou une rationalité politique: c’est aussi une représentation du monde, une ensemble d’imaginaires qui façonnent les subjectivités, dépolitisent et légitiment la violence des rapports de production capitalistes. Cet ouvrage collectif rassemble autant d’exemples des images, des discours, mais aussi des affects et des relations liés au triomphe de l’homo economicus néolibéral. Autant d’exemples, aussi, de l’ambivalence de notre présent: la construction, d’un côté, d’un imaginaire néolibéral spécifique, et la possibilité, de l’autre, de résistances – point de départs d’une échappée vers d’autres horizons, d’autres imaginaires.

Angela Davis
Une lutte sans trêve
Paris, La Fabrique, 2016

Quels sont les liens entre l’industrie militaro-carcérale américaine, l’apartheid en Israël-Palestine, les mobilisations de Ferguson, Tahrir et Taksim? Qu’est-ce que l’expérience des Black Panthers et du féminisme noir nous dit des rapports actuels entre les oppressions spécifiques et l’impérialisme? Témoin et actrice de luttes de libération pendant plus d’un demi siècle, Angela Davis s’exprime ici sur l’articulation de ces différents combats, pour une nouvelle génération saisie par l’urgence de la solidarité internationale.

Bruno Odent
Europe, état d’urgence. La régression nationaliste, consécration de l’ordo-libéralisme
Paris, Le Temps des cerises, 2016

Le projet européen est miné. Selon le diagnostic du prêt-à-penser relayé par les médias dominants, le mal viendrait de l’incapacité à respecter et (ou) à faire respecter les normes du «modèle ordo-libéral»; les critères des traités de Maastricht et de Lisbonne, ceux du «pacte de stabilité» ou les engagements du «traité budgétaire» adopté en 2012. Ainsi l’ordo-libéralisme ne crée pas seulement un terrain favorable aux joueurs de flûte européens en laminant l’emploi, les salaires et les solidarités sociales existantes dans chacun des pays, il est fondamentalement constitué de logiques de compétition et de puissance, porteuses d’une désagrégation de l’Europe. Le nationalisme ne nie pas le modèle, il en est une consécration.

James K. Galbraith
Crise grecque, tragédie européenne
Paris, Seuil, 2016

Ce livre reprend une série d’articles sur la Grèce écrits de 2010 à 2015. L’auteur relate notamment son expérience en tant que conseiller de Yanis Varoufakis, lorsque celui-ci occupait le poste de ministre des Finances. Grâce à cette intrusion à l’intérieur de l’Eurogroupe, il décrypte la violence des rapports de force entre la Grèce et ses créanciers. Il pointe la médiocrité des débats, les œillères idéologiques, voire le manque d’information de certains, et non des moindres, tel le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble. En prime, James Galbraith détaille le fameux «plan B» préparé secrètement au printemps 2015, pour parer à une éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro.

L’Humanité Dimanche, 16.6.2016