Fribourg, 19-21 septembre: premier Forum Social Suisse
Fribourg, 19-21 septembre: premier Forum Social Suisse
Dans quelques jours, du 19 au 21 septembre, se tiendra à Fribourg le premier Forum Social Suisse (FSS)1. Héritier conceptuel du Forum Social Mondial de Porto Alegre; membre actif de la famille du Forum Social Européen (FSE), le FSS se définit lui-même «comme un espace de réflexion et de débat» du mouvement social helvétique avec un fort potentiel stratégique.
Lorsque, dans laprès-midi du troisième vendredi de septembre, des centaines de participant-e-s arriveront à Fribourg, cest une longue étape de préparation qui prendra fin, initiée il y a dix-huit mois.
Une année et demie de préparation
Revenons en mars 2002 Le Second FSM de Porto Alegre vient de prendre fin au Brésil, décidant de se démultiplier et de sinternationaliser en régionalisant la convocation de forums sociaux continentaux, nationaux ou thématiques.
Un groupe de délégué-e-s suisses, de retour Brésil, ont alors décidé douvrir un processus de réflexion et de construction. Si «un autre monde est possible», comme laffirmait fortement Porto Alegre, le débat sur «une autre Suisse possible», différente de celle des capitaux, de Davos, de la place financière, du secret bancaire, des marchés hégémoniques et tout puissants, apparaissait nécessaire et inévitable
Le besoin dune réflexion large, sans censure ni exclusion, respectueuse de la diversité et de lautre, prenait corps ainsi dans lesprit dun premier groupe de travail promoteur. Celui-ci allait réussir à convoquer une première Assemblée générale préparatoire à Berne, en décembre dernier.
Cet exercice participatif se répétera ensuite en février, juin et août de cette année (la dernière réunion va se tenir le 23 août), renforçant une dynamique daccumulation de convergences et de volontés au niveau national, sans hégémonisme ni avant-gardisme politique daucune sorte.
Ces dix-huit mois ont été marqués par des progrès significatifs: une cinquantaine de militant-e-s sociaux sy sont activement impliqués; il y a eu de nombreux groupes de travail ouverts avec une large participation, en particulier ceux de la coordination, du programme, de la communication, du site internet, de la presse, comme celui du Comité de Fribourg (COFRI) pour lorganisation et la logistique. Ils ont permis le développement dun nouveau réseau social jusquici inconnu en Suisse.
La diversité comme objectif
Au seuil du premier Forum Social Suisse, à la mi-août, une quarantaine dorganisations de tous types comme une demi-douzaine de journeaux et de revues progressistes ont adhéré au FSS.
Des syndicats nationaux comme Comedia ou le SSP (services publics), des ONG de développement et de volontariat comme la Communauté de travail, E-CHANGER, Interteam ou GVOM, des mouvements largement implantés comme ATTAC-Suisse, le Forum Social Lémanique ou la Déclaration de Berne, des organisations religieuses progressistes, des droits humains (comme Amnesty Suisse), féministes, de Sans Papiers, de solidarité, de différents groupes dimmigré-e-s, participent également au Forum.
Les partis et les organisations politiques écologistes, progressistes, de gauche, ont leur place au sein du FSS, pour autant quils lacceptent comme un espace citoyen de la société civile suisse et de ses acteurs sociaux, et quils reconnaisent le rôle protagonistes de ceux-ci.
Comme le précise la Charte en six points adoptée par sa seconde assemblée générale de préparation, le FSS ne prétend ni remplacer les mouvements existants ni se convertir en un «méga-mouvement» superstructurel et réductionniste. Il vise plutôt à créer simplement un espace régulier, systématique, annuel, de rencontre, de débat et de réflexion entre les secteurs les plus diversifiés dans la perspective de rechercher et de trouver, au niveau suisse, des alternatives au système néolibéral actuellement hégémonique.
Lanalyse de la responsabilité spécifique de la Suisse dans le développement planétaire, en tenant compte de sa double dimension du point de vue du pouvoir de domination, comme de la résistance et de la solidarité nourrissent la spécificité du FSS dans son effort propositif.
Un débat de fonds nécessaire
Avec des itinéreaires sommairement balisés, le premier FSS vise à créer les conditions pour approfondir la réflexion sur quelques thématiques clés de la dynamique helvétique actuelle. Les quatre conférences ou podiums centraux devraient permettre, en usant de diverses méthodes, de débattre de la guerre et des nouvelles logiques dhégémonie mondiale; de la place financière suisse et de sa responsabilité dans le concert international; du modèle néolibéral, de la privatisation, ainsi que des coupes dans les budgets sociaux et de prévoyance; enfin, de la politique restrictive, européocentriste et inhumaine au niveau de limmigration.
Le samedi 20 au soir, après la fin de la manifestation convoquée par les syndicats et lUnion Syndicale Suisse, se tiendra un débat public qui permettra dapprofondir la réflexion sur les prochains pas dans limmédiat et à plus long terme en ce qui concerne lâge de la retraite et le système des pensions.
La quarantaine dateliers prévus, le samedi et le dimanche, seront très diversifiés: de la problématique de limmigration aux spécificités de la solidarité suisse avec le Sud (par exemple avec Cuba et le Chiapas), en passant par les thématiques écologiques, du développement soutenable, de léconomie alternative, de la culture et de linformation en Suisse.
Des espaces déchange participatif réels qui permettront aux organisations sociales les plus diverses, de toutes natures, de partager lexpérience concrète de leur pratique quotidienne, de dialoguer horizontalement avec dautres mouvement et de contribuer à un débat davenir qui paraît incontournable.^
Gardons à lesprit que ce premier Forum Social Suisse ne constitue pas un aboutissement. Au contraire, il constitue le premier moment dun long processus qui, comme Porto Alegre ou le Forum Social Européen, natteindra ses objectifs que lorsquun autre monde cessera dêtre une possibilité pour devenir une réalité.
Sergio FERRARI
- Pour les détails du programme, des informations pratiques, linscription et ladhésion au Forum Social Suisse, consulter www.socialforum.ch