Santé et travail des femmes

Santé et travail des femmes : Combattre l'invisibilité

Retour sur une soirée organisée par solidaritéS réunissant Viviane Gonik (spécialiste en santé du travail, solidaritéS nº 341), Audrey Schmid (secrétaire syndicale UNIA) et Marlène Carvalhosa Barbosa (secrétaire syndicale SIT)

Femme de ménage. Photo: Wilbert de GrootPhoto: Wilbert de Groot

Les métiers dits féminins (vente, économie domestique, soins infirmiers ou petite enfance par exemple) découlent d’une professionnalisation de tâches qui étaient auparavant réalisées par des femmes de façon gratuite et soi-disant « naturelle ». Les conditions de travail dans ces domaines peuvent être éprouvantes. La répétitivité des tâches et la posture physique dans lesquelles elles sont effectuées se traduisent à moyen ou long terme par des problèmes de santé. De plus, la flexibilisation des horaires qui caractérise ces emplois, donc l’absence d’influence sur la manière dont s’organise le travail, crée un stress quotidien.

Les femmes restent majoritaires dans ces emplois précaires où, faute de disposer de protections, le degré d’autonomie se mesure à la seule possibilité de démissionner. Les problèmes de santé causés par cette flexibilisation sont niés par les milieux patronaux, qui répondent sans vergogne que les temps partiels sont le choix des travailleuses elles-mêmes.

Ces répercussions sur la santé ne sont pas suffisamment reconnues dans le cadre des politiques actuelles de santé et d’assurances sociales et si c’est le cas, ce sont avant tout les métiers dits masculins qui sont pris en compte. L’enjeu pour les travailleuses est de faire reconnaître ces maux. Cela signifie dépasser l’isolement qui individualise les luttes, le sexisme qui invisibilise, et réussir à être en position de revendiquer. Cela implique aussi de réclamer des études portant sur ces problèmes de santé afin de visibiliser et de repolitiser la santé des femmes au travail.

Aude Martenot