France

SOUFFLER SUR LES BRAISES DE LA GRèVE POUR ALLER VERS LA GRèVE GéNéRALE

Afin de mieux cerner certains enjeux des grèves en France, nous publions des extraits d’un article de Léon Crémieux, paru sur le site Contretemps.

CFDT manifeste à Paris
Le tronçon CFDT de la manifestation à Paris, décembre 2019

Les manifestations du 17 décembre 2019 ont été massives dans tout le pays, rarement inférieures, souvent supérieures en nombre à celles du 5 décembre, avec une augmentation du nombre global au niveau national, nettement au-delà du million. Le ralliement de la CFDT et de l’UNSA aux manifestations traduisait une opposition montante au projet de Macron.

Parallèlement, le 17 décembre a vu des chiffres de participation massive à la grève et aux assemblées générales à la SNCF et à la RATP et des votes systématiques à la reconduction.

Le jusqu’au-boutisme destructeur du gouvernement 

Macron veut totalement liquider le système de retraite actuel en passant à un système à cotisation garanti par points. Mais, il compte aussi en profiter pour décider du passage de 62 à 64 ans. Il a clairement affirmé sa volonté de ne céder à aucun compromis, à aucune négociation avec les syndicats, même « réformistes ». 

Mais le but est aussi d’anticiper ce que serait la gestion des retraites avec un système par points. C’est la volonté de Macron de réduire davantage le poids de la gestion autonome entre patronat et syndicats du système de protection sociale.

Les raisons de l’attitude ambivalente des directions de la CFDT et de l’UNSA

Début 2019, alors que le gouvernement voulait imposer une réduction de plus de 3 milliards des dépenses de l’UNEDIC (organisme qui gère les allocations chômage), le MEDEF et les syndicats gestionnaires (CFDT, CGC,CFTC, CGT, FO) n’ont pas pu trouver un point d’accord pour arriver à cette réduction des droits.

Mais c’est ce dialogue social, ce paritarisme syndicats de salariés et employeurs, ce cadre de négociation qui est la carte de visite de la CFDT. Laurent Berger, premier secrétaire du syndicat, est sorti ulcéré de cet épisode et il voit se renouveler une situation identique dans laquelle, pour une autre branche de la Sécurité sociale, Macron ferme les portes du paritarisme, sans même laisser une voie de sortie honorable. 

Cela explique la virulence d’une direction syndicale, prête à accepter sur le système des retraites un recul social d’ampleur, mais à condition de garder son rôle de gestionnaire.

Les directions confédérales UNSA et CFDT, prises en étau entre le blocage gouvernemental et la force du mouvement gréviste, ont essayé d’utiliser cette mise en scène de négociations pour faire un pas de côté, se retirer du mouvement, en se prononçant pour « une trêve de Noël », alors qu’ils n’ont comme engagement que des discussions en janvier.

La décision des directions UNSA et CFDT, importante symboliquement, pèse peu sur le front des grévistes. À la RATP, la CFDT est très faible et l’UNSA majoritaire s’est opposée au choix de sa direction de quitter la grève. À la SNCF, l’UNSA, 2e syndicat après la CGT et avant SUD Rail, est essentiellement un syndicat de cadres et de maîtrise et pèse moins de 8 % chez les agents de conduite. De plus, dans la plupart des AGs SNCF, les sections UNSA se sont désolidarisées de leur direction et ont appelé à poursuivre la grève. La CFDT cheminot – quatrième syndicat derrière SUD Rail – a, elle aussi, appelé, à poursuivre la grève. CGT et SUD représentent, à eux deux, les deux-tiers des agents de conduite.

Quelles perspectives ? 

Malgré cette détermination et le rapport de force social dans le pays, plusieurs facteurs négatifs pèsent sur le mouvement.

D’abord, le poids des semaines de grève reconductible à la SNCF et à la RATP. Les chiffres de grévistes le 17 décembre marquaient aussi la volonté de marquer un gros coup pour ne pas avoir à continuer trop longtemps ensuite. De plus, l’intersyndicale nationale CGT, FO, FSU, Solidaires, tout en disant refuser toute trêve pendant les fêtes, n’a appelé à aucune nouvelle journée de mobilisation avant le 9 janvier 2020.

En conclusion, le gouvernement a réussi à passer le cap, sans rien lâcher, mais en évitant un blocage de la vie économique qui l’aurait mis à genoux et contraint à reculer. 

Le mouvement social a accru ses soutiens, renforcé la défiance populaire envers la réforme et le gouvernement lui-même, mais il n’a pas eu la force d’étendre la grève reconductible et la mobilisation à d’autres secteurs de la fonction publique et encore moins du privé. La tâche essentielle va être de maintenir les braises de la grève et des mobilisations interpro locales dans les jours qui viennent, en maintenant les cohésions construites ces dernières semaines à la base.


Léon Crémieux

Adaptation : José Sanchez
Article intégral sur Contretemps.eu

Le LBD, une arme très précise

En France, les blessures causées par l’usage du LBD (lanceur de balles de défense) ne relèvent pas du hasard, d’après un article documenté du site https://reflets.info(2.1.2020).

Interrogé lors du salon Milipol (novembre 2019), le fabricant suisse du LBD, Brügger & Thomet (Thoune), a déclaré ne pas être le fournisseur des munitions utilisées par la police. Leur fabricant est une entreprise française Alsetex (qui fournira dorénavant la France en LBD).

Contrairement aux affirmations policières et gouvernementales, les viseurs holographiques EOTechn sont précis et nullement déréglés. Les personnes atteintes à la tête ont été délibérément visées (en violation des règles régissant l’usage du LBD). 

Hans-Peter Renk