Fora Bolsonaro-Mourão
Organisons la solidarité internationale
Actuellement, plus de 120 000 vies ont été perdues au Brésil en raison du Covid-19, soit 14,3% du nombre de victimes à l’échelle mondiale. Malgré le génocide en cours dans le pays, Jair Bolsonaro s’obstine à banaliser la pandémie et refuse de prendre de réelles mesures pour empêcher la propagation incontrôlable du virus. Sa minimisation de la crise et son mépris pour les normes sanitaires reflètent les inégalités structurelles qui traversent le pays, car la mort touche majoritairement les personnes pauvres, et spécifiquement noires.
Mourir de la maladie ou de la faim
Outre le Covid-19, un autre danger menace les Brésilien·ne·s : celui de la récession. Au deuxième trimestre, le PIB a chuté de 9,7 %, le pays compte 12,7 millions de chômeurs·euses, pour la plupart des femmes, des jeunes et des personnes noires. Le président, main dans la main avec le patronat, en a profité pour faire passer des contre-réformes travaillistes.
Pour faire face aux difficultés économiques générées par la pandémie, plus de 43% de la population survit grâce à la rente d’urgence. Si un investissement massif dans le service public est nécessaire pour sauver des vies, Bolsonaro et Paulo Guedes préfèrent honorer l’amendement constitutionnel pour le gel des dépenses publiques – signé en 2016 pour une durée de 20 ans –
afin de garder le soutien de la bourgeoisie. Bolsonaro laisse ainsi le choix à la population de mourir de la maladie maintenant, ou de faim au sortir de la pandémie.
Organiser la solidarité internationale
Si la pandémie pose un obstacle pour descendre dans les rues, elle n’a pas empêché l’éclatement de mobilisations, comme la grève nationale de deux jours des livreurs, la campagne contre la réouverture des écoles, et l’impressionnante grève de la poste qui dure depuis le 17 août. Nous devons renforcer ces luttes !
Car la pandémie agit comme un révélateur d’inégalités et frappe de plein fouet les personnes les plus vulnérables. L’heure est à la solidarité et à l’unité. Pour soutenir les luttes au Brésil, et organiser la communauté brésilienne en Suisse autour d’un mot d’ordre : virer Bolsonaro et Mourão pour sauver des vies !
Le Comité Fora Bolsonaro–Mourão a été créé le 10 juillet dernier. Réunissant des militant·e·s de partis, syndicats et mouvements sociaux de gauche issu·e·s de la migration brésilienne et latino-américaine à Genève, le comité est soutenu par des organisations politiques et syndicales suisses, comme solidaritéS et le SSP. Mais notre tâche est aussi de dénoncer la complicité de la Suisse avec ce gouvernement, et les intérêts de nos multinationales qui font passer leurs profits au détriment des vies de milliers de personnes au Brésil et ailleurs. Nous appelons à la création de ces comités partout ! Notre soutien est nécessaire ! Nos destins sont liés.
Gabriella Lima
Recul du droit à l’avortement
À la suite de l’avortement légal d’une jeune fille de 10 ans, mise enceinte par son oncle, le Brésil durcit sa réglementation sur l’avortement en cas de viol. Désormais, les médecins auront l’obligation de proposer à la femme de voir le fœtus ou l’embryon et d’avertir la police avant de passer à l’opération.
Le nouveau règlement a été publié le 28 août par le ministère de la santé. Il stipule également que les femmes qui souhaitent avorter doivent détailler ce qui s’est passé au moment du rapport, et être en mesure de le prouver, sous peine d’être poursuivies en justice. Alors que l’avortement n’est légal qu’en cas de viol, il ne s’agit pas seulement d’une tentative de criminalisation, mais aussi d’un outil de violence psychologique, de par l’usage de l’échographie à des fins de dissuasion, ou encore l’obligation pour les victimes de déposer plainte contre leur gré et de se justifier sur leur agression.
À ce propos, la ministre de la femme, Damares Alves, une pasteure ouvertement anti–avortement, répond que « son gouvernement lutte pour la vie, tout comme le Brésil qui l’a élu », démontrant ainsi son incapacité à protéger la vie d’une enfant ; car après avoir été violée pendant près de la moitié de sa vie, la jeune fille a vu son identité, sa situation et sa localisation exposées au public par des proches de la ministre, et son droit à l’avortement mis en cause. La lutte pour nos droits reproductifs ne doit pas s’arrêter à nos pays. Face à toutes les attaques sexistes contre nos droits et libertés fondamentales, nous résisterons ! GL