Maroc
Stop à l’occupation du Sahara occidental par le régime marocain !
Le 13 novembre dernier, l’armée marocaine a attaqué le col du Guerguerat, qui sépare le Sahara occidental et la Mauritanie, dans lequel se trouvaient des manifestant·e·s sahraoui·e·s. Si elle a ainsi brisé le cessez-le-feu conclu en 1991, cette agression n’est que la continuité de décennies d’occupation et de violences.
Cela fait en effet plusieurs dizaines d’années que le Front Polisario se bat pour l’indépendance, face à l’occupation du Sahara occidental par le Maroc. En 1956, le Maroc gagne son indépendance face aux protectorats français et espagnols, mais le Sahara occidental reste sous contrôle espagnol.
À la demande du régime marocain, qui souhaite contrôler la région, il est inscrit à la liste des territoires non-autonomes de l’ONU dès 1963. En 1975, un avis de la Cour internationale de justice rend possible un référendum d’auto-détermination. Quelques jours plus tard, Hassan II réalise le tour de force de la Marche verte : une marche pacifique, orchestrée par le régime, lors de laquelle des Marocain·e·s traversent la frontière les séparant du Sahara occidental, revendiquant ainsi sa marocanité. En conséquence, un traité est conclu entre la Mauritanie, l’Espagne et le Maroc. Ce dernier récupère deux tiers de ce territoire.
Mais n’oublions pas que cette marche s’inscrit dans une période politique où Hassan II est particulièrement déstabilisé, notamment par les deux tentatives de coup d’État de 1971 et 1972. La marche Verte et l’occupation du Sahara occidental lui permettent ainsi de couper court à la contestation grandissante, et donc de recréer une unité autour de sa personne. L’Union sacrée qu’il a réussi à construire sur le « Grand Maroc » lui permet de contrôler l’opposition, de dresser les lignes rouges qu’elle ne doit pas franchir, et surtout d’empêcher une convergence entre les peuples marocain et sahraoui.
L’occupation du Sahara occidental n’est donc pas anodine, elle est au cœur du fonctionnement du Makhzen, le régime monarchique. Elle lui permet non seulement de s’approprier des ressources (notamment du phosphate) qui ne sont pas les siennes, mais également de diviser celles et ceux qu’il opprime et exploite. Pourtant, les intérêts des classes populaires marocaines, qui luttent dans le Rif et ailleurs pour plus de démocratie, de justice sociale et de dignité, sont les mêmes que celles du peuple sahraoui.
Dès lors, il nous faut continuer à marteler qu’il ne peut y avoir d’opposition au régime de Mohammed VI qui n’intègre pas une dénonciation de l’occupation illégitime et illégale du Sahara occidental dans ses revendications. Il nous faut continuer à soutenir la revendication d’auto-détermination et de libération nationale du Polisario. Soutenons la lutte contre ce régime autoritaire, répressif, profondément inégalitaire et humiliant, et pour un Maghreb des peuples libres !
Anouk Essyad