Allemagne

Berlin se meurt sous la censure

Face à la répression qui s’intensifie de jour en jour, comment les activistes pour la cause palestinienne peuvent-iels encore s’organiser en Allemagne? Tour d’horizon de la répression sans limite à Berlin.

Une manifestant enrouée de deux policiers lors d'une manifestation commémorant la Nakba en Palestine à Berlin
Manifestation à l’occasion de la commémoration des 76 ans de la Nakba, Berlin, 18 mai 2024

Il a fallu peu de temps après le début du génocide à Gaza pour que l’Allemagne se positionne comme l’un des plus grands soutiens de l’État d’Israël et de son apartheid. L’entier de l’échiquier politique, du SPD à l’AfD en passant par les conservateur·ices CDU sont d’accord: toute critique d’Israël équivaut à de l’antisémitisme. En France au moins, une maigre voix contradictoire existe au travers de la France Insoumise. En Allemagne son équivalent Die Linke est gangréné par l’idéologie antideutsch, de gauche sioniste. 

Le résultat est une censure constante et oppressante malgré que le fait que l’Allemagne soit le pays d’Europe comptant le plus de ressortissant·es palestinien·nes. À Berlin en particulier, le gouvernement conservateur opère une véritable chasse aux sorcières. Tout d’abord, le retrait de financements et les fermetures de lieux. Le centre culturel Oyoun – qui comptait une trentaine d’employé·es – a vu ses financements brutalement stoppés à la suite d’une conférence à laquelle était invitée une organisation juive décoloniale. 

À la suite de la Berlinale et du discours critique du sionisme d’un réalisateur israélien, plusieurs voix se sont élevées pour pénaliser financièrement le fameux festival de cinéma. Plus récemment encore, un centre queer-féministe avec des foyers pour jeunes personnes – Frieda – a fermé du jour au lendemain. La cause: des posts pro-Palestine sur le compte Instagram privé d’une travailleuse du centre. 

Et ce n’est que la pointe de l’Iceberg: les interdictions de territoire pour des figures palestiniennes, l’interdiction du Congrès Palestine, les arrestations abusives et arbitraires ou encore les visites de Police à domicile et perquisitions chez les activistes. Tout cela avec le soutien de la majorité de la presse, dont notamment le groupe Axel Springer qui détient des intérêts financiers immobiliers dans les territoires de la Palestine occupée. 

Agenda mortifère et néolibéral

Le résultat est une base militante affaiblie et isolée qui peine à s’organiser massivement. Tout espace financé par l’État ou la Ville applique la loi du silence. Les activistes sont traqué·es et calomnié·es dans les médias, voir doxxé·es. En dehors de la défense claire des intérêts économiques de la bourgeoisie liés aux vente d’armes et liens économiques avec Israël, le discours sur l’antisémitisme est désormais également part intégrante des politiques néolibérales de la ville de Berlin. Sans opposition, cette dernière peut continuer de couper dans les structures sociales et la culture contestataire dans un contexte de gentrification à grande vitesse

Seb Zürcher