Suisse: dix mort·es. Les coupables courent toujours
La Suisse, comme le monde, assiste à une succession d’événements climatiques extrême et mortels. Et ce n’est qu’un début…
La Suisse a subi plusieurs déluges le mois passé. Inondations, laves torrentielles et glissements de terrain ont causé la mort de dix personnes. Ces victimes climatiques s’ajoutent aux milliers de mort·es causées par la chaleur extrême, les ouragans, les inondations et les feux de forêt qui se sont produits aux quatre coins du globe ces derniers mois, événements souvent qualifiés d’«exceptionnels».
Rien d’étonnant pourtant. Le mois de juin 2024 a été le 13e mois consécutif enregistrant des températures record au niveau mondial, selon le service climatique Copernicus. Et le 12e mois consécutif où les températures ont dépassé de 1,5 °C la moyenne pré-industrielle. Rappelons que l’Accord de Paris de 2015 engageait les pays signataires à tout mettre en œuvre pour ne pas dépasser ce seuil et que les «contributions» annoncées des États, très optimistes, nous engagent sur une trajectoire de 2,5 °C.
Si on ajoute aux événements climatiques ponctuels les autres conséquences à long terme du dérèglement climatique, comme un effondrement de la production alimentaire, l’hécatombe est annoncée. Les faits sont connus et établis.
En Suisse, les initiatives et référendums permettent (un peu) de débattre de ces questions et (surtout) de mesurer le gouffre qui existe entre ce qui devrait être entrepris et les positions des opposant·es.
Le 22 septembre, les citoyen·nes se prononceront sur l’initiative biodiversité. Très vague dans sa formulation, elle est indiscutable face à la perte au constat que tire le comité d’initiative: «un tiers de toutes les espèces animales et végétales de Suisse sont considérées comme menacées ou ont déjà disparu». Pourtant, la droite et l’Union suisse des paysans s’y opposent vigoureusement, alarmant sur la «diminution de la souveraineté alimentaire». Savent-iels que diminuer drastiquement la production de nourriture d’origine animale permettrait de répondre bien plus efficacement à leur inquiétude?
En novembre, les citoyen·nes suisses devront décider – true story – s’il faut investir des milliards pour élargir les autoroutes… Toute personne qui envisage qu’en 2040 il pourra y avoir autant de voitures en circulation qu’aujourd’hui tout en atteignant la neutralité carbone est soit fou·lle soit lié·e pieds et poings aux milieux économiques.
Il semble que les médias, se parant de vertu pour dénoncer les infox, ont permis de faire accroire qu’un capitalisme vert et quelques conseils pratiques (manger un peu moins de viande, opter pour une voiture électrique…) allaient résoudre le problème. Et qu’il faut avant tout s’«adapter». Ce n’est pas le cas!
Les transformations nécessaires dans tous les domaines, notamment de l’appareil de production, doivent être radicales. Le hic, c’est que celles-ci ne sont pas compatibles avec le maintien du taux de profit du capital et contredisent fondamentalement le système actuel.
Son maintien, organisé par leurs exécutant·es politiques, provoquera donc des millions de mort·es et déplacé·es – en plus de ceux qu’il produit déjà directement. Rien de moins qu’une «violation délibérée des droits fondamentaux inspirée par des motifs politiques». C’est la définition du crime contre l’humanité.
Niels Wehrspann