Faire front commun face au vent nauséabond qui frappe les rives du Léman


Le 23 mars dernier, la Ville de Genève est passée dans les mains de la droite et de l’extrême droite, avec la perte à quelques sièges près de la majorité de gauche au Conseil municipal. C’est une période bien sombre qui s’annonce au bout du lac avec une politique cantonale d’ores et déjà marquée par la surreprésentation de droite au Grand Conseil.

Stand de solidaritéS dans les rues basses de Genève
Stand végétalisé dans les Rues basses

Avec le résultat de ces élections, Genève ne fait ainsi pas exception à la poussée masculiniste, xénophobe, carbofasciste et néolibérale… Pourtant, il n’est pas l’heure de se décourager et de se résigner mais plutôt de reprendre des forces en analysant les apports positifs de cette campagne.

Un groupe municipal renforcé 

La première bonne surprise fut celle d’une liste unique pour la gauche radicale formée par la coalition Ensemble à Gauche (solidaritéS, le DAL et le Parti du Travail) et l’Union Populaire. Si celle-ci n’as pas été obtenue aisément, la nécessité d’une telle alliance n’est toutefois plus à prouver, puisqu’elle a permis d’obtenir deux sièges supplémentaires au Conseil municipal, faisant ainsi passer notre groupe de 7 à 9 élu·exs. Et c’est en soit une belle victoire alors que les socialistes et les Vert·es perdent au total 7 sièges. 

On ne peut pas y voir un hasard, mais bien le fruit d’une perte de confiance de l’électorat face à deux partis adeptes d’une politique des petits pas, bien trop timide pour répondre aux urgences auxquelles nous devons faire face. 

Pas de second tour  

Le bon score de Tobia Schnebli au premier tour de l’élection pour le Conseil administratif est également à saluer, même si cette réussite a été entachée par la velléité de son parti à le maintenir au deuxième tour à tout prix et ce par le biais de méthodes peu respectueuses des règles démocratiques. Pour solidaritéS, si l’objectif principal de cette campagne était de passer le quorum de 7%, pour maintenir une majorité de l’Alternative au Conseil municipal, siéger dans un exécutif ne va pas de soi.  

Et encore moins dans une composition municipale avec majorité de droite, ce qui, de facto, restreindra fortement l’action du Conseil administratif, même si celui-ci demeure majoritairement à gauche. L’Assemblée de solidaritéS a également souligné le fait qu’obtenir un siège au Conseil administratif au second tour semble extrêmement peu probable, puisque plus de 4500 voix séparaient Tobia Schnebli de la candidate Marie Barbey-Chappuis (Le Centre), arrivée 5e du 1er tour. On peut aisément imaginer que la droite compte resserrer les rangs et voter massivement pour cette dernière lors du 2e tour, creusant encore cet écart. Cette analyse semble partagée par le DAL et l’Union Populaire puisque leur AG se sont également prononcées contre une présence lors du 2e tour pour le Conseil administratif.  

Des élu·es et une jeunesse engagée!

Le deuxième fait marquant est que la stratégie adoptée par solidaritéS consistant à faire remonter les camarades femmes sur la liste afin de contrer les biais de genre a fonctionné. C’est Brigitte Studer et Livia Zbinden qui continueront ainsi à siéger pour solidaritéS. Notons aussi l’excellent score de Pardis Pouranpir, membre de la Jeunesse solidaire, qui se classe première des «viennent-ensuite». 

Troisième élément à saluer est la bonne tenue de cette campagne dans laquelle des dizaines de militant·exs, parfois très jeunes, se sont engagé·exs avec énergie et conviction. Malgré les semaines chargées de campagne, solidaritéS a continué à organiser des conférences, des projections de films, à mobiliser pour des manifestations, à s’engager dans les luttes sociales, à participer à des comités unitaires et à récolter des signatures pour des initiatives et référendums. 

Ceci a permis une campagne dynamique sur tous les fronts, tant dans la rue avec des dizaines de stands et de tractages, qu’au sein de débats organisés par des associations ou encore sur les réseaux sociaux par le biais de dizaines de vidéos et visuels. Saluons ainsi l’énorme travail fourni par les camarades de la Jeunesse solidaire qui ont montré toute l’étendue de leurs compétences et ressources ces derniers mois. 

Pour conclure, on ne peut qu’affirmer que si la dégradation des conditions de vie d’une grande partie de la population est le résultat d’un capitalisme qui enchaîne les crises tout en continuant à gaver les élites, siéger ne serait-ce qu’au Conseil municipal d’une des villes les plus riches au monde n’est pas un luxe dont la gauche radicale peut se passer. Il est évident qu’il va falloir dans les prochaines années continuer à former un large front pour reprendre ce qui est à nous – puisque tout ce qu’ils ont, ils l’ont volé!

Donna Golaz