Finances publiques: dautres voies existent
Finances publiques: d’autres voies existent
Rien ne justifie les sacrifices que lÉtat impose aux personnes les plus démunies. Pour redresser les finances publiques il existe dautres solutions. Lors dune conférence de presse, le 22 mars, Solidarités a présenté ses propositions pour sortir de la dynamique de régression sociale enclenchée par la politique du Conseil dEtat Neuchâtelois. Les voici résumées:
I. Insertion professionnelle des jeunes et des femmes. Lutte contre les bas salaires.
Pauvreté, marginalisation, voire exclusion sont le lot dun nombre non négligeable de citoyens et de citoyennes de notre canton. Les jeunes immigré-e-s sont particulièrement touchés par la difficulté de trouver un emploi, de même que les femmes qui doivent revenir sur le marché du travail après avoir éduqué leurs enfants. Cest dans ce contexte que nous allons déposer un projet de loi au Grand Conseil demandant que chaque employeur (y compris lÉtat) ait à charge de mettre à disposition des places dapprentissage ou dengager aux conditions usuelles, notamment salariales, de la branche, un-e jeune qui se trouve à laide sociale ou au chômage et qui cherche une place de travail.
Le règlement dapplication devra fixer des quotas aux entreprises en fonction de leur taille, car ce sont les grandes entreprises qui sont principalement visées par notre proposition.
Mesures en faveur dun salaire minimum
Si lÉtat manque de rentrées fiscales, cest aussi parce que les salaires dans le canton sont trop bas. Il sagit déviter la situation absurde de personnes qui travaillent mais ne gagnent pas suffisamment pour vivre et qui dépendent de laide sociale pour boucler leurs fins de mois.
Dans tous les secteurs où les conditions salariales sont manifestement mauvaises, lÉtat devrait rendre obligatoires les conventions collectives de branche.
Une lutte active contre la «fabrication» de travailleurs et de travailleuses pauvres pourrait prendre la forme dun observatoire des entreprises avec publication dans La Feuille officielle des salaires usuels.
Création dun label dentreprise socialement et écologiquement responsable
Il doit servir à encourager les entreprises à respecter les conditions sociales définies par les conventions collectives, promouvoir légalité salariale, respecter les droits syndicaux, fixer un salaire minimum, avoir un comportement socialement et écologiquement responsable.
II. Favoriser lemploi pour le bien-être social
Rationalisation du fonctionnement actuel de lÉtat
Ce processus est en cours et si le but est de supprimer ce qui est inutile au profit dun meilleur service au public, nous ne pouvons que le soutenir; mais cette rationalisation ne doit pas se faire au détriment des employé-e-s ni desservir les usagers et les usagères. LÉtat ne doit pas contribuer à dégrader les conditions de travail ou devenir un producteur de chômeurs et de chômeuses; il est aussi de sa responsabilité de garantir un service public fonctionnel et de qualité!
Création de nouveaux emplois
Pour donner une chance supplémentaire de trouver un emploi pour celles et ceux qui souhaitent sortir dune situation de dépendance ou qui refusent dy tomber, lEtat pourrait:
- Etendre la mise en place dentreprises, à lexemple de job-eco, qui visent à économiser lénergie et à remplacer les énergies fossiles (pétrole) par la production dénergies renouvelables (éoliennes, solaires, biomasses, etc.). Cest loccasion de créer des emplois à la fois intéressants et socialement utiles.
- Poursuivre activement le programme douverture de crèches et de structures daccueil de la petite enfance (concrétiser la loi cantonale).
III. Pour le retour au principe républicain de légalité devant limpôt
Mise en place dune politique de promotion économique excluant les cadeaux fiscaux aux entreprises (personnes morales).
Lutte renforcée contre la fraude fiscale
- Les conseillers dEtat successifs nont cessé de dresser un bilan radieux de la promotion économique, articulant des chiffres demplois créés impressionnants. Il ne sagit pas de nier le fait que des entreprises installées dans le canton parce quelles ny payaient pas dimpôts ont généré des emplois. Mais est-ce tenable à long terme? Avec les années, il est inévitable que se crée une culture dentrepreneurs qui considèrent comme normal de ne plus payer dimpôts. Il est temps de revenir en république et que la loi soit la même pour tout le monde. Solidarités demande que la loi cantonale sur limposition des personnes morales soit appliquée sans exception (impôt de 6 à 10% sur le bénéfice net).
- La fraude fiscale nest pas un sport. Elle se fait sur le dos des plus faibles. La solidarité élémentaire exige de renforcer le contrôle de ceux qui ont les moyens de tricher.
IV. Réforme de la fiscalité
Il ny aura pas de solution à lendettement du canton sans nouvelles rentrées fiscales; cest même la seule manière dagir rapidement. Nous proposons:
- Un impôt de solidarité (limité dans le temps) mettant à contribution les hautes fortunes afin de réduire les déficits budgétaires.
- Solidarités soutient lidée dune initiative cantonale sur ce thème et espère que toute la gauche rejoindra les syndicats pour la défendre.
- Un allégement de limpôt pour les familles et les personnes à bas revenus (rabais dimpôts plutôt que déductions sociales).
- Une révision de limpôt sur les successions. Solidarités défend lidée dun taux progressif (pouvant aller jusquà 10% pour les héritages de 1 million et plus).
- Un déplafonnement du taux maximum dimposition sur les personnes physiques.
- Actuellement limpôt atteint son maximum dès 180 000 francs (impôt cantonal de 14.5%). Le taux pourrait progresser jusquà 15% sans créer des drames insolubles. Nous demandons que cette proposition soit chiffrée et étudiée par la commission fiscalité du Grand Conseil.