Climat: catastrophe annoncée: le capitalisme coupable
Climat: catastrophe annoncée: le capitalisme coupable
A fin mars, le Conseil national a parlé «climat», débattant de la taxe CO2 sur les combustibles et du «centime climatique». Nous publions ici lintervention, sur le fond, dans ce débat de notre conseiller national Pierre Vanek au nom du groupe «A gauche toute!»
Les enjeux à long terme de la catastrophe climatique en marche sont énormes, ils mettent en jeu la nature et les conditions dexistence de toute lhumanité. Ceux qui en payeront en premier le prix sont les populations les plus pauvres du Sud dont les conditions de vie de survie devrait-on dire sont déjà aggravées, chaque jour, par le business as usual du capitalisme mondialisé et prédateur.
Vous le savez, selon le GEIC1, une réduction de 60% au moins des émissions de gaz à effet de serre est nécessaire dici 2050 afin dempêcher un dérèglement climatique majeur aux conséquences incalculables… et on nen prend pas le chemin!
Ces changements climatiques menacent, dans les années à venir, de soumettre des centaines de millions dêtres humains aux périls découlant de la montée du niveau des mers, de lextension de certaines maladies, de la baisse de la productivité agricole dans de nombreuses régions, du déclin de la biodiversité et du manque de ressources en eau: on peut craindre littéralement des milliards de victimes en 2100 à défaut de politique climatique volontariste.
Kyoto insuffisant
De ce point de vue, nous pensons que les objectifs même du Protocole de Kyoto sont tout à faits insuffisants pour faire face au danger, dautant que ces objectifs sont encore amoindris par le refus dy souscrire des USA, ainsi que par les dits «mécanismes de flexibilité», et que ceux-ci risquent davoir en plus des effets pervers, tant sur le droit au développement des peuples, que sur la biodiversité (puits de carbone).
Du fait de sa non-ratification par les USA et lAustralie, Kyoto, même intégralement respecté par les signataires, aboutirait en effet seulement à réduire les émissions de 1,7% par an par rapport à lannée de référence pour les pays industrialisés dans leur ensemble.
Par ailleurs, le marché des «droits à polluer», est une solution particulièrement absurde, puisquelle va permettre aux pays riches dacheter aux pays pauvres des droits à polluer et de faire ainsi linverse de ce quil faudrait faire, soit de donner les moyens aux pays pauvres de se développer sans trop polluer. La redistribution devrait donc aller en sens inverse! Nous sommes convaincus que le monde nest pas une marchandise et que ce nest pas lextension sans rivages du marché qui apportera la solution.
Mesures durgence nécessaires
Pour être efficaces, les mesures à prendre devraient toucher demblée à lorganisation de la production. Réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre implique une réorganisation du secteur de lénergie, mais aussi de celui des transports et donc du commerce mondial, et donc de lagriculture (plus «paysanne» et moins industrielle), et donc de la politique urbaine et de laménagement du territoire. Il ne sagit pas ici dune litanie «maximaliste». On ne modifiera pas radicalement la consommation dénergie dans le sens exigé sans sattaquer conjointement à la question des transports (de marchandises, des personnes entre logement et lieu de travail…), donc à la localisation de la production et aux modes de consommation (avec la révolution culturelle qui doit laccompagner).
Ces mesures durgence qui seraient nécessaires, sinscrivent dans une logique en rupture avec celle du capitalisme dominant. Cest lune des particularités de la question climatique, liée à son caractère global, de mettre en évidence cette contradiction! Il fallait quelle soit relevée ici dans ce débat.
Pour en revenir à la décision qui nous devons prendre aujourdhui, «A Gauche toute!», comme lensemble des organisations de défense de lenvironnement soutient et votera, quelles quen soient à nos yeux les limites, qui nen font évidemment pas «la» solution, lentrée en vigueur immédiate de la «taxe» sur le C02 sur les combustibles!
Nous refusons en effet la tarte à la crème du prétendu «centime climatique», impôt indirect antisocial et privé, sans base légale, sinon celle quon nous invite à bricoler post hoc, ni contrôle de son affectation. Sil faut en effet des investissements sérieux et une politique volontariste dans le domaine des énergies renouvelables et des économies dénergie, ceux-ci doivent pour nous être financés notamment par la fiscalité directe… Cest aussi des moyens nécessaires à une telle politique publique, littéralement vitale, que les promoteurs irresponsables de la sous-enchère fiscale et des cadeaux fiscaux à répétition aux riches privent la collectivité, cela valait la peine de le rappeler!
Pierre VANEK
1 Groupe dexperts intergouvernemental sur lévolution du climat (GIEC)