Place du 14-Juin, la rose à la main
C’est avec ironie que nous avons observé l’inauguration de la place du 14-Juin, le 7 février à Lausanne. Observé, mais de loin, puisque le collectif de la Grève féministe n’a pas été invité. N’est-ce pas elle que l’on célèbre pourtant ? Le Parti socialiste, en pleine campagne, est lui aux premières loges. Dès le lendemain, il monte une vidéo de promotion de cette inauguration, largement diffusée sur les réseaux.
La Grève féministe s’est constituée en un mouvement hétérogène et apartisan. Composé de nombreu·se·x·s militant·e·x·s dévoué·e·x·s, c’est elle seule qui est parvenue à mettre en place des revendications politiques diverses, radicales et inclusives. Alors qu’elle défend les droits d’exercice du travail du sexe, la Municipalité à majorité socialiste réduit le territoire alloué à la prostitution de rue. Alors que le manifeste du 14 juin 2019 demande la fin de la précarité professionnelle et que la majorité des auxiliaires de la Ville sont des femme·x·s, la Municipalité refuse de les titulariser. Un bilan féministe plutôt carencé pour cette législature.
Les deux grands mouvements sociaux du pays – les grèves climatique et féministe – se sont constitués hors des parlements, montrant les limites des politiques institutionnelles pour répondre à l’urgence sociale et écologique que nous traversons. Inaugurer une place, c’est de la poudre aux yeux. Une récupération politique indigne du travail harassant mené par les militant·e·x·s pour la mise en place de mesures efficaces contre les injustices sociales et économiques. CM
