Consultation de l’UDC: une « solution finale » pour l’immigration…
Consultation de lUDC: une « solution finale » pour limmigration
LUnion démocratique du
centre (UDC) vient de lancer à grands frais (près
dun million de francs !) une « consultation
populaire sur la politique dasile et des
étrangers », à travers la publication de
pleines pages publicitaires dans les grands quotidiens du dimanche,
daffichage dans lespace public et dun envoi
à tous les ménages suisses.
Un pur concentré damalgames racistes, fondés sur
de prétendues données qui ne résistent
guère à lanalyse. Bien entendu, lobjectif
pour ce parti nest en rien de permettre un débat
démocratique sur la politique de la Suisse vis-à-vis des
étrangers·ères, mais de mener campagne en faveur
de son initiative populaire « pour le renvoi des
étrangers criminels » soumise en votation le 28
novembre prochain et de préparer léchéance
des élections fédérales de 2011. Dans le journal
Franc-parler daoût 2010, Yvan Perrin, conseiller national
UDC et vice-président du parti, le met du reste en exergue, en
soulignant que « ce sondage nest que la
première étape dun processus essentiel [
]
et quil conviendra ensuite de transformer lessai en
assurant la progression du seul parti qui ne craint pas
daffronter les problèmes et de proposer, puis de mettre
en uvre les solutions nécessaires ». Une
posture particulièrement martiale, pour imposer une politique
encore plus brutale contre les étrangers qui
« abusent de notre hospitalité ».
« Remettre de lordre » dans le domaine de la politique migratoire
Telle est lexpression utilisée par lUDC, dans
léditorial qui ouvre le questionnaire, sous la plume de
son président et conseiller national, Toni Brunner. Les
prémisses sont posées clairement :
« la Suisse a un problème avec les étrangers
vivant dans le pays ». Limmigration est
présentée de manière stigmatisante, comme
« générant surtout des problèmes
sociaux qui nuisent aux qualités et traditions essentielles de
notre pays ». Les étrangers sont des moutons noirs.
Parsemée dassertions et de généralisations
de nature raciste, la brochure accompagnant le questionnaire ne
lésine pas sur les dénonciations fallacieuses, comme
« les manipulations statistiques » qui
seraient mises en oeuvre pour « tromper la population
suisse sur la proportion détrangers vivant dans notre
pays », « la baisse du niveau scolaire
à cause de parents étrangers refusant de
sintégrer » ou
« laugmentation massive et incontrôlée
des naturalisations ». LUDC explique quelle
veut « régler rapidement et
complètement » les problèmes posés
par limmigration. Diverses mesures sont mises en avant,
notamment le retrait de la naturalisation (dite naturalisation à
lessai), la condition posée pour lobtention
dun regroupement familial que les adultes et les enfants
concernés connaissent la langue officielle de leur futur lieu de
domicile ou enfin la signature pas les immigrés dune
« déclaration de loyauté »
à lordre juridique helvétique. Les recettes sont
dans la droite ligne du brouet ouvertement xénophobe !
LUDC sen prend à la classe politique, aux
« élites » ou au Conseil
fédéral, de manière purement démagogique,
alors même quelle participe depuis des décennies,
au niveau des gouvernements cantonaux et sur le plan
fédéral, à la mise en uvre de lois et de
politiques à lencontre des migrant·e·s. Se
présentant comme défendant les conditions de vie et
demploi de la population suisse, le parti du milliardaire
Christoph Blocher a soutenu, en mars dernier, la diminution du taux de
conversion impliquant une baisse des rentes pour les retraités.
Il appuie, sans état dâme, la nouvelle
révision de lassurance-chômage qui péjore
encore la situation de tous les salariés à la recherche
dun emploi, en particulier les jeunes. Etranger, chômeur,
retraité, bénéficiaire de lAI, abuse chacun
à leur manière !
Lutter ensemble contre le racisme !
Il ne faut pas se leurrer : le climat est très favorable
pour ceux et celles qui font des étrangers·ères
les boucs émissaires pour la détérioration des
conditions de vie et de travail dune majorité de la
population. Dans la suite de la votation sur les minarets, le racisme a
été alimenté par le débat sur le port du
voile ou la burka. Linitiative de lUDC
« pour le renvoi des étrangers
criminels » a déjà gagné, le
contre-projet qui lui est opposé en est la preuve !
Toutes les formes dexpression et de banalisation du racisme
doivent être fermement combattues. La politique raciste
prônée par lUDC et la majorité des Chambres
fédérales est une des facettes de la politique
réactionnaire et antisociale qui se déploie
aujourdhui en Suisse et en Europe, visant à faire payer
la crise aux salarié·e·s. Sarkozy la bien
compris ! Face aux inégalités sociales
croissantes, à la précarisation des conditions de travail
et à la paupérisation de nombreux secteurs de la
population, le racisme instrumentalisé électoralement par
lextrême droite populiste ou mis en uvre par les
gouvernements en place permet de rendre responsable
« létranger » de cette
situation. Colères et rancunes se tournent alors non pas contre
les employeurs, ou les banquiers, mais contre un voisin ou un
collègue de travail qui na pas le passeport rouge
à croix blanche. Combattre pied à pied le racisme et
toutes les formes de discrimination est une priorité à
laquelle il faut satteler sans concession. Les politiques
actuelles vis-à-vis des étrangers, en particulier des
musulmans, des roms ou des Noirs, ont un parfum des années 30 du
siècle passé. Il sagit den prendre la
mesure.
Jean-Michel Dolivo