Élections fédérales

Élections fédérales Voter anticapitaliste

La crise économique s’est invitée aux élections nationales 2011. Mais, une fois de plus, on veut nous faire croire, à grand renfort de publicités, qu’en Suisse on pourra fermer la porte aux problèmes en répondant par la xénophobie, la stigmatisation des immigré·e·s et l’accélération du renvoi inhumain des sans-papiers. Le Conseil Fédéral navigue à vue sur la base de rapports et conseils d’« experts ». Pas un jour ne passe sans que les médias ne montrent l’Europe (du sud) du doigt, multipliant les injonctions pour sauver l’euro par l’application de programmes drastiques d’austérité qui entraîneront une réduction de plus de 20 % du pouvoir d’achat des classes populaires des pays visés, la dislocation et la privatisation des services publics, le démantèlement de la sécurité sociale et de leur droit à la retraite. Pas un mot, bien sûr, contre la Suisse vertueuse qui, à coups de secret bancaire, de baisse de fiscalité pour les riches et les entreprises, sert de refuge aux fortunes du monde entier. Pourtant c’est là que réside la cause réelle de la crise économique ; les paradis fiscaux, promus y compris par le Parti socialiste, permettent en effet cette envolée invraisemblable des fortunes et des bénéfices. On pleure à longueur d’éditoriaux sur la chute de la bourse, sans nous dire que sur ces trente dernières années, période des contre-réformes néo-libérales, le cours de la bourse de New-York – la référence des références – a progressé de 1000 %, ce qui représente en moyenne une plus-value de plus de 30 % par année. Arrêtez ces pleurs, remboursez l’argent volé !

    Tous les partis qui siègent au Conseil Fédéral font exploser leurs budgets publicitaires pour les élections fédérales. Mais au bout du compte, cet affichage indécent de l’argent camoufle mal ce que tout le monde sait très bien : après les élections, tout restera comme avant ; il n’y aura pas de modifications de la politique suisse. La démocratie semi-directe connaît en effet une stabilité extraordinaire, avec une domination permanente des partis politiques bourgeois et un Parti socialiste consentant.

    Le consensus suisse, auquel se soumettent tous les partis qui veulent participer au Conseil Fédéral, s’articule autour de la défense de quatre fondamentaux incontournables : les banques (et le secret bancaire), une politique migratoire soumise aux intérêts des grandes entreprises, l’armée et la paix du travail dans les relations sociales. Voilà les piliers essentiels sur lesquels la bourgeoisie helvétique construit sa richesse, et les Verts, qui veulent un jour participer au gouvernement fédéral, s’y soumettront comme le Parti socialiste le fait déjà depuis des lustres. La stabilité helvétique suscite un pessimisme individuel ; on l’entend à chaque coin de rue : là-haut, ils font ce qu’ils veulent. La gauche critique aura au mieux quelques élu·e·s qui ne pèseront guère sur les décisions du Parlement. Alors, à quoi bon ?

    En présentant des candidat·e·s anticapitalistes dans plusieurs cantons romands, solidaritéS se place délibérément du côté de celles et ceux qui savent bien qu’une alternative anticapitaliste, écologique et féministe ne peut surgir que de la société et de luttes populaires puissantes, mais que ce mouvement a lui-même besoin d’un espoir, de fenêtres du possible qui puissent nourrir son extension. Il est bien clair que le seul jeu électoral ne mettra pas plus de social et de féminisme dans le consensus helvétique. Mais partout dans le monde, en Afrique, dans les pays arabes, en Europe aussi, des indigné·e·s s’élèvent par milliers contre cette crise qui profite si bien aux capitalistes ; ils nous montrent qu’un vaste mouvement social, dans la rue, est possible et nécessaire. Une nouvelle voie est ainsi ouverte, nous rappelant que des ruptures peuvent intervenir, en des temps et des lieux où personne ne les attend.

    La crise est internationale, mais dans chaque pays s’affiche aujourd’hui la même nécessité de faire émerger des organisations portant l’espoir d’un autre monde, des organisations capables de catalyser un mouvement social jusqu’à la rupture avec le capitalisme.

    Le 23 octobre, nous voulons amplifier les voix qui, dans cette crise globale du capitalisme, luttent pour un changement radical de société, pour un monde de justice sociale, où les femmes auront leur mot à dire, à égalité avec les hommes et où chacun-e aura une place et sera respecté, indépendamment de son âge, de son sexe ou de son origine. Un vote en progression pour la gauche radicale indiquerait la possibilité, même en Suisse, d’un changement du climat politico-social. Voter pour les listes auxquelles participe solidaritéS, c’est contribuer à ce changement indispensable de remise en cause du capitalisme. Ce à quoi nous travaillons sur tous les terrains. Parce que c’est nécessaire.

Marianne Ebel