Les enfants paient le prix de l’austérité

Depuis 2017, le Conseil d’État neuchâtelois a entrepris de réformer sa politique de protection de l’enfance afin de couper dans les dépenses. L’objectif était de diminuer le nombre de places d’accueil en institution pour privilégier le placement des enfants en famille d’accueil. 

Un enfant dessine une maison
80 enfants sont en attente d’une famille d’accueil.

Dès le début, les voix des différent·e·s acteur·ices se sont élevées pour alerter sur les risques à venir pour les enfants à protéger. La direction du Service de protection de l’adulte et de la jeunesse (SPAJ), appuyée par le Conseil d’État, a mis en œuvre sa réforme en diminuant progressivement les places d’accueil en institution.

Malgré une longue campagne de recrutement de familles d’accueil, leur nombre ne suffit pas à offrir une protection à chaque enfant qui en a besoin. Aujourd’hui, la situation est arrivée à saturation, car plus aucune place n’est disponible dans le canton et près de 80 enfants sont en attente d’une famille d’accueil. Par conséquent, les services ambulatoires sont sous pression pour assurer un filet de sécurité auprès des familles en difficulté. En mars 2023, il fallait attendre de 3 à 6 mois pour débuter un suivi ambulatoire. Dès lors, les intervenant·e·s en protection de l’enfant ne savent plus comment assurer leur mission de protection des enfants contre la négligence ou la maltraitance. 

La gravité de la situation a sans doute encouragé deux employé·e·s du SPAJ à témoigner anonymement pour dénoncer publiquement ces faits alarmants. 

Ces témoignages évoquent également un rapport d’audit, dont le contenu dénonce de graves problèmes de gouvernance et un fonctionnement hiérarchique vertical. Les employé·e·s ne se sentent pas entendu·e·s et perçoivent la plupart des injonctions de la direction comme déconnectées de leur mission et de leurs valeurs. Le SSP est mobilisé depuis 2019 pour tenter d’améliorer les conditions de travail au sein du service. 

En conclusion, il convient de rappeler que tous ces dysfonctionnements peuvent avoir des conséquences dramatiques pour les familles, plus particulièrement pour les enfants qui sont les plus vulnérables. Au nom de l’orthodoxie financière néolibérale, le Conseil d’État adopte une logique de suppression de certaines prestations existentielles pour la protection des enfants. Ce raisonnement simpliste peut briser des vies qui ne sont pas adéquatement soutenues à un moment crucial. 

Nous faisons le sombre constat que la protection de l’enfance souffre ainsi d’une logique mortifère avec des dysfonctionnements chroniques à Genève, sur Vaud et Neuchâtel.

Dimitri Paratte    Zoé Bachmann