Israël
La colonisation comme outil marketing
Comment l’armée israélienne a émergé à partir des organisations terroristes paramilitaires, pourquoi la colonisation est nécessaire à Israël, contre qui Tsahal se bat réellement et comment Tel-Aviv exporte son modèle d’occupation dans le monde.
Dès le début du 20 siècle, les colons sionistes se sont heurtés à la résistance de la population paysanne palestinienne indigène, ce qui les a contraints à organiser des bandes paramilitaires, ce qui a transformé les colonies en garnisons militaires.
Débuts peu glorieux
En 1920 a été créée l’organisation paramilitaire Haganah («défense» en hébreu reconstruit) pour protéger les colons sionistes. Dans les années 1940, il devint clair que les organisations sionistes ne parvenaient à racheter que 6% de la Palestine mandataire et que la population locale ne pouvait être expulsée que par la force.
La Haganah, ainsi que – comme ils s’appelaient eux-mêmes – les organisations terroristes Irgoun et Lehi (Stern gang) furent responsables de centaines d’attentats terroristes, d’actes de sabotage et de nettoyage ethnique, comme le massacre de Deir-Yassin en avril 1948 (avant le début de la guerre).
À Deir-Yassin, écrivait Ilan Pappé, en raison de l’accord préalable signé avec le village, la Haganah a décidé d’envoyer l’Irgoun et le Lehi pour se dégager de toute responsabilité. L’un des témoins se souvenait d’avoir vu «les soldats terroristes sionistes ordonner au boulanger du village de jeter son fils dans le four et de le brûler vivant». D’autres témoignages incluent le ligotage d’un habitant du village à un arbre avant de le brûler, les viols et les éventrements.
Un autre massacre fameux fut celui de Tantura en mai 1948, perpétré par les brigades Alexandroni après la proclamation de l’État.
Comme la Haganah, l’Irgoun et le Lehi seront intégrés à l’armée d’occupation en 1948-49. L’Irgoun se transformera en parti Hérut, d’où est issu le parti Likoud de Netanyahou.
Ainsi, déjà à cette époque, les bandes paramilitaires étaient des instruments non seulement de nettoyage ethnique, mais aussi de protection des terres expropriées de la population indigène et de création d’un État colonial sur les terres volées.
Militarisme et militaires
Israël est souvent décrit comme un État pour l’armée ou un État-garnison qui, dans l’imaginaire colonial, est entouré d’ennemis et constamment en danger. L’un des mythes nationaux était celui d’une «armée populaire», où le service était obligatoire pour tout le monde (sauf les ultra-orthodoxes et les citoyen·ne·s palestinien·ne·s d’Israël).
Pour les sionistes libéraux, il s’agit d’une sorte de creuset, ou de rite de passage, par lequel passent les immigrants de différentes origines afin de devenir des membres à part entière de la société des colons. Comme a dit le chef d’état-major de Tsahal, «chaque citoyen [juif] est un soldat en congé annuel de onze mois».
La pénétration du militarisme dans la société est attestée par le phénomène des kibboutzim qui sont, selon Israel Shahak, «d’abord et avant tout, un établissement militariste, un lieu où les jeunes sont instruits à être soldats irréfléchis et officiers de l’armée coriaces».
Cependant, depuis la guerre d’octobre 1973, où fut détruit le mythe de l’armée invincible, et surtout depuis l’implication d’Israël dans la guerre du Liban et le massacre des Palestinien·ne·s dans les camps de refugié·e·s Sabra et Chatila par les forces soutenues par Israël (1982), le prestige de l’armée a progressivement décliné, comme en témoigne l’émergence des groupes attestant des crimes de guerre, tels que Yesh Gvul et Breaking the Silence plus tard (2004).
Le nombre de personnes souhaitant servir dans l’armée, notamment parmi la classe moyenne, diminue lentement. Alors qu’aujourd’hui les Ashkénazes laïcs et de classe moyenne servent dans des forces spéciales plus prestigieuses, souvent associées à la haute technologie de surveillance (comme l’Unité 8200), ce qui leur confère plus tard un statut social et ouvre les portes aux cyberentreprises privées, les niveaux inférieurs et les plus dangereux de l’armée à la périphérie, comme la police, le contrôle de Gaza, les raids en Cisjordanie et d’autres travaux subalternes, sont occupées par les classes les plus défavorisées, souvent des Mizrahim religieux, des immigrant·e·s de l’ex-URSS ou des Druzes.
Dans une société qui vote par identité et où la gauche sioniste néglige et dédaigne les Mizrahim depuis des décennies, ces classes religieuses inférieures forment la base électorale de la droite, comme du ministre de la Sécurité, l’extrémiste Ben Gvir, ainsi que du parti fondamentaliste Shas fondé en 1984.
La période depuis les accords d’Oslo de 1993 se caractérise par la volonté des milieux religieux de subjuguer les milieux militaires. Cette tendance est associée à la crainte des milieux ultra-orthodoxes quant à la perte des colonies en Cisjordanie et à Gaza et, par conséquent, à leur désir d’annexer les deux. Cela s’est manifesté, par exemple, par la diffusion des hesders ‒ des programmes de cinq ans reliant l’étude des écritures sacrées au service dans l’armée d’occupation.
Après l’arrivée au pouvoir du gouvernement de coalition d’extrême droite de Netanyahu en décembre 2022, une nouvelle série de conflits a commencé entre les sionistes de droite et les sionistes libéraux, préoccupés par la menace d’une réduction du rôle de la Cour suprême, c’est-à-dire d’un rétrécissement de l’espace démocratique pour les Juif·ve·s.
L’épine dorsale des manifestant·e·s étaient les militaires. Même si la Cour suprême d’un État colonial ne peut par définition être un instrument de justice, surtout dans un pays qui n’a pas de Constitution, des cercles d’extrême droite considèrent la Cour suprême comme le dernier obstacle à leurs ambitions coloniales dans les territoires palestiniens occupés.
Les militaristes qui ont mené les manifestations pour défendre leur version de l’apartheid ont pris la défense de la Cour suprême et contre la réforme, car la cour les protège des poursuites éventuelles par la Cour internationale de Justice pour crimes de guerre contre les Palestinien·ne·s.
Le complexe militaro-industriel
Le début du complexe militaro-industriel du Yishouv (colonies juives en Palestine avant 1948) peut être situé durant la période du mandat britannique, à savoir en 1933, lorsque la Haganah a construit une usine souterraine pour la production de balles dans un kibboutz à Réhovot. Cette usine clandestine deviendra la base de l’entreprise publique Israel Military Industries (IMI) en 1948.
À la veille de la guerre commencée en mai 1948, les factions sionistes étaient au nombre de 50 000 et disposaient de petites forces aériennes et maritimes, de chars, de véhicules blindés et d’artillerie lourde. L’URSS leur envoya des armes via la Tchécoslovaquie. En pleine guerre, à la fin de l’été 1948, l’armée israélienne comptait déjà 80 000 personnes.
Au cours des deux premières décennies qui ont suivi la déclaration de l’État, Israël s’est spécialisé dans les armes simples et légères, comme le pistolet-mitrailleur Uzi introduit début des années 50. À l’époque, les armes lourdes et plus avancées, comme les avions Mirage, étaient fournies principalement par la France. En même temps, depuis 1948 l’État sioniste a commencé à enquêter sur les armes nucléaires, et, en collaboration avec la France, a secrètement commencé la construction du Centre de recherche nucléaire du Néguev.
La transformation d’Israël d’un fabricant d’armes artisanal en un important producteur d’armes sophistiquées coïncide avec la guerre des Six Jours en 1967, lorsque Charles de Gaulle impose un embargo sur les avions et qu’Israël s’aligne sur les USA, qui deviennent le principal fournisseur d’armes.
Pendant la guerre de 1967, Israël occupe la Cisjordanie jordanienne (y compris l’Est de la ville de Jérusalem), le Golan syrien ainsi que la bande de Gaza et le Sinaï égyptiens.
Israël comprend alors l’urgence de développer son propre complexe militaro-industriel indépendant: la compagnie publique Israeli Aircraft Industries (IAI) commence à produire des avions Kfir, Arava et Nesher. Au même moment, le char de combat Merkava voit le jour.
Fondée en 1966, la société privée Elbit devient rapidement le principal fournisseur d’avions et de chars de l’armée d’occupation. Bientôt, l’entreprise, étroitement liée aux services de sécurité israéliens, a également commencé à exporter ses armes vers d’autres pays, dont la Suisse.
Durant cette période, l’impérialisme étasunien commence à utiliser les armes israéliennes pour réprimer les insurgences partout dans le tiers monde.
Après la dernière guerre conventionnelle israélo-arabe de 1973, l’industrie de haute technologie israélienne, directement rattachée aux élites militaires israéliennes et à ses services de renseignement, voit l’essor.
Aujourd’hui, plus de 300 entreprises internationales et 6000 start-ups, employant des centaines de milliers de personnes, travaillent dans le complexe militaro-industriel, y compris dans la cybersécurité (renseignement, espionnage, surveillance), au service de l’occupation. Plus de 95 pour cent des armes produites en Israël sont fabriquées par cinq sociétés: les sociétés publiques ELTA, IAI et RAFAEL, qui réalisent environ 75% des ventes d’armes du pays, tandis qu’Elbit Systems et ses filiales, un mélange d’entreprises privées et gouvernementales, composent le reste.
Les sociétés de défense privées continuent de fonctionner comme une extension de la «diplomatie des armes» israélienne, permettant à acheter la reconnaissance diplomatique de l’occupation.
Le personnel actif de Tsahal compte 160 000 personnes auxquelles s’ajoutent 460 000 réservistes. En 2022, Israël a dépensé 23 milliards de dollars pour son complexe militaro-industriel, ce qui le place au deuxième rang en termes de dépenses militaires par habitant, après le Qatar.
Tel-Aviv se classe au 10e rang mondial en termes de part des dépenses militaires par rapport au PIB, qui sont de 4,5%. Aujourd’hui, l’État hébreu reçoit près de 4 milliards de dollars d’aide américaine par an. Les trois quarts des importations d’armes en Israël proviennent des États-Unis, le reste d’Allemagne.
Pourquoi coloniser la Cisjordanie?
Plusieurs facteurs majeurs expliquent la colonisation de la Cisjordanie par Israël.
Le premier objectif est le politicide du projet palestinien, la création de «faits sur le terrain», c’est-à-dire des colonies dans des endroits stratégiques qui fragmenteraient davantage géographiquement les 14 millions de Palestinien·ne·s (7 millions en Israël/Palestine et 7 millions de refugié·e·s dehors) et empêcheraient les Palestinien·ne·s de former une entité politique indépendante démocratique, incompatible avec le projet colonial.
Selon Ariel Sharon, premier ministre en 2001–2006, les emplacements stratégiques de colonisation contribueraient à empêcher la formation d’un État palestinien
Le «processus de paix» d’Oslo a servi de paravent pour légitimer la colonisation et donner du temps pour la création de colonies, selon le principe «le moins de Palestinien·ne·s possible sur le plus de terres possible». (L’autre but du «processus de paix» était d’intégrer l’économie palestinienne dans le marché néolibéral à travers le système fiscal [Protocole de Paris de 1994], à travers la cooptation du Fatah et de la bourgeoisie palestinienne.)
Le deuxième facteur est l’exploitation des ressources, en premier lieu l’eau. 40% de l’eau d’Israël provient des aquifères de Cisjordanie, et le contrôle de la fertile vallée du Jourdain donne un accès total au fleuve.
Troisièmement, derrière la façade d’une start-up nation et «le phare de civilisation au milieu de barbares» se cache le coefficient d’inégalité économique (Gini) le plus élevé parmi les pays de l’OCDE. En 2020, 23% de la population juive israélienne vivait en dessous du seuil de pauvreté. Parmi les ultra-orthodoxes, qui paient moins d’impôts, travaillent moins et sont exemptés de service militaire, le taux de pauvreté atteint 50%. Ce n’est pas un hasard qu’environ la moitié des colons en Cisjordanie sont également ultra-orthodoxes.
Comme l’écrit le chercheur Danny Gutwein, si nous regardons le rythme de la construction de colonies en Cisjordanie, nous remarquerons qu’il a fortement augmenté non pas immédiatement après l’occupation en 1967, mais à partir de la fin des années 1980, c’est-à-dire après l’arrivée au pouvoir du Likoud (1977), le début du néolibéralisme et la réduction des privilèges sociaux, l’afflux d’immigrant·e·s d’URSS et le début de la première Intifada (1987).
Gutwein évoque des chiffres suivants: lorsque les travaillistes sionistes ont perdu le pouvoir en 1977, il y avait environ 5000 colons ; en 1986, leur nombre s’élevait à 50 000; aujourd’hui, iels sont à environ 500 000. Le logement en Cisjordanie occupée est moins cher et le gouvernement y offre plus de garanties sociales que dans des villes très chères comme Tel-Aviv, encourageant ainsi la colonisation.
Les dépenses publiques par citoyen sont deux fois plus élevées dans les colonies qu’à Tel Aviv et à Jérusalem. Pour les colonies isolées, les dépenses gouvernementales sont trois fois supérieures à la moyenne nationale.
Ainsi, la colonisation agit comme un système alternatif de compensation des privilèges sociaux pour les colons plus démuni·e·s (les Mizrahim et/ou ultra-orthodoxes, immigrant·e·s ex-soviétiques) après le démantèlement de l’État-providence pour les citoyen·ne·s israélien·ne·s.
Dans le cas d’une éventuelle solution à deux Etats, si ces colonies devraient été évacuées, Tel Aviv devrait payer des centaines de milliers de dollars par colon. Lors de l’évacuation de Gaza en 2005, chaque colon avait demandé 200’000 dollars de dédommagement.
Quatrièmement, l’occupation prolongée (colonisation) et la guerre contre les Palestinien·ne·s sont la carte de visite d’Israël. Arrêtons-nous sur ce point en détail.
Guerre comme marketing
En Cisjordanie, pour les Palestinien·ne·s, il y existe un véritable régime totalitaire militaire avec des centaines de caméras de surveillance et environ 593 points de contrôle reliant l’archipel des 166 enclaves palestiniennes (voir le rapport d’Amnesty international «Apartheid automatisé», 2023).
En plus des avantages évidents pour les grandes et petites entreprises de construction, d’agriculture, etc. l’occupation de la Cisjordanie est le site où sont testés des centaines de produits de « sécurité » du complexe militaro-industriel israélien, qui sont ensuite vendus à tous les gouvernements du monde (y compris impliqués dans de graves violations des droits de humains et crimes de guerre), commençant par des armes mortelles et des drones, au logiciel de surveillance Pegasus, comme le décrit Antony Loewenstein dans son livre The Palestine Laboratory: How Israel Exports the Technology of Occupation Around the World (Verso, 2023).
L’utilisation de produits de « sécurité », d’armes légères et lourdes dans les territoires occupés, y compris à Gaza, permet de qualifier ces armes de «testées au combat» et «à l’efficacité prouvée». Israël et les sociétés privées associées ont transformé l’occupation des territoires palestiniens, l’apartheid et le génocide en une opportunité de marché lucrative à exporter. Les Palestinien·ne·s sont utilisés comme cobayes pour tester les armes israéliennes à des fins de pacification et de répression dans le monde entier (cf. le rapport «Prouvé efficace» par Who Profits).
Externaliser l’occupation
Après les accords d’Oslo de 1993, la «sécurité» en Cisjordanie (zone A) est sous-traitée par Israël à l’Autorité palestinienne qui réprime toute dissidence. Mais la gestion d’un bon nombre des 593 points de contrôle, procédure humiliante par laquelle doivent passer tou·te·s les Palestinien·ne·s, est confiée à des sociétés privées qui ne rendent des comptes à presque personne.
Lorsqu’en 2016, des agents de sécurité privés ont tué une jeune femme et son frère adolescent au poste de contrôle de Qalandia, personne n’a été tenu pour responsable. L’externalisation permet aux autorités d’occupation de transférer la responsabilité des crimes vers une entreprise privée.
Afin de dissocier davantage l’armée d’occupation des crimes commis en Cisjordanie, une force de police a été créée. Le travail de cette quasi-milice de soldats religieux est avant tout de protéger les colons illégaux, et les frontières entre colons et soldats sont floues, tout comme la responsabilité pour les crimes.
La «sécurisation» en Cisjordanie implique un réseau de forces de sécurité coordonnées d’Israël, des USA, de l’UE, de la Jordanie et de l’Autorité palestinienne. Ainsi, les Palestinien·ne·s détenu·e·s en Jordanie sont souvent interrogé·e·s en Israël/Palestine sur la base des réponses données auparavant aux services de sécurité jordaniens.
Les services de renseignement israéliens peuvent également ordonner à l’Autorité palestinienne d’arrêter une personne si, pour des raisons politiques sensibles, ils ne souhaitent pas le faire eux-mêmes.
Les checkpoints utilisent également de plus en plus la technologie de reconnaissance faciale et la collecte de données biométriques pour surveiller chaque mouvement. La surveillance est particulièrement forte à Jérusalem-Est et à Hébron, où des caméras peuvent parfois être installées même à l’intérieur des maisons privées des Palestinien·ne·s. Les données collectées sur la vie personnelle sont utilisées à des fins de chantage.
En 2022, la police a installé à Hébron un système télécommandé de dispersion des foules capable de pulvériser des gaz lacrymogènes, de tirer des balles à pointe en éponge et de lancer des grenades assourdissantes. Cette « prouesse de la haute technologie israélienne » détermine la cible du tir utilisant l’intelligence artificielle.
Ciblage calculé de civils
Concernant l’IA, un rapport, publié par les magazines israéliens 972 et Local Call détaille son utilisation dans les attaques actuelles. Selon celui-ci, la stratégie de Tsahal à Gaza applique la doctrine Dahiya: infliger autant de dégâts que possible aux civil·le·s, dans le but de tourner les Palestinien·ne·s contre le Hamas. Le meurtre délibéré de civil·e·s comme punition collective pour les actions de leurs autorités est la définition exacte du terrorisme, comme l’a admis une source des renseignements israéliens lors d’une conversation avec les auteur·trice·s du rapport.
L’ONG israélienne B’Tselem a également affirmé qu’«Israël se bat contre les civil·e·s palestinien·ne·s et pas contre le Hamas». De plus, «l’armée la plus morale du monde» utilise une IA innovante qui «recommande des cibles à bombarder en temps réel», toujours selon ce rapport.
Sponsor de régimes sanglants
Historiquement, l’État sioniste a fourni des armes à l’Iran du Shah, à l’Afrique du Sud de l’apartheid, aux milices chrétiennes au Liban, a parrainé le génocide des Tutsis au Rwanda, le meurtre des Tamouls au Sri Lanka et des Rohingyas au Myanmar.
Des drones «Heron» de fabrication israélienne commandés par Frontex surveillent les réfugié·e·s se noyant dans la mer Méditerranée. Une part importante des exportations militaires israéliennes est destinée à l’Inde, où le régime Modi, bâti sur l’idéologie de l’Hindutva – suprématie ethno-religieuse hindoue – occupe le Cachemire.
Un autre acheteur majeur d’armes israéliennes est le régime criminel d’Aliyev en Azerbaïdjan. L’entreprise de cyber-espionnage israélienne Cellebrite aide Poutine à espionner l’opposition depuis des années. En 2022, Israël rapportait des exportations de défense record de 12,5 milliards de dollars, dont 24% vers des partenaires arabes.
Une liste exhaustive serait longue. Les armes israéliennes testées sur les Palestinien·ne·s et prouvées efficaces peuvent être trouvées partout où se produisent des crimes de guerre majeurs.
Israël comme modèle pour l’extrême-droite
Israël d’apartheid, qui tue des indigènes Palestinien·ne·s en toute impunité, est un modèle pour les forces politiques militaristes, ethno-nationalistes, d’extrême droite, racistes, suprémacistes, xénophobes et islamophobes. Et aussi pour les vrais judéophobes et les nazis d’hier, brandissant le drapeau bleu et blanc suprématiste, afin d’externaliser leur judéophobie sur les migrant·e·s.
Les exportations militaires israéliennes servent, entre autres, de canal diplomatique pour la légitimation et la protection du régime colonial. D’un autre côté, elles arment les forces réactionnaires partout, permettant ainsi la propagation de la surveillance, de la répression et des exécutions (extrajudiciaires) de masse – le terrorisme d’État – dans tous les coins de la planète. Les armes israéliennes testées sur les Palestinien·ne·s et «à l’efficacité prouvée» peuvent être trouvées partout où se produisent des crimes de guerre majeurs.
Malgré le coup porté à la réputation du Dôme de fer et de ses services de renseignement, l’État sioniste dispose certes d’une puissance militaire importante, mais est politiquement faible. La seule raison du manque de «sécurité» en Israël depuis plus de 75 ans est Israël lui-même. Sa nature coloniale, son occupation et sa politique criminelle quotidienne envers la population palestinienne indigène.
Nadia Badaoui