Palestine
Quelle solidarité avec le peuple palestinien en lutte?
Partout les mobilisations populaires attestent d’une opinion publique mondiale révulsée par le massacre en cours et solidaire du droit du peuple palestinien à jouir de sa liberté et de ses droits. Pourtant, l’impunité d’Israël semble malheureusement sans fin. Après plus de 50 résolutions de l’ONU sans effet, un Conseil de sécurité paralysé, aucune sanction de l’Union européenne et une protection sans faille des États-Unis, quelle solidarité devons-nous mettre en pratique?
D’abord, il faut continuer les mobilisations par en bas, en particulier dans les rues. Face à la paralysie du système onusien ou aux gouvernements qui ne veulent rien faire voire qui criminalisent la solidarité, ce sont les mobilisations de masse qui permettent de tenir un rapport de force.
De la ville du Cap à la gare de New York, la démonstration d’une solidarité partagée massivement est prioritaire. Ces mobilisations sont aussi importantes en ce qu’elles constituent une résistance à l’ordre néolibéral autoritaire et sécuritaire, dont Israël est un élève modèle, et parce qu’elles agglomèrent les forces de gauche, les organisations antiracistes et les populations non-blanches.
Voilà pourquoi les classes dirigeantes les craignent. Qu’elles les criminalisent là où elles le peuvent, ou les tolèrent là où elles y sont forcées (comme la place Tahrir, reprise par les manifestant·e·x·s 10 ans après la répression du processus révolutionnaire en Égypte). Un seul exemple qui devrait nous inspirer à continuer ces mobilisations: en France, le ministère de l’intérieur et les préfets ont commencé par les interdire, arguant de menaces à l’ordre public voire de complicité avec le terrorisme. Ce n’est que parce que les organisations ont continué à les appeler et ont fait la démonstration de leur caractère aussi déterminé que pacifique, que ces manifestations ont pu avoir lieu.
Front large
Ensuite, pour continuer à mobiliser largement et pour coaliser les forces, il faut des mots d’ordre clairs, larges et unitaires: Dans l’immédiat le cessez-le-feu. Ensuite, le respect du droit international; la fin de la colonisation, de l’apartheid et du blocus de Gaza; le droit au retour des Palestinien·ne·x·s. Bref, le droit des Palestinien·ne·x·s à jouir de le leurs droits.
En parallèle des mobilisations et sur la base de ces mots d’ordre, il nous faut travailler à la coalisation et à la collaboration de toutes les forces qui luttent pour les droits du peuple palestinien et qui résistent. Partis, syndicats, associations antiracistes, organisations de solidarité avec la Palestine. Cela passe aussi par l’interpellation des forces de la gauche de gouvernement qui, après plus de deux mois de bombardement de Gaza n’ont pas ou qu’à peine pris position contre la campagne de destruction de Gaza.
Boycott partout
Nous devons également nous joindre à la campagne Boycott Désinvestissement et Sanctions pour «mettre fin à la complicité internationale des États, des entreprises et des institutions dans le régime d’oppression d’Israël» comme l’écrivait un de cofondateur du mouvement le 16 octobre 2023. Certes, le boycott a ses faiblesses, notamment face à l’urgence. Mais il a aussi ses victoires, comme la fin du parrainage de l’équipe de football israélienne par Puma. Surtout, il est un levier pour construire des mobilisations internationalistes plus larges. Et il y a du travail en Suisse, à commencer par Elbit Systems, l’un des principaux fournisseurs de l’armée israélienne avec qui collabore notre armée et à qui elle a acheté 6 drones en 2015 pour 298 millions de francs (Le Courrier, 14 décembre 2023). Un matériel cyniquement labellé « testé au combat ».
Enfin, nous devons travailler à la solidarité partout: Nous pouvons relayer et mettre en œuvre les campagnes de BDS sur nos lieux de travail. Nous pouvons intervenir dans les syndicats pour qu’ils jouent un rôle dans l’arrêt du soutien en matériel à Israël, comme les Belges dans l’industrie de l’armement nous en ont donné l’exemple. Mais aussi, plus généralement, pour qu’ils mettent en pratique une véritable solidarité internationale avec les travailleur·euse·x·s en Palestine qui sont exploité·e·x·s sur le territoire d’Israël et bombardé·e·x·s à Gaza.
En organisant des conférences publiques pour débattre autant de l’histoire longue qui a mené à la situation tragique que nous connaissons aujourd’hui que de notre solidarité internationale. Les deux conférences publiques que solidaritéS à organisées à Lausanne et Genève, toutes deux très fréquentées, ont témoigné de l’importance de ce genre de lieu de discussion dans la période sombre que nous traversons. C’est notamment un lieu privilégié pour entendre les voix de la résistance palestinienne démocratique et pour discuter des perspectives stratégiques révolutionnaires régionales. Vive la lutte du peuple palestinien !
Guillaume Matthey